Pierre Snyers, écrivain converti au catholicisme, a adressé aux évêques de Belgique une lettre ouverte que nous pourrions signer nous aussi, tant elle est juste, pour l'adresser aux évêques de France. En voici le contenu :
« Deux prêtres. L'un, appelons-le l'abbé Paul, l'autre l'abbé Gabriel. Le premier est en soutane, célèbre en latin, croit en tous les dogmes catholiques, mais refuse le Concile Vatican II. La sanction ne s'est pas faite attendre : il est excommunié.
A l'autre extrême, le deuxième en costume incognito, "accepte" le Concile (ou plutôt l'interprétation toute personnelle qu'il en donne), mais rejette des pans entiers de la foi chrétienne. Selon lui, le paradis, l'enfer et le purgatoire sont des inventions, une manière de construire un système qui maintenait les gens dans la peur; saint Paul, le saint patron de tous les agités chroniques; les catholiques qui croient aux dogmes des "encorsetés dogmatiques"; le Pape, quelqu'un qui ne l'empêche pas de dormir; la vie après la mort une question tout à fait secondaire; l'Eglise une "belle-mère" en total décalage avec le monde... Excommunié lui aussi ? Point du tout ! Pas la moindre remontrance !
Messeigneurs les évêques, je ne vous comprends plus. En effet (...) loin de le rappeler à l'ordre, vous le soutenez dans son "ministère" (qui finalement consiste à affirmer que l'Eglise s'est trompée), vous lui ouvrez toutes grandes les portes de nos paroisses, tout en bénissant sa littérature sirupeuse. Une chose semble sûre : quand on a affaire à vous, mieux vaut être un clerc qui s'en prend aux vérités les plus essentielles de la foi qu'à celles du Concile. Deux poids, deux mesures. Pourquoi, oui, pourquoi, laissez-vous de tels prêtres détruire la foi des humbles, semer le doute et la confusion au sein du peuple chrétien ? L'extrémisme n'existerait-il pour vous qu'à sens unique ? Je devine votre réponse : "L'important, me direz-vous, est de préserver l'unité". Mais de quelle unité s'agit-il ? De celle entre Bultmann et Benoît XVI, entre l'erreur et la vérité, entre le diable et Dieu ?
A force de vouloir unir le pire et le meilleur, vous risquez de ne plus nous offrir qu'un "christianisme" au rabais, réduit (si ce n'est déjà fait) à une mixture aussi insipide qu'incolore autour de quelques valeurs humanistes.
Puis-je vous faire remarquer que ce n'est pas au nom du relativisme, du syncrétisme ou de mièvreries que des chrétiens sont morts martyrs ? Evidemment, contrairement à ce qui se pratique aujourd'hui, ces grands témoins ne faisaient pas de "tris sélectifs" en lisant l'Ecriture. Pour eux, la nécessité de ne pas se conformer au monde et encore moins aux actions du "prince de ce monde" (dont le Christ et saint Paul nous parlent abondamment) et de se convertir afin de ne pas rater son éternité étaient des réalités primordiales.
"Existence du démon ?", "Eternité ?" Voilà bien des vérités sur lesquelles vous restez (...) étrangement silencieux. Démythologisation oblige, toute l'espérance chrétienne actuelle semble se résumer à la construction d'un monde meilleur ici-bas; à une sorte de grand soir dont les soixante-huitards se voulaient les prophètes.
Comment s'étonner dans ces conditions que de nombreux jeunes et moins jeunes aillent chercher ailleurs que dans l'Eglise des réponses quant à leur devenir au-delà de cette vie ?
Messeigneurs les évêques, vous qui prônez tant le rôle des laïcs, prêtez, je vous en prie, une oreille attentive aux croyants qui, comme moi, attendent que vous distinguiez le "bon grain de l'ivraie", que vous vous démarquiez une bonne fois pour toutes de ceux que le Cardinal Danielou appelait "les assassins de la foi". Ayez, je vous en conjure, le courage de regarder la réalité en face. Trouvez-vous que votre laxisme se révèle payant ? Voyez vos séminaires vidés et vos églises désertées, voyez l'état de vos écoles dites "catholiques", et la désespérance de ceux qui clament dans le désert leur soif d'être enfin épaulés.
Puisse demain le Seigneur donner à l'Eglise de Belgique la force et le courage de retrouver le vrai chemin ».
Pro Liturgia