« Sommes une jeunesse, Messieurs ! Sommes la jeunesse de Dieu. La jeunesse de la fidélité ! Et cette jeunesse veut préserver pour elle et pour ses fils, la créance humaine, la liberté de l'homme intérieur... » (Charette)
Depuis le Concile Vatican II, beaucoup ont abordé le sujet de la « liturgie » sous forme d’ouvrages, de conférences, ou d’enseignements. Un tel empilement d’interventions a pu donner l’impression que la liturgie devait être « évolutive », la dernière théorie à la mode abrogeant systématiquement la précédente. Or la liturgie ne devrait jamais être abordée à partir des théories de tel ou tel théologien, quelle que soit la forme à laquelle il est attaché - « ordinaire » ou « extraordinaire » - mais sur la base des enseignements donnés par l’Eglise. Enseignements qui, dans la pratique, n’ont pour ainsi dire jamais été respectés. L’irrespect et la méconnaissance des enseignements du concile Vatican II apparaît dans le fait que dès l’ouverture de l’Année de la Foi, des conférences ont été organisées en France avec, la plupart du temps, des évêques qui intervenaient eux-mêmes. Or que s’est-il passé après ces conférences ? Absolument rien. On a célébré la liturgie après comme avant. C’est-à-dire aussi mal après qu’avant. Les évêques se sont-ils rendus compte qu’ils perdaient ainsi tout crédit auprès des fidèles qui, inspirés par le simple bon sens, se sont vite rendu compte que le sujet abordé n’était jamais mis en pratique dans les paroisses ?
En Suisse, où l’Eglise connaît de graves difficultés, on ne traite pas les fidèles comme en France : les évêques leur ont proposé des opuscules présentant le Motu proprio « Porta Fidei » de Benoît XVI promulguant l’Année de la Foi ainsi que les textes conciliaires « Sacrosanctum Concilium » (sur la sainte liturgie), « Lumen Gentium » (sur l’Eglise), « Dei Verbum » (sur la Révélation divine) et « Gaudium et Spes » (sur le rôle pastoral de l’Eglise). En France, un certain nombre d’intervenants se sont crus habilités à donner leurs impressions sur la liturgie - ce qu’aujourd’hui on appelle le « ressenti » - en les faisant passer pour l’expression de leurs talents pastoraux conjugués à leurs compétences liturgiques. Résultat : ce sont ces impressions qui servent de base, chaque dimanche, à l’élaboration des liturgies paroissiales par des « animateurs liturgiques » qui n’ont jamais étudié le moindre texte de l’Eglise. Dès lors, « les notions directrices de la nouvelle liturgie peuvent se résumer à l’aide de formules telles que créativité, liberté, célébration, communauté. Selon cette conception, le rite, les contraintes, l’intériorité, l’ordonnance générale de l’Eglise apparaissent comme des notions négatives qui caractérisent une étape à dépasser de l’ancienne liturgie...L’idée qui est à la base de ces réflexions est que la liturgie est une célébration communautaire, un acte au cours duquel la communauté se constitue en communauté et s’expérimente comme telle. En fait, la liturgie en vient dans ce cas, tant par son type formel que par son attitude spirituelle, à s’apparenter à une surprise-partie, ce que montre, par exemple, l’importance toujours croissante prise par les formules de salutation et d’adieu, ainsi que la recherche d'éléments ayant une valeur distrayante. L’effet distrayant devient la mesure par excellence d’une célébration liturgique réussie et qui, par conséquent, ne repose que sur la créativité, c’est-à-dire sur les inventions de ses organisateurs ». (Cardinal Joseph Ratzinger, La liturgie est-elle modifiable ou immuable ? Ed. Téqui, 1981, disponible en édition de poche, dans la collection « Eclairages post-conciliaires de Benoît XVI »). Ne négligeons pas le rôle d’acteur et d’observateur du Père Joseph Ratzinger lors du Concile ; en tant que tel, il aura permis à Benoît XVI d’être l’un des derniers grands théologiens témoins de Vatican II. Ce n’est déjà plus le cas pour le Pape François.
Pro Liturgia