Il n'y a pas de célébration de la foi sans la liturgie de l’Eglise. Quand je dis ou chante la liturgie données par l’Eglise, cela signifie que j’accepte de dépasser les frontières de ma subjectivité, pour m’intégrer à la foi de l’Eglise qui dépasse les limites du temps et de l’espace. L’acte liturgique est toujours un acte par lequel le fidèle entre dans la communion d’un tout. C’est un acte par lequel il se laisse intégrer à la communion des témoins de tous les temps, si bien qu’à travers eux il devient possible de toucher l’intouchable, d'entendre l’inaudible, de voir l’invisible. Du respect de la liturgie découle l’assurance que notre foi est fondamentalement un acte accompli avec l’Eglise entière. Chaque fois donc que l’on estime tant soit peu pouvoir, dans la célébration de la liturgie, négliger les règles transmises par l’Eglise sous prétexte de proposer une façon de faire plus directe et plus accessible, on pénètre dans le domaine de l’abstraction. Alors, en effet, on ne pense plus, on ne vit plus, on ne parle plus en raison d’une célébration qui dépasse les possibilités du moi individuel et qui se fonde sur une mémoire ancrée aux bases de la foi et dérivant d'elle ; on ne parle plus en vertu d'une délégation qui dépasse les pouvoirs de l'individu ; au contraire, on plonge dans cette autre sorte de foi qui n’est plus qu’une opinion fondée sur le relatif, l’éphémère.
Dans ces conditions, la célébration - même si elle conserve l'allure générale d'une messe - se réduit à n’être plus qu'une activité à côté d'autres, une occupation semblable à d’autres ; elle ne peut plus alors être une possibilité de réception de la vie véritable, de la vie éternelle. Elle n’est plus, comme le soulignait le Cardinal Danneels, qu’ « un mauvais spectacle qui ne vaut pas le déplacement ».