On ne nous fera jamais croire à la loyauté de tous les évêque qui célèbrent occasionnellement la forme extraordinaire du rite romain ou qui permettent sa célébration dans telle ou telle paroisse. Car on peut difficilement imaginer que l'évêque qui, durant des années, aura laissé la liturgie dite "conciliaire" être systématiquement déformée et désacralisée dans les paroisses placées sous son autorité, puisse du jour au lendemain se montrer respectueux ou simplement intéressé par la forme extraordinaire du rite romain. En réalité, la majorité des messes célébrées selon la forme extraordinaire du rite romain, en application du Motu proprio Summorum pontificum, procèdent, en France, d'une véritable tartuferie. Une de plus, serait-on tenté de dire…
…car si l'on regarde les choses de près, on voit qu'en autorisant la forme "extraordinaire" de la liturgie, il ne s'agit en réalité que de donner un os à ronger aux inconditionnels du Missel de 1962 ou aux fidèles qui, sans être particulièrement attachés à ce même Missel, en ont assez de devoir supporter les messes paroissiales célébrées de façons fantaisistes. Il faut vraiment avoir des écailles sur les yeux pour ne pas voir que bon nombre d'évêques de France n'autorisent la forme extraordinaire de la liturgie - et vont parfois jusqu'à la célébrer eux-mêmes - que pour obliger les catholiques à aller jouer un peu plus loin avec leur beau "joujou tradi". Evincer ainsi les fidèles attachés à des messes dignes et respectueuses du rite sacré permet aux destructeurs de la liturgie, lesquels sont toujours à l'oeuvre dans une grande majorité de paroisses, de gagner la partie. Certes, tous les prêtres ne célèbrent pas la forme extraordinaire de la liturgie romaine dans cette optique-là. Mais il n'empêche que remises dans le contexte général de la liturgie en France, les messes selon la forme extraordinaire ne peuvent que faire les affaires des "madames animatrices" et autres "super laïcs" qui, dans nos paroisses - et souvent avec mandat épiscopal - ont désormais toute liberté pour ériger la désacralisation de la liturgie en programme d'action. Ce sont bien les destructeurs de la foi qui sortent vainqueurs de cette histoire ! Qu'on ne s'y trompe pas : en autorisant la forme extraordinaire de la liturgie romaine, les évêques de France - à l'exception de quelques uns dont les noms sont connus - ont trouvé le moyen de détourner le Motu proprio Summorum pontificum de Benoît XVI de son véritable objectif. Désormais, ils s'en servent non pour corriger les manières de célébrer la forme ordinaire du rite romain, mais pour achever une liquidation de la liturgie souhaitée dès les lendemains de Vatican II par ceux qui ont favorisé une lecture erronée du Concile pour faire émerger "leur" Eglise au lieu de servir l'Eglise du Seigneur. Cette analyse de la situation est-elle fausse? Non. Dans la lettre accompagnant le Motu proprio Summorum Pontificum qu'il avait adressée à tous les évêques, Benoît XVI expliquait qu'un des buts recherchés était que « dans la célébration de la Messe selon le Missel de Paul VI, [soit] manifestée de façon plus forte que cela ne l'a été souvent fait jusqu'à présent, cette sacralité qui attire de nombreuses personnes vers le rite ancien ». Que les fidèles qui ont constaté depuis trois ans des changements dans la façon de célébrer les messes paroissiales (plus grande fidélité au Missel, meilleur usage du latin et du chant grégorien... etc.) lèvent le doigt...
D'ailleurs, comment pourrait-il y avoir de changements puisqu'au moment de la publication de Summorum pontificum on a entendu un cardinal français dire à ses prêtres de ne surtout rien changer dans leurs façons de célébrer la liturgie ? Soyons lucides et reconnaissons qu'il y a une stratégie épiscopale plus ou moins officielle qui consiste à détourner le Motu proprio de Benoît XVI de ses vrais objectifs afin de pouvoir utiliser la forme extraordinaire du rite romain pour mener à terme le massacre de la liturgie dans les paroisses.
Pro Liturgia