« [...] L'obéissance dans l'Eglise est certainement fondamentale, mais cette obéissance doit être éclairée : c'est une obéissance filiale, une obéissance de la foi. L'obéissance [des fidèles] aux évêques, au Pape, au concile ne doit pas être passive mais véritablement illuminée par la foi, et le premier devoir de toute la hiérarchie est de la leur communiquer et de l'entretenir. Lorsqu'il y a des défaillances individuelles ou même collectives de la part de ceux qui dans l'Eglise sont responsables avant tout de la foi, ce n'est pas du tout une infidélité de la part des fidèles mais au contraire une marque de fidélité de critiquer et de ne pas accepter ce qu'enseigne tel prêtre ou même tel évêque ou un groupe d'évêques, lorsqu'il est clair que cela est en contradiction avec ce que le Pape, les conciles, et toute la tradition des évêques jusqu'à nous ont enseigné. L'obéissance des fidèles doit donc toujours être une obéissance éclairée et une obéissance [...] qui s'adresse, à travers les hommes, au Christ seul. Et lorsque des hommes qui représentent le Christ se mettent visiblement en conflit avec Lui, avec toute la tradition de l'Eglise et avec ceux qui en sont les représentants les plus assurés aujourd'hui même, il n'y a pas à hésiter à leur respecter, à leur résister respectueusement d'abord, et s'ils ne comprennent pas ou n'acceptent pas ces critiques, à leur résister fermement et en face [...] .
P. Louis BOUYER, Le métier de théologien, Paris, 1979, pp. 141-142