« Sommes une jeunesse, Messieurs ! Sommes la jeunesse de Dieu. La jeunesse de la fidélité ! Et cette jeunesse veut préserver pour elle et pour ses fils, la créance humaine, la liberté de l'homme intérieur... » (Charette)

Les jeunes aiment l’héroïsme de la croix, la folie de la croix

croixjeunesseLà où il faut du courage, les jeunes accourent. S’ils ne sont pas amollis par des tares morales, ils aiment la beauté suprême qui est Dieu, ils affrontent la bataille la plus rude, qui est celle de la foi, ils aiment les risques les plus ingrats de la pureté, du renoncement, du dévouement. S’ils hésitent devant le Christ, c’est peut-être parce qu’ils en connaissent une image déformée, si la religion leur a été présentée sous des apparences mornes empreintes de mondanité et de médiocrité, habillée de compromis et étriquée par des adaptations, comme une activité secondaire ou marginale, ou carrément semi-clandestine. En somme, quelque chose de vieux et d’ennuyeux, qui s’essouffle pour rester dans la course des générations. Au contraire, les jeunes, s’ils découvrent le vrai visage du Christ, s’ils saisissent la véritable nature de l’Église, sont assurément attirés par le risque de l’Évangile. « C’est courir un risque que de se tourner vers Dieu », disaient les premiers Pères d’une Église à son adolescence. Et les jeunes désirent ardemment risquer le tout pour le tout et courir cette aventure dangereuse de l’amour de Dieu au milieu du monde. Ils n’ont rien à faire d’un christianisme amoindri, réduit à la mesure de l’homme du jour, comme la mode d’une saison. Ils veulent un christianisme grand. Ils le veulent immense. Ils n’aiment donc pas une petite Église de rien du tout : ils veulent une Église grande, sans limites, dans laquelle puisse entrer normalement toute l’humanité, peuple de Dieu. Si les vocations font défaut, c’est aussi parce que les jeunes ne se suffisent pas de la somme de difficultés et de courage externes qui s’offrent à eux. Ils veulent la chasteté dans un monde incestueux, la pauvreté au milieu des orgies de Mammon, l’amour dans une société divisée par les haines. Ils s’ennuient dans des communautés où l’on évite de parler – ou hésite à le faire – d’union à Dieu, de mérites de la Vierge Marie, de prière et de pénitence, où ne vit pas constamment la vie du Corps mystique, comme communion surnaturelle avec les frères et avec Dieu, comme concitoyenneté avec Dieu vécue parmi les citoyens du monde, pour incarner dans l’épisode de l’existence humaine les grâces de la vie divine. Pour être Christ parmi les frères, pour les frères.

 

Les jeunes ne peuvent donc se contenter d’une religion réduite à la culture, à une organisation, à des techniques d’apostolat, à des débats et élucubrations esthétiques, métaphysiques ou littéraires. Les jeunes aiment les missions les plus ardues, ils accourent à l’appel d’un Don Orione, d’une Canossa, d’une Cabrini, de quiconque est en mesure de leur proposer une aventure de sacrifice et de pureté, de service et de dévouement. Parce qu’au fond, ils aiment l’héroïsme de la croix, la folie de la croix. Jésus passe et, s’ils le voient, les jeunes le suivent : si leur vue n’est pas gênée par l’apparition de créatures humaines, superbes, c’est-à-dire placées au-dessus (super), plus haut que les autres, à cause de l’argent, du pouvoir politique ou de l’enflure de la vanité. Sitôt qu’ils aperçoivent Son visage jeune, pur et divin, ils laissent père et mère, fiançailles et revenus, confort et adulations, et ils le suivent, d’abord sur les chemins de l’apostolat, puis sur celui du calvaire. Ils aiment le Christ, et le Christ crucifié. Et Jésus passe.

 

Si nous le suivons, sans nous retourner, sans demander la permission d’aller ferrer les chevaux ou acheter des bœufs, faire des salamalecs à droite et à gauche, nous devenons jeunes ipso facto : nous devenons ces enfants à qui le royaume des cieux est destiné. Alors se convertir, nous le voyons bien, c’est trouver le chemin et découvrir que l’on a perdu du temps à cultiver des illusions et à retaper des baraques branlantes. Au fond de ce nouveau panorama resplendit une croix, mais elle est le signe de la victoire sur la mort. En Lui, nous avons découvert la vie éternelle.

 

Igino Giordani, dans « Fides », août 1955, pp. 242-245

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J
nice to read this thanks for your article.
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C
<br /> Votre discours sur la jeunesse est très pertinent meme si j'aurais ajouté la dimension de naïveté que l'on retrouve chez les jeunes.<br />
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H
<br /> La jeunesse a ceci de beau, qu'elle dispose encore de la spontanéité et de la fougue de l'amour. Les adultes ont commencé à être sclérosés par la vie, et se protègent de l'extérieur en<br /> oubliant leurs propres valeurs. Les jeunes n'ont pas encore subi les traumatisme de la vie, il faut compter sur eux, et leur rendre cet hommage est bienfaisant je trouve.<br />
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J
<br /> Je trouve ça très bien que vous mettiez en avant les jeunes sur votre blog. De nos jours il est important que la foi des jeunes soit inébramlable.<br /> <br /> <br /> Aujourd'hui, la musique est un moyen d' édifier les jeunes à la parole de Dieu, je vous invite donc à consulter cet article sur une chorale venant de divers horizons.<br /> <br /> <br /> http://www.dannyjoude.com/la-musique-un-dialogue/<br /> <br /> <br /> écrit par Danny Joude<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br />  <br />
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O
<br /> Quand j'etais enfant, juchee sur une pierre, en equilibre, je cherchais a voir JESUS, par la petite lucarne de la Chapelle fermee a clef. Je me mettais en peril pour voir JESUS.<br /> <br /> <br /> Les annees ont passe. On m'a appris a compter, a lire, a etudier. Combien de fois suis-je passee devant une Eglise ? Ou JESUS m'appelait, je L'entendais.. Ou JESUS m'attendait, je LE sentais. Pas<br /> le temps dans mon emploi du temps. Et je fuyais, honteuse, mais je LE fuyais. J'ai senti tant de fois SA Presence. Et j'ai gaspille ma vie.<br /> <br /> <br /> Jeunes, si vous me lisez, ne LE fuyez pas, donnez-LUI  TOUT.<br /> <br /> <br /> Apres, il est trop tard. La reconnaissance socio-professionnelle, les voyages, les mondanites. OUI ! tout cela est futile et ephemere, c'est du vulgaire arrivisme qui vous laissera au gout amer.<br /> <br /> <br /> Ne perdez pas votre vie dans ce monde ingrat. Rencontrez des pretres missionnaires et demandez-leur de vous raconter comme ils rencontrent l'Amour au quotidien. Rencontrez des cloitres et<br /> demandez-leur de vous partager cet Amour qui les habite. Quand on est jeune, on veut tout, tout de suite. Alors que nous devrions etre prets a donner TOUT, TOUT DE SUITE.<br />
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