On aura toujours beaucoup de mal à comprendre ce qui pousse une majorité d'évêques français à célébrer eux-mêmes ou à autoriser la célébration de la forme extraordinaire de la liturgie alors que dans le même temps ils encouragent sans vergogne à massacrer la forme ordinaire. Peut-être est tout simplement pour eux un moyen de continuer à désobéir au pape Benoît XVI - et à l'Eglise tout entière - tout en donnant, à des fidèles naïfs, l'impression d'obéir ? La question mérite d'être posée puisque si tel était le cas, on serait en face de ce que le P. Bouyer appelait une "trahison des clercs". Une trahison habilement camouflée et nourrie d'incertitude doctrinale. Il ne faut donc pas se réjouir de trouver ici ou là une paroisse où la liturgie est respectée alors que partout ailleurs elle est sabotée : une telle situation ne conduirait à plus ou moins long terme à officialiser la situation actuelle où chacun s'autorise à faire n'importe quoi pour transformer la messe en auberge espagnole. Petit rappel à l'adresse de tous nos pasteurs et de leurs (trop souvent incompétentes) équipes liturgiques : « Le Mystère de l'Eucharistie est trop grand pour que quelqu'un puisse se permettre de le traiter à sa guise, en ne respectant ni son caractère sacré, ni sa dimension universelle. Au contraire, quiconque se comporte de cette manière, en préférant suivre ses inclinations personnelles, même s'il s'agit d'un prêtre, lèse gravement l'unité substantielle du Rite romain, sur laquelle il faut pourtant veiller sans relâche. Des actes de ce genre ne constituent absolument pas une réponse valable à la faim et à la soif du Dieu vivant, dont le peuple de notre époque fait l'expérience; de même, ils n'ont rien de commun avec le zèle pastoral authentique ou le véritable renouveau liturgique, mais ils ont plutôt pour conséquence de priver les fidèles de leur patrimoine et de leur héritage. En effet, ces actes arbitraires ne favorisent pas le véritable renouveau, mais ils lèsent gravement le droit authentique des fidèles de disposer d'une action liturgique, qui exprime la vie de l'Eglise selon sa tradition et sa discipline. De plus, ils introduisent des éléments d'altération et de discorde dans la célébration de l'Eucharistie elle-même, alors que cette dernière, par nature et d'une manière éminente, a pour but de signifier et de réaliser admirablement la communion de la vie divine et l'unité du peuple de Dieu. Ces actes provoquent l'incertitude doctrinale, le doute et le scandale dans le peuple de Dieu, et aussi, presque inévitablement, des oppositions violentes, qui troublent et attristent profondément de nombreux fidèles, alors qu'à notre époque, la vie chrétienne est souvent particulièrement difficile en raison du climat de sécularisation » (Cf. Instruction Redemptionis Sacramentum)
Pro Liturgia