Dans son homélie de la « Fête-Dieu », Benoît XVI a parlé de l’adoration et de la sacralité de l’Eucharistie. Mais ce qui a attiré mon attention a été sa référence à la mauvaise interprétation qui avait été faite du concile Vatican II, avec de graves conséquences pour la foi des fidèles : « des visions incomplètes du Mystère lui-même, comme celles que l’on a pu constater dans un passé récent.… un malentendu sur le message authentique de la Sainte Ecriture », a-t-il déclaré. Il semblerait que le Souverain Pontife ait voulu profiter de l’anniversaire de Vatican II pour mettre en lumière de nombreuses ombres de l’après-Concile. Et l’on ne peut rappeler cet événement ecclésial le plus important du XXe siècle sans faire mémoire en même temps de la terrible crise qui s’est déchaînée ensuite. Une crise, précisons-le dès le début, dont le Concile n’est pas responsable, transparent dans ses approches, mais qui - et cela aussi il faut le dire clairement - se posait comme présupposé et fondement de toute « nouveauté » que l’on voulait implanter : tout se faisait « au nom du Concile ». La confusion doctrinale générée fut telle qu’en peu d’années beaucoup de prêtres et de religieux ne surent plus comment vivre leur vocation ; leur identité et leur rôle dans la société avaient été effacés à un point que beaucoup optèrent pour un changement de vie, abandonnant le ministère sacerdotal et la vie consacrée. Ils ne furent pas quelques uns : ils furent des milliers. Le 7 juin dernier, le Pape a souligné l’abandon de l’adoration eucharistique et la perte du sens du sacré, les erreurs doctrinales, les pratiques arbitraires en liturgie... La confusion semée dans l’esprit et le cœur des fidèles en général fut catastrophique, au point que le Paul VI s'exclama : « Il semble que la fumée de Satan est entrée dans le sein de l’Eglise ». D’une manière générale, la théologie enseignée dans les séminaires catholiques durant deux décennies n’était plus... catholique.
Il faut reconnaître avec amertume que la crise du catholicisme dans les sociétés européennes est en grande partie le fruit amer de la pastorale menée, au nom du Concile, par un clergé mal préparé à sa mission, sans idées claires, à qui l'on a appris que prier n’était pas l’essentiel, que la morale enseignée par l’Eglise était trop exigeante, qu’évangéliser c’était aliéner la liberté des personnes, que la messe est un repas et, pour les fidèles qui refusent d’évoluer avec leur temps, accessoirement un sacrifice... Nous payons aujourd'hui le prix fort de ce que le P. Louis Bouyer appelait « la trahison des clercs ».
(D’après la traduction d’un texte du P. Roberto Visier Cabezudo. Voir ici le document original.)