« Sommes une jeunesse, Messieurs ! Sommes la jeunesse de Dieu. La jeunesse de la fidélité ! Et cette jeunesse veut préserver pour elle et pour ses fils, la créance humaine, la liberté de l'homme intérieur... » (Charette)

Vers l’ultranazisme ?, par Mgr Michel Schooyans (4/7)

La fidélité à la mémoire des victimes suffit-elle à nous vacciner contre une nouvelle barbarie ?

 

a) Parmi ceux qui s'emploient à faire approuver des lois injustes au nom desquelles on exécute des êtres sans défense, figurent des gens qui reprochent - à juste titre - aux bourreaux nazis d'avoir obéi à des lois criminelles. Hier, c'est-à-dire à Nuremberg, les accusés se retranchaient derrière la loi injuste pour tenter d'excuser leurs crimes; aujourd'hui, on demande au législateur d'apporter à des crimes semblables la caution de la loi.

 

b) La moindre des choses serait que nul n'invoque le sacrifice des innocents d'hier pour s'estimer autorisé à introduire, aujourd'hui, le principe de nouvelles discriminations légales entre les êtres humains. Le sacrifice des martyrs des totalitarismes anciens est une chose sacrée. Nul ne peut se retrancher derrière la mémoire de ces morts pour se prétendre immunisé contre les dérives totalitaires actuelles.

 

c) On voudrait qu'aucun de ceux qui ont souffert de la barbarie nazie ne rejette, ni en théorie ni en pratique, les arguments, toujours actuels, qu'ont invoqués - en leur faveur et contre leurs bourreaux - ceux qui ont attesté, par-delà toute distinction, que tous les hommes ont la même dignité, le même droit à la vie et à la liberté.

 

 

 

Comment expliquer cette inconséquence qui pousse à légaliser, aujourd'hui, des pratiques condamnées, hier, parce qu'illégitimes ?

 

L'inconséquence analysée précédemment est dramatique, car elle révèle que, dans certains milieux, on n'a pas perçu la malice profonde du nazisme. C'est la raison pour laquelle la porte est grande ouverte à l'ultranazisme. Nous entendons par là le nazisme porté à son stade suprême, mondialisé et inscrit dans les pratiques, les lois, les institutions et même l'éthique.

 

a) On n'a pas compris que cette malice ne résidait pas d'abord dans le régime qui caractérise le nazisme, mais bien dans la nature profonde de celui-ci. On n'a pas vu que l'essence du nazisme, c'est sa nature totalitaire, c'est-à-dire sa volonté de détruire le moi, aussi bien physique que psychologique. Le nazisme est hanté par la volonté d'infliger la mort.

 

b) Malgré les bruyantes dénégations de ceux qui les animent, les courants qui, après avoir fait légaliser l'avortement, s'emploient actuellement à légaliser l'euthanasie, s'inscrivent objectivement dans cette tradition, tout en en consommant la perversion, c'est-à-dire en allant au-delà du nazisme. En effet, infliger la mort n'est pas simplement un « droit » que la société peut exercer sur ceux dont elle estime la vie indigne d'être vécue; c'est aussi un "devoir" dont la même société doit garantir l'exécution pour ceux qui désirent "mourir dans la dignité", au motif que leur vie est indigne d'être vécue. À la considération du droit de la société à infliger la mort aux êtres dont la vie est indigne d'être vécue, typique du nazisme, on adjoint donc ici celle, typique du libéralisme, du droit de l'individu à « mourir dans la dignité ».

 

c) Mais dans les deux cas de figure, et au-delà des travestissements idéologiques, l'acte d'infliger la mort est couvert par la loi et son exécution est confiée au personnel médical. Bref, la loi légitime le meurtre médical.

 

d) Pour ces mêmes raisons, lorsqu'un État accorde aux parents le « droit » de tuer leurs enfants, il finit vite par accorder aux enfants le « droit » de tuer leurs parents. Ainsi, dans ces différents cas, la "loi" est appelée à "légitimer" la "médicalisation" du meurtre. Cette alliance totalitaire entre le mensonge et la violence a été implacablement dénoncée par André Frossard : « Le menteur sait qu'il ment, le criminel cache ou nie son crime, et les systèmes politiques les plus diaboliquement injurieux pour l'espèce humaine se croient tenus de donner le décor de la justice à leurs ignominies, et de singer le droit chaque fois qu'ils le violent » (André Frossard, Défense du pape, paris, Ed. fayard, 1993, P. 48).

 

Extraits de l'ouvrage de Mgr Michel SCHOOYANS,

« Bioéthique et Population : Le choix de la vie » (1994)

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