Nul n'est obligé d'avoir la foi catholique; nul n'est obligé de se marier religieusement ou de demander par testament des obsèques religieuses; nul n'est obligé d'entrer dans une église... Mais si déjà on entre dans une église, qu'on demande de se marier à l'église, de se faire enterrer à l'église, de faire baptiser un enfant à l'église, alors il est tout à fait logique de respecter les lois de l'Eglise en matière de rites et de sacrements. Et il est tout à fait logique d'exiger du prêtre qui assure la célébration du sacrement de se conformer lui-même à ce que l'Eglise dont il est le ministre a établi. En conséquence, une église n'est ni une salle de réunion, ni une salle de concert, ni un lieu d'exposition. Elle est une maison de prière et le lieu où le Seigneur assure sa présence réelle. La liturgie qui doit s'y célébrer n'a pas à être un travestissement de ce que l'Eglise a fixé. Une église n'est construite que pour que puisse s'y dérouler la liturgie par laquelle Dieu est honoré et l'homme est sanctifié: c'est très clairement dit dans la liturgie de la dédicace ainsi que dans la messe anniversaire de la dédicace d'une église qui commence par ces mots : « Terribilis est locus iste : hic domus Dei est et porta caeli... » (« Ce lieu est redoutable : c'est la demeure de Dieu et la porte du ciel. On l'appellera maison de Dieu... ») (Gen. 28, 17, 22). L'église est consacrée pour être la demeure de Dieu : pas autre chose.
La loi civile française reconnaît d'ailleurs cette réalité : la destination de l'église-bâtiment est le culte catholique assuré par des prêtres soumis à leur hiérarchie, c'est-à-dire à l'évêque diocésain et au Souverain Pontife. (Cf. Loi du 9 décembre 1905 complétée par la loi du 2 janvier 1907). De plus, un arrêt de la Cour de Cassation (Cass. 5 février 1912) précise qu'en cas de conflit entre deux prêtres pour l'occupation d'une église catholique « l'attribution de celle-ci doit être exclusivement réservée à celui qui se soumet aux règles d'organisation générale du culte dont il se propose d'assurer l'exercice, notamment à celles de la hiérarchie ecclésiastique, et qui demeure en communion avec son évêque ». La loi française apparait comme très respectueuse du Droit ecclésiastique puisqu'elle précise que dans une église, le prêtre doit se "soumettre" aux règles du culte... Peut-on en déduire qu'un célébrant qui ne respecte pas la liturgie de l'Eglise est... hors la loi ? Cette question mériterait parfois d'être posée, essentiellement lorsque des prêtres célèbrent des mariages ou des funérailles sans tenir compte des rites liturgiques établis par l'Eglise et dont le bon accomplissement doit être garanti par l'évêque diocésain.
Pro Liturgia