« (…) Le mot "personne" ne peut-être utilisé à tort et à travers, la personne est un être qui parle. Cette dimension éclaire en profondeur la nature de l'homme crée à l'image et à la ressemblance de Dieu. Dieu se révèle par Sa Parole, de même qu'Il crée le monde par Sa Parole - Son Verbe, du latin Verbum qui traduit le mot grec Logos. Non seulement Dieu parle mais Il est Parole. (...) En parlant, il [l'homme] a la capacité originelle de dire le vrai parce qu'il possède un reflet du Verbe Divin, la raison qui lui permet de (...) participer, à la mesure d'un être fini, à la Pensée créatrice. la Vérité est sa vocation naturelle. (...) Dieu est surprenant, car Il est à la fois l’Etre absolu, le terme pour nous le plus abstrait, et Quelqu’un de très concret qui parle familièrement avec les hommes. Ce paradoxe insoutenable aux yeux des philosophes païens est admirablement exprimé dans l’épisode du buisson ardent (Exode 3, 14). (…) La « rupture anthropologique » a pour cause la destruction progressive, depuis la fin du Moyen-Âge, de cette relation fondamentale entre la personne humaine et l’être. « L’homme moderne » s’est émancipé de Dieu pour s’être émancipé de l’être, puis de l’être pour mieux s’émanciper d’un Dieu rendu intolérable par la folle ambition de se substituer à Lui. Avec la thématique incantatoire de l’abolition des frontières, le refus de se soumettre à un ordre ontologique qui précède, l’homme atteint aujourd’hui un seuil critique. La négation de l’être est consommée dans un discours où les distinctions les plus fondamentales (l’homme et l’animal, le masculin et le féminin) est à ce point violentée, les pires inquiétudes sont légitimes. »
Extrait d’un article de Florence Eibl (Professeur à l’IPC) - La Nef, Novembre 2009