Selon les chiffres donnés ici et là, il y aura cette année, pour les diocèses de la France métropolitaine, environ 90 ordinations sacerdotales. Chiffre inquiétant qui fait dire au Cardinal Vingt-Trois, dans "Le Figaro", que le redressement attendu ne se fait pas. Cette information sur le peu de vocations sacerdotales pousse à poser deux questions qui sont d'ailleurs liées entre elles : 1. Pourquoi y a-t-il si peu de vocations en France ? 2. Quelle est la solidité de la formation spirituelle, théologique, philosophique, liturgique donnée aux nouveaux prêtres ? Pour répondre à la première question, il faudrait s'interroger sur le nombre de jeunes auxquels on a refusé la prêtrise parce qu'ils se disaient trop attachés à suivre les enseignements du pape et se montraient trop intéressés par la liturgie. Ces jeunes-là sont bien plus nombreux qu'on ne peut l'imaginer... C'est un évêque qui nous l'a confié. Pour répondre à la seconde question, il faudrait s'interroger sur la formation que reçoivent les candidats au sacerdoce et sur l'image que donnent du prêtre certains clercs soixante-huitards (vidéo INA) qui ont encore pignon sur rue. Il faut bien reconnaître - et déplorer - que la formation reçue dans les séminaires de France - ou ce qu'il en reste - est assez proche du niveau zéro. Selon les témoignages reçus, les futurs prêtres passent généralement 6 années à "être en recherche", à "cheminer ensemble" dans une ambiance où, ne recevant qu'un vague saupoudrage théologique, on parvient trop souvent, à l'aide d'un langage supposé jeune, à faire d'eux des "vieux garçons" avant l'heure. Certes, dans les séminaires, le climat est aujourd'hui apaisé : on n'en est plus à "se taper dessus" pour des raisons d'orientations pastorales ou liturgiques; mais il règne aujourd'hui dans les maisons de "formation" une sorte de climat consensuel flasque dans lequel toutes les options théologiques sont mises sur le même plan au nom du "respect de l'autre". Et ce climat qui se veut consensuel fait que les directeurs de séminaires ne peuvent plus rien exiger des séminaristes. Ainsi, par exemple, dans sa chambre, un séminariste au style "peace and love" a affiché un portrait de Che Guevara. Mais on ne lui dira rien parce que ce séminariste est en excellents termes avec son voisin de chambre qui, lui, a affiché une grande image de Saint Pie X. Un "pluralisme" identique atteint d'ailleurs la liturgie célébrée dans les grands séminaires : un peu de ci, un peu de ça... pour contenter - du moins l'espère-t-on - le plus grand nombre. Finalement, dans les séminaires de France, on réalise la maxime que bien des évêques rêvent de pouvoir faire figurer sur leur blason épiscopal : "Nulla unda" (pas de vague). Mais sommes-nous certains que c'est ce contexte où plus rien n'est clairement affirmé ni exigé qui attirera des jeunes ayant un idéal ? Dans un livre publié en 2004, Mgr Gaidon rappelait que les prêtres qui sont aujourd'hui aux postes-clés des diocèses sont ceux qui ont eu une formation en vue du sacerdoce qui se limitait à foncer la tête la première dans les idéologies dominantes des années 1960-1970. D'après certains témoignages que nous recevons, aujourd'hui, la formation en vue de la prêtrise se limite à accepter d'entretenir des structures diocésaines et paroissiales qui tournent à vide et au sein desquelles le prêtre n'a plus qu'une chose à faire : tout accepter, se montrer consensuel s'il ne veut pas entrer en délicatesse avec son évêque.... Pas de vague !
Pro Liturgia