« Sommes une jeunesse, Messieurs ! Sommes la jeunesse de Dieu. La jeunesse de la fidélité ! Et cette jeunesse veut préserver pour elle et pour ses fils, la créance humaine, la liberté de l'homme intérieur... » (Charette)
Il fut un temps où dire ouvertement que la liturgie qui se faisait dans votre paroisse - et les paroisses voisines - ne correspondait en aucune manière à ce que le Concile avait demandé vous faisait immédiatement passer pour un vilain "intégriste". C'était encore pire si, pour justifier votre propos, vous citiez le texte de la Constitution Sacrosanctum Concilium ou un ouvrage du Cardinal Ratzinger. Et c'était carrément la "fin des haricots" si le livre du Cardinal que vous citiez avait été publié aux éditions Téqui... A ce moment-là, vous étiez exclu de votre paroisse et si vous habitiez une petite commune où tout le monde se connaît, vous remarquiez bien vite que les gens vous regardaient curieusement: "C'est un lefebvriste", disait-on à votre sujet, derrière votre dos. Et comme tous les curés d'un secteur se connaissent, votre (mauvaise) réputation dépassait très rapidement les frontières de votre doyenné. Bien sûr, il y avait quelques prêtres qui partageaient vos idées - qui n'étaient d'ailleurs pas "vos" idées, mais celles de l'Eglise -. Mais comme ces prêtres étaient eux-mêmes mal vus du Vicaire épiscopal, ils n'osaient pas parler. Ou s'ils parlaient, ils passaient pour des dissidents, des "crypto-tradis", des opposés à la pastorale diocésaine laquelle, disait-on, préparait l'Eglise de demain. Et les hautes instances diocésaines s'empressaient de les marginaliser. On a ainsi connu des prêtres auxquels "on" avait interdit de célébrer l'Eucharistie ailleurs que dans leur salle-à-manger, seuls... Il leur était simplement reproché de trop respecter le missel romain "de Paul VI". Autrement dit, de ne pas participer à la pagaille liturgique généralisée.
Que faire quand vous étiez dans cette situation d'exclusion ? Ecrire à Rome ? Informer le Cardinal Ratzinger, bête noire de l'épiscopat français ? C'est ce qui fut fait. Et à ceux qui disaient que la liturgie était dans un état de décomposition avancée dans bien des paroisses, le Cardinal ne manquait jamais de répondre et de confirmer que la situation devenait pour le moins inquiétante. Une fois même, le Cardinal Ratzinger répondit : « Le Saint Père Jean-Paul II est au courant ». Une autre fois, à un fidèle qui se battait pour que fut respectée la liturgie voulue par le Concile et qui, de ce fait, était devenu le sujet de la vindicte du clergé local - et même de l'évêque -, la Cardinal adressa un mot pour lui dire qu'il ne fallait pas se décourager; et quelques jours plus tard, il lui envoya son livre sur "L'esprit de la liturgie" dans lequel figurait une dédicace manuscrite : « Dans l'amour commun pour la Sainte Liturgie ». Le Cardinal est devenu Pape; il continue à travailler pour la restauration de la liturgie sans rien ignorer des difficultés qu'il lui faut surmonter. Nous aussi, continuons à travailler pour cette liturgie, pour ce joyau que nous recevons de Mère Eglise. Marchons volontairement à la suite de Benoît XVI en mettant nos pas dans le sillon qu'il nous trace. Et n'écoutons plus ceux qui, dans nos paroisses, gromellent sans arrêt en s'obstinant à marcher à côté du sillon.
Pro Liturgia