« Sommes une jeunesse, Messieurs ! Sommes la jeunesse de Dieu. La jeunesse de la fidélité ! Et cette jeunesse veut préserver pour elle et pour ses fils, la créance humaine, la liberté de l'homme intérieur... » (Charette)
Extrait d’un sermon de Saint Augustin pour le début du carême : « Voici, aujourd'hui même, le retour solennel des observances quadragésimales, et aujourd'hui encore nous devons, comme chaque année, vous adresser la parole. [...] La piété ne demande-t-elle pas de nous qu'à la veille de célébrer la Passion et le crucifiement de Notre-Seigneur, nous nous fassions à nous-mêmes une croix pour y attacher les passions charnelles ? « Ceux qui appartiennent à Jésus-Christ, dit l'Apôtre, ont crucifié leur chair avec ses passions et ses convoitises » (Gal. V, 24). Il est vrai que durant tout le cours de cette vie, harcelée par des tentations continuelles, le chrétien doit être constamment attaché à la croix; jamais il n'y a de moment pour arracher les clous dont il est dit dans un psaume : « Que votre crainte enfonce ses clous dans mes chairs » (Ps. CXVIII, 120). Les chairs sont ici les convoitises charnelles; les clous désignent les préceptes de justice que fait pénétrer en nous la crainte de Dieu, en nous attachant à la croix comme une hostie agréable au Seigneur. Aussi le même Apôtre disait-il encore : « Je vous conjure donc, mes frères, par la miséricorde de Dieu, d'offrir vos corps en hostie vivante, sainte, agréable à Dieu » (Rom. XII, 1). Telle est la croix dont le serviteur de Dieu se glorifie, au lieu d'en rougir. « Loin de moi, s'écrie-t-il, de me glorifier, sinon de la croix de Notre-Seigneur Jésus-Christ, par qui le monde est crucifié pour moi, comme je le suis pour le monde » (Gal. VI, 14). A cette croix dont nous devons rester attachés, non l'espace de quarante jours, mais toute notre vie. […] C'est ainsi qu'il te faut vivre toujours, chrétien ; si tu ne veux point te laisser prendre les pieds dans la boue dont la terre est couverte, garde-toi de descendre de la croix; et si tu dois y rester pendant toute ta vie, à combien plus forte raison durant ce temps de Carême, lequel est non-seulement une partie de la vie, mais le symbole de la vie. En tout autre temps ne laissez appesantir vos cœurs ni par la crapule ni par l'ivresse; mais dans celui-ci pratiquez encore le jeûne. En tout autre temps évitez l'adultère, la fornication et tous les plaisirs défendus; dans celui-ci, abstenez-vous même de vos épouses. Ce que vous vous retranchez par le jeûne, ajoutez-le à vos bonnes œuvres ordinaires en en faisant des aumônes. Employez à la prière le temps que vous passez à rendre le devoir conjugal. Au lieu de s'efféminer dans des affections charnelles, que le corps se prosterne pour s'appliquer aux supplications qui purifient. Qu'on étende pour prier les mains qui se croisaient pour embrasser. Quant à vous qui jeûnez dans les autres temps, maintenant jeûnez encore plus. Vous qui d'ordinaire crucifiez vos corps par une continence perpétuelle, appliquez-vous en ce moment à implorer votre Dieu plus fréquemment et avec plus de ferveur. Vivez tous avec un plein accord, soyez tous fidèles l'un à l’autre, embrasés durant ce pèlerinage du saint désir de la patrie et brûlants d'amour. […] ».
Saint Augustin, Père et Docteur de l’Eglise (extrait du sermon CCV pour le début du Carême)