Le Synode sur la famille de 1980 a utilisé l’expression "loi de gradualité" que Jean-Paul II a reprise dans l’Exhortation Apostolique Familiaris Consortio : « Les époux, dans la sphère de leur vie morale, sont appelés à cheminer sans se lasser, soutenus par le désir sincère et agissant de mieux connaître les valeurs garanties et promues par la loi divine, avec la volonté de les incarner de façon droite et généreuse dans leurs choix concrets. Il ne peuvent pas toutefois considérer la loi comme un simple idéal à atteindre dans le futur, mais ils doivent la regarder comme un commandement du Christ Seigneur leur enjoignant de surmonter sérieusement les obstacles. C'est pourquoi ce qu'on appelle la "loi de gradualité" ou voie graduelle ne peut pas s'identifier à la "gradualité de la loi", comme s'il y avait, dans la loi divine, des degrés et des formes de préceptes différents selon les personnes et les situations diverses. Tous les époux sont appelés à la sainteté (= éviter le péché). (…) Il appartient à la pédagogie de l'Eglise de faire en sorte que, avant tout, les conjoints reconnaissent clairement la Doctrine d'Humanae Vitae comme norme pour l'exercice de la sexualité » (FC 34).
GENERALITE : Pour Jean-Paul II, la loi de gradualité suppose un cheminement, une montée. Le mot latin "gradus", d'où est tiré le mot "gradualité", évoque en effet les degrés d'une montée d'escalier. La loi de gradualité pourrait être symbolisée par la "voie étroite", la montée à entreprendre pour se libérer du péché et tendre vers la perfection. Les conditions d'une "droite loi de gradualité" selon Jean-Paul II sont : 1. « Le désir sincère et agissant de mieux connaître les valeurs garanties et promues par la Loi divine », donc : mettre tout en oeuvre pour connaître les vérités de l'ordre moral. 2. « Avoir la volonté de les incarner de façon droite et généreuse dans les choix concrets ». « On ne doit pas considérer la loi comme un simple idéal à atteindre dans le futur, mais comme un commandement du Christ Seigneur enjoignant de surmonter sérieusement les obstacles ». Jean-Paul II a rappelé que les époux sont appelés à la sainteté, exprimée dans l'Encyclique "Humanae vitae", norme pour l'exercice de la sexualité. Conclusion : La "loi de gradualité" est un chemin vers la sainteté. Le Saint-Père sait que ce chemin est difficile et qu'il passe par des étapes ou degrés, donc qu'il est graduel. Mais cette gradualité ne signifie pas "laxisme moral" ! Tout sujet doit s'efforcer de connaître les vérités morales et de les vivre en menant courageusement le combat spirituel. Pour le Magistère de l'Église, il n'y a pas de gradualité de la Loi, car la loi morale naturelle vaut pour tous, "semper et pro semper" = "toujours et pour toujours et de la même manière". Il n'y a pas, d'un côté, des hommes et des femmes appelés à la sainteté, puis, de l'autre, ceux qui doivent se contenter d'une vie médiocre ! Tous sont appelés à la sainteté. Mais il existe une loi de gradualité, c'est-à-dire un chemin de conversion.
MAUVAISE INTERPRETATION : Pour certains moralistes, la loi de gradualité consisterait en une tension effective vers la norme et non pas forcément l'observation immédiate et matérielle du précepte qui est imposé. Pour ces théoriciens, la contraception deviendrait alors moralement acceptable dans ce cas (cf : FORMATION DOCTRINALE : Le Magistère de l'Eglise face au "moindre mal"). Cette interprétation de la loi de gradualité n’est pas en accord avec l’enseignement du Magistère. Jean-Paul II déclarait en 1988 : « Paul VI, en qualifiant l'acte contraceptif d'intrinsèquement illicite, a voulu enseigner que la norme morale est telle qu'elle n'admet aucune exception ». Avoir l’intention de vivre la loi d’Humanae Vitae dans l’avenir et vivre aujourd’hui en contradiction avec cette loi n’est pas répondre au Commandement du Seigneur !
L'AUTHENTIQUE LOI DE GRADUALITE : L'"Osservatore Romano" du 16 Février 1989 a publié un article donné avec l'autorité du Magistère en réponse à certaines incompréhensions. L'auteur de cet article a rappelé : « La contraception, en elle-même et par elle-même, est toujours un désordre moral, parce que, objectivement et de manière intrinsèque (indépendamment des intentions, motivations et situations subjectives), elle contredit le langage qui exprime naturellement la donation réciproque et totale des époux ». L'auteur a rappelé ensuite qu'il fallait distinguer entre désordre objectif et faute subjective. La situation subjective ne peut jamais changer en "ordre" ce qui est intrinsèquement un "désordre" mais peut diminuer la responsabilité. C'est dans cette ligne, écrit l'auteur, que s'est développé à juste titre, non seulement en théologie morale et pastorale mais aussi dans le domaine des interventions du Magistère, le discours sur la "loi de gradualité". L'article parle de l'évaluation de la responsabilité personnelle en faisant référence à la conscience du sujet. Il rappelle que les chrétiens sont tenus d’éclairer leur conscience et de la conformer à la Loi divine. Ils doivent demeurer fidèles au Magistère de l'Église, interprète autorisé de cette Loi à la lumière de l'Évangile. L'article s'adresse aux prêtres et aux théologiens qui ont la responsabilité d'aider les époux à se former une conscience qui juge selon la Vérité. Ils ne doivent pas créer d'obstacles à la conscience des époux vers la Vérité de leur Amour. Ainsi, pour cet article autorisé, la "loi de gradualité" se situe dans la distinction habituelle entre "désordre objectif" et "responsabilité personnelle". La "loi de gradualité" demande aux pasteurs et aux époux, patience, persévérance et confiance ! Paul VI disait : « Si le péché avait encore prise sur les époux, qu'ils ne se découragent pas, mais qu'ils recourent avec une humble persévérance à la Miséricorde de Dieu qui est accordée dans le Sacrement de Pénitence » (HV 25). L’Évangile révèle la Miséricorde infinie de Jésus, mais la Miséricorde ne peut pas contredire la Vérité. Jésus a dit à la femme adultère : « Va, désormais ne pèche plus ! » (Jean 8, 11).