« J'attire votre attention sur un problème qui est en train de devenir de la plus grande importance : celui de l'habit ecclésiastique. (…) L'habit ecclésiastique normal est uniquement la soutane. Ainsi en a décidé la Conférence Épiscopale Italienne (CEI) en mars 1966. Il est simplement permis d'utiliser le « clergyman » avec de fortes restrictions : pas pour l'exercice du ministère, ni pour l'administration des Sacrements et des Sacramentaux, ni pour la célébration de la Sainte Messe, ni pour la prédication, ni pour le catéchisme. Cette disposition de la CEI est complétée par les indications que le décret cité donne pour le clergyman : noir ou gris foncé avec le col romain. Ce col devient l'élément le plus qualifiant de l'habit "toléré". (…) Par la grâce de Dieu, dans notre diocèse, hors quelques originaux, l'énorme majorité du clergé utilise seulement la soutane et le nombre de ceux qui utilisent le clergyman est très réduit. (…) [Il faut savoir] que l'habit conditionne fortement et souvent forge la psychologie de qui le porte. L'habillement est la première des choses qui se voit. Il rappelle l'appartenance, le décorum, l'esprit de corps, la dignité ! Et il le fait de façon continue. Il crée des limites à l'action, il rappelle constamment ces limites, il maintient la barrière de la pudeur, de la renommée, du devoir, de la résonance publique, des conséquences de nos actes et de leur interprétation. Il oblige à y réfléchir, à se contenir, à être en consonance avec l'environnement auquel l'habit nous oblige. Il a la capacité de donner, pour notre sauvegarde, une force qui sans lui n'existerait pas autant; il réussit à empêcher que l'on outrepasse certains seuils.
(…) Il arrive ailleurs qu'à Gênes où le cas est rarissime sinon unique que l'on commence à enlever le col romain du clergyman, c'est à dire l'unique élément "signifiant" du costume ! Certains ont déjà adopté en violation du Décret de la CEI l'habit gris clair. Finalement nous en arriverons au costume bourgeois sans aucun signe distinctif. De façon analogue, on en arrive dans certaines villes, par l'absence de cette barrière, à des divertissements interdits par le Code de Droit Canon, aux night clubs, aux maisons mal famées et pis encore... Tout cela à cause de l'habit "trahi". (…) La soutane reste l'habit ecclésiastique normal, ce qui signifie que le clergyman n'est pas l'habit normal. (…) Il est franchement clair que le clergyman reste une concession tolérée et non pas une solution désirée. En conclusion, si la Loi admet le clergyman, il ne représente pas la solution idéale; et celui qui entend garder l'intègre esprit ecclésiastique doit garder sa soutane. La défense de la soutane c'est la défense de la vocation et des vocations. Mon devoir de pasteur m'oblige à regarder au plus loin. Je dois constater que l'introduction du clergyman est une cause, probablement la première, de la grave décadence de la discipline ecclésiastique en Italie ».
Texte extrait d’une précision disciplinaire du 20 août 1972, adressé aux Supérieurs des deux
Séminaires diocésains de Gênes par le Cardinal Giuseppe Siri à propos de l'habit Ecclésiastique