La liturgie de l’Eglise reste très malmenée en France. Il serait même plus juste de dire qu’elle est dans une situation catastrophique ou même qu’elle est en voie de disparition totale. Et les efforts faits par Benoît XVI pour la remettre sur les rails restent vains : en visitant les sites internet des diocèses de France, on peut d’ailleurs constater qu’elle n’est respectée que dans 3% des paroisses en moyenne. Partout ailleurs, les enseignements magistériels sont passés sous silence et même ouvertement refusés par les équipes liturgiques qui ont fait main basse sur la liturgie. Ce qui signifie que le fidèle qui se rend dans une église a très peu de chances de pouvoir participer à une Messe célébrée dans le respect du Missel romain actuel. Mais ce qui est plus inquiétant encore - si l’on peut dire - c’est de constater que les fidèles qui pratiquent encore ne connaissent plus rien de leur liturgie et se moquent totalement de la façon dont les prêtres la célèbrent. C’est dire combien il est devenu facile de faire faire et de faire croire n’importe quoi à ces fidèles devenus perméables à toutes les nouveautés, à toutes les excentricités, et totalement imperméables à ce qui relève de la norme et du respect des règles transmises par l’Eglise.
Que faut-il faire dans ces conditions ? Quelle attitude faut-il adopter ? La réponse à ces questions n’est pas simple puisque toutes les demandes adressées à un curé de paroisse, à un évêque diocésain, pour obtenir des Messes conformes aux enseignements conciliaires se heurtent inévitablement à des fins de non-recevoir. Pour certains fidèles, il y a la solution consistant à aller, quand c’est possible, à une Messe célébrée dans la forme extraordinaire du rite romain. Mais est-ce vraiment une « solution » ? Que les « chauds partisans » de cette forme « extraordinaire » puissent trouver des Messes célébrées avec le Missel du Bx Jean XXIII est une chose tout à fait normale. Ce qui n’est pas du tout normal, c’est que les fidèles qui ont acceptés sans la moindre arrière-pensée la restauration liturgique voulue par Vatican II soient contraints de se rabattre sur cette même forme « extraordinaire » parce que leurs évêques, tout en se réclamant du Concile, leur refusent systématiquement la forme « ordinaire » à laquelle ils aimeraient participer dans leurs paroisses respectives. Comme si le véritable but de la pastorale liturgique actuelle était d’achever la dévastation de la liturgie, y compris en utilisant hypocritement la forme « extraordinaire » comme moyen d’écarter - de véritablement ghettoïser - les fidèles qui ne se résignent pas à participer activement ou passivement à la généralisation de messe dont l’inconsistance et l’indignité sont pour une majorité de célébrants les deux critères d’une célébration « réussie ».
A l’occasion du 50e anniversaire de Vatican II, les évêques de France invitent les fidèles à reprendre les grands textes conciliaires. Alors, faisons ce que nos évêques nous conseillent de faire. L’étude des textes conciliaires « doit être une occasion pour tous les fidèles catholiques de réfléchir sincèrement sur leur propre fidélité à la Tradition de l’Eglise, authentiquement interprétée par le Magistère ecclésiastique, ordinaire et extraordinaire, spécialement dans les Conciles œcuméniques, depuis Nicée jusqu'à Vatican II. De cette réflexion, tous doivent retirer une conviction renouvelée et effective de la nécessité d’approfondir encore leur fidélité à cette Tradition en refusant toutes les interprétations erronées et les applications arbitraires et abusives en matière doctrinale, liturgique et disciplinaire. » (Cf. Bx Jean-Paul II, Ecclesia Dei, 2 juillet 1988). On lit bien : LES FIDELES DOIVENT REFUSER ce qui est arbitraire et abusif... C’est le pape Jean-Paul II qui l’a dit !
Pro Liturgia