9 juillet 2010 5 09 /07 /juillet /2010 17:51

La vie de famille est source de grandes joies mais aussi de difficultés, de drames parfois ... de défis toujours ! Elle est le premier endroit où nous devons apprendre à accepter l’altérité, à accueillir l’autre, où nous sommes invités à nous donner et à nous trouver. Quelle que soit la difficulté rencontrée, la prière permet de déposer devant le Christ nos craintes, nos peines, nos doutes et, avec lui et l’aide de l’Esprit, de s’ouvrir à la grâce. Celle-ci peut apparaître sous la forme :

 

- d’un apaisement face à nos peurs ou dans des situations instables, dans des contextes économiques et sociaux difficiles. Nous pouvons prier le Seigneur afin qu’il protège notre famille, nos enfants ; pour nous abandonner - avec foi et espérance - à sa bonne Providence.

 

- d’un chemin de réconciliation, face à des tensions, des déchirures, des brouilles. Il n’est pas simple de demander pardon ou de pardonner, mais nous pouvons prier le Dieu de toute miséricorde de nous en donner la force et la chance. C’est, en effet, une nouvelle vie qui s’ouvre ainsi à nous ! 

 

- d’un soutien spirituel pour celui ou celle que nous aimons. Le jour de notre mariage, nous confions notre couple et l’être aimé à Dieu à travers la prière des époux. Chaque jour étant une occasion de redire oui, chaque jour devient une occasion de prier pour sa femme ou son mari.

 

- d’une libération face à un passé familial parfois lourd qui continue à peser sur plusieurs générations. Il existe des prières de délivrance et de guérison pour arriver à soigner ces blessures enfouies qui continuent à causer des souffrances. Aucune situation, si ancrée soit-elle, n’est une fatalité.

 

Qu’il est dur et qu’il est beau de grandir grâce, par et à travers les autres au sein de la famille ! Notre Père Céleste est là pour nous y aider. 

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1 juillet 2010 4 01 /07 /juillet /2010 19:50
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18 avril 2010 7 18 /04 /avril /2010 09:04

Sermon de l’Abbé Guy Pagès sur l’importance de la famille.

(le 24ème Dimanche per annum, le 16 septembre 2012) :

 

 

 

http://img.over-blog.com/333x443/0/21/41/34/2010/famillemartin.jpgJésus et Isaïe viennent de nous rappeler que la Croix marque inévitablement la vie du serviteur de Dieu. Nous pouvons en dire autant de la famille chrétienne, appelée elle aussi à servir Dieu, qui est Amour [1]. Dieu, en effet, n’est pas seulement unique comme le confessent juifs et musulmans, mais aussi Trinité, c’est-à-dire : Famille, Communion de personnes, celle du Père, du Fils et du Saint Esprit… Famille ! Qui ne voit la croix marquer aujourd’hui les familles ? Que ce soit le libéralisme privilégiant l’individu au détriment de la protection de l’institution du mariage et de la famille, et donc du bien commun, et en particulier de celui des enfants ; que ce soit le marxisme imprégnant encore tellement les mentalités, dont, au dire de Karl Marx, l’une des tâches essentielles est « l’abolition de la famille [2] » – credo repris par le socialisme : « La famille, écrivait L’hebdo des socialistes du 29 janvier 1999, est un instrument de perpétuation des hiérarchies sociales et des inégalités [3] » ; que ce soit la franc-maçonnerie qui s’emploie depuis plus de deux siècles à organiser la vie sociale comme si n’existaient ni Dieu, ni loi divine ou naturelle, et donc aucune possibilité pour l’homme de connaître la vérité objective avec certitude ; que ce soient les lobbies féministe et homosexuel, et autres dépravés, attachés à la légalisation du divorce, de la contraception, du concubinage, et maintenant du « mariage » des homosexuels ; ou encore l’expérimentation sur les embryons humains, l’avortement ou l’euthanasie… il est indéniable que, d’une façon diversifiée et générale, se déroule sous nos yeux une guerre totale contre la famille… Il serait naïf et suicidaire pour les familles d’imaginer que toutes ces modifications actuelles de comportements et de mœurs sont un fruit du hasard… Il existe une volonté délibérée de détruire la famille… Et pourquoi veut-on détruire la famille ? Parce qu’elle est la plus belle image de Dieu, et la gardienne du sacré ! Or ce monde ne voulant pas d’autre Dieu que lui-même s’emploie à détruire, non pas Dieu, qu’il ne peut atteindre, mais Sa plus belle image : la famille ! Comme on l’a très bien dit : « La raison de ces attaques contre l’idée même de famille est enracinée dans le fait que de nombreuses personnes n’acceptent plus l’idée d’une “loi naturelle” et n’acceptent pas non plus les institutions naturelles. En réalité, la raison profonde est qu’ils refusent Dieu, origine de la loi naturelle [4]. »

 

C’est ainsi que nous en sommes arrivés au point où le gouvernement, abusant de son pouvoir, s’apprête à légaliser non le mariage d’homosexuels, puisque c’est en soi impossible, aussi vrai que « marier » implique le mélange de ce qui est différent (on marie des couleurs différentes, non la même), mais l’union de « paires », aussi stériles que ce que le mariage, union des époux, est par nature ordonné à la procréation, fécondité et bénédiction de l’union de leurs êtres complémentaires. La différence sexuelle est l’une des premières limites que l’enfant rencontre. Si je suis garçon je ne suis pas fille et si je suis fille ne suis pas garçon. Cette limite lui permet de réaliser qu’il n’est pas « tout ». La société où les papas sont des mamans et les mamans des papas, est la Tour de Babel, l’humanité qui niant sa condition limitée, de créature, cherche à s’élever jusque dans le Ciel, à se prendre pour le « tout », Dieu même. Cette abomination sodomesque faisant violence à la moralité publique, aux familles, au bien des enfants, conduit la société à sa perte aussi sûrement qu’elle damne ceux qu’elle souille (1 Co 6.9-10 ; Ga 5.21 ; Ep 5.5; Rm 1.24-32 ; Ap 22.15). Il est temps de se rappeler ce que Jean-Paul II a enseigné dans sa si belle exhortation apostolique sur les tâches de la famille chrétienne : « Ce sont les familles qui en premier lieu doivent faire en sorte que les lois et les institutions de l’État non seulement s’abstiennent de blesser les droits et les devoirs de la famille, mais encore qu’elles les soutiennent et les protègent positivement. Il faut à cet égard que les familles aient une conscience toujours plus vive d’être les “protagonistes” de ce qu’on appelle “la politique familiale” et qu’elles assurent la responsabilité de transformer la société ; dans le cas contraire, elles seront les premières victimes des maux qu’elles se sont contentées de constater avec indifférence [5] ».

 

Selon les termes du Catéchisme de l’Église catholique, « la famille chrétienne est une communion de personnes, trace et image de la communion du Père et du Fils et de l’Esprit-Saint. Son activité procréatrice et éducative est le reflet de l’œuvre créatrice du Père [6]. » Et si elle est par nature « évangélisatrice et missionnaire [7] », alors, on comprend que la destruction du lien sacré qui relie la famille à Dieu doive être brisé par les idéologues du bonheur à la mesure de l’homme seul… C’est ce qu’a bien compris, par exemple, Élisabeth Badinter, lorsqu’au sujet de la Révolution française, elle écrit dans son livre L’un est l’autre : « En tuant le roi, les révolutionnaires français portèrent un coup décisif au pouvoir de Dieu et à celui du père. […] Toute émancipation est d’abord libération par rapport au père. […] Le rejet du roi et du père […] est celui de toute transcendance. La révolte ne pouvait épargner Dieu, le Père universel du genre humain. […] Les philosophes du XIXe siècle […], tirant les conséquences de la Révolution française, ont proclamé la mort de Dieu, celle-ci apparaissant comme la condition nécessaire de la libération de l’humanité. […] En affirmant la transcendance de l’Homme, les nouvelles “Tables de la loi” introduites en 1789 font de lui un dieu. Dorénavant, ce sont les hommes qui légifèrent pour eux-mêmes [8]. » Par voie de conséquence, le tour d’esprit révolutionnaire est aussi le rejet de toute notion de nature humaine, d’ordre naturel des choses telles qu’elles ont été créées. C’est désormais l’homme qui doit inventer la réalité. « Je pense donc je suis [9] »… « Vous serez comme des dieux [10] ! »… Apparaît donc clairement pour les familles le devoir de chérir leur relation avec Dieu, dans l’intérêt même de leur survie. Car c’est Dieu qui a créé la famille, et la sanctifie par la grâce donnée dans Ses sacrements. La famille, contrairement à ce que l’on cherche à nous faire croire, n’est pas un produit culturel, malléable et transformable au gré des errements et des vices d’une minorité agissante. Elle est, comme l’enseigne le Catéchisme de l’Église catholique, « trace et image de la communion du Père et du Fils et de l’Esprit Saint [11] ». Et c’est seulement dans la communion avec le Dieu-Trinité qu’elle trouve son sens et son épanouissement véritables…

 

anyquestionLe lien nécessaire des familles avec Dieu s’affirme, se fortifie et se renouvelle par la prière familiale quotidienne. Pourquoi les familles sont-elles aujourd’hui tellement blessées, meurtries, divisées ? Parce qu’à la différence d’autrefois, elles ont perdu l’habitude de la prière quotidienne ! Il n’est pas possible de gagner le pari d’une vie conjugale et familiale heureuse sans une sérieuse vie de prière, personnelle et familiale. C’est dans la vie de foi de leur famille que les enfants apprennent à connaître Dieu, à y découvrir leur vocation d’enfants de Dieu. L’exemple des parents est fondamental. Si des enfants voient leur famille réunie chaque jour pour adorer Dieu, Lui rendre grâce, Lui confier soucis et intentions, et recevoir de Lui la paix, la sagesse et tous les dons de l’Esprit, alors ils grandiront dans cette paix, cette sagesse et cette vie avec Dieu qui est le Salut de ceux qui L’aiment ! Si l’amour spirituel de leurs parents leur a révélé celui de Notre Seigneur, Lui qui nous aime à en mourir sur une croix comme chaque Messe en est la preuve, que pourra-t-il alors leur manquer ? Le psaume d’aujourd’hui illustre bien cette vérité : « Je L’aime, le Seigneur, Lui qui entend ma prière ! […] J’étais pris dans les filets de la mort, […] j’ai invoqué le Nom du Seigneur. […] Il m’a sauvé de la mort, épargnant à mes pieds le faux-pas. Je marcherai en présence du Seigneur sur la terre des vivants [12] ! ». Déjà, naturellement, les parents sont les premiers responsables de l’éducation de leurs enfants, à qui, par l’éducation des vertus, ils doivent enseigner à subordonner les dimensions physiques et instinctives aux dimensions intérieures et spirituelles de leur être. Par la grâce du sacrement de mariage, ils reçoivent la responsabilité d’évangéliser leurs enfants. Les parents chrétiens comprennent qu’engendrer la chair, c’est beaucoup, mais qu’en même temps, ce n’est rien. Les animaux engendrent eux aussi la chair, et bien des fois s’en occupent mieux que des humains. Les époux chrétiens engendrent avec Dieu, procréent, des enfants de Dieu, et des citoyens pour le Royaume des Cieux ! C’est de cela qu’ils doivent se préoccuper. Quel malheur pour eux de laisser s’éteindre la lumière du baptême dans l’âme de leurs enfants, de permettre que la beauté de leur âme s’habitue à la fange, d’être indifférents à ce que cette habitude les pousse à sombrer finalement eux-mêmes un jour dans la fange… Leur mission de parents est de donner de l’amour, de l’amour saint à leurs enfants, et non de stupides soins à leur beauté physique, à leur culture humaine, comme le font ceux qui ne connaissent pas Dieu. Non. Les parents chrétiens élèvent leurs enfants… jusqu’à Dieu ! Car c’est pour le Ciel que nous avons été créés et que nous devons vivre sur la terre ! « Tu prétends avoir la foi, moi, je la mets en pratique. Montre-moi donc ta foi qui n’agit pas ; moi, c’est par mes actes que je te montrerai ma foi [13]. »


  SOURCE

 

NOTES : 1. Cf. 1 Jn 4 8.16. ; 2. Marx (Karl)Engels (Friedrich), Manifeste du Parti communiste, II (Paris, Éditions sociales, collection « Classiques du marxisme », 1973, p. 52) ; 3. Pinçon (Michel)Pinçon-Charlot (Monique), « Le rôle de la famille dans la transmission de la fortune », L’hebdo des socialistes, n. 89, 29 janvier 1999, p. 16. ; 4. Troisième rencontre des hommes politiques et législateurs d’Amérique, Déclaration « La famille et la vie, cinquante ans après la Déclaration universelle des Droits de l’homme », Buenos Aires, 5 août 1999, n. 8 (La Documentation catholique, n. 2218, 16 janvier 2000, p. 92). ; 5. Jean-Paul II, Exhortation apostolique Familiaris consortio, 22 novembre 1981, n. 42 (La Documentation catholique, n. 1821, 3 janvier 1982, p. 22). ; 6. Catéchisme de l’Église catholique, n. 2205 ; 7. Ibid. ; 8. Badinter (Élisabeth), L’un est l’autre. Des relations entre hommes et femmes, Paris, Odile Jacob, 1986, pp. 194-195, 198. ; 9. Descartes (René), Discours de la méthode, IV (Paris, Union générale d’éditions, collection « 10/18 », 1951, édition 1983, p. 62). ; 10. Gn 3 5. ; 11. Catéchisme de l’Église catholique, n. 2205. ; 12. Ps 114. ; 13. Jc 2 18.

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15 avril 2010 4 15 /04 /avril /2010 10:06

Les propos courageux du Cardinal Barbarin (le 14 septembre 2012) :


 

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13 avril 2010 2 13 /04 /avril /2010 15:03

52860112_94dd17a25d.jpg« (…) Venons-en au deuxième grand document de l'année 1968 [après la Profession de foi , qu'il a confié à L'Eglise le 30 juin 1968, en conclusion de l'Année de la Foi, initiée par lui], l'Encyclique Humanae vitae.
Rarement un texte de l'histoire récente du Magistère est devenu un signe de contradiction autant que cette Encyclique, que Paul VI a écrite à partir d'une décision de conscience profondément douloureuse.
Deux objections fondamentales ont été soulevées contre le texte, l'une procédurale et l'autre de contenu.
Du point de vue de la procédure, on retient que le pape se serait prononcé contre la majorité de la commission d'étude spécialement constituée, et se serait ainsi placé sur un terrain instable; du point de vue du contenu, il fut reproché à l'Encyclique que son affirmation centrale reposait sur un concept de nature dépassé, qu'elle aurait mélangé biologie et éthique.
Le problème de la relation entre la majorité de la commission et la décision finale du pape touche des questions fondamentales qui vont bien au-delà de la question de l'Encyclique Humanae vitae. Ici se posent des problèmes tels que : à quel moment une majorité est-elle vraiment représentative ? Qui doit-elle représenter ? Et comment ?
Sans que le problème soit ici discuté dans toute son ampleur, nous pouvons dire la chose suivante à ce sujet : une commission, qui donne un avis sur la doctrine de l'Eglise, ne doit en aucun cas représenter la majorité des opinions dominantes, mais l'exigence intérieure de la foi. La Vérité n'est pas décidée à la majorité; le principe démocratique s'arrête devant les questions de la Vérité. 
En outre, dans l'Eglise il n'y a pas que les vivants qui comptent. En elle, les morts ne sont pas morts, parce que, comme communion des saints, elle va au-delà des limites du présent. Le passé n'est pas passé et le futur, de ce fait, existe déjà. En d'autres termes : dans l'Église, il ne peut y avoir de majorité contre les Saints, contre les grands témoins de la foi qui caractérisent toute l'histoire. Ils appartiennent toujours au présent, et leur voix ne peut pas être mise en minorité. La responsabilité envers la continuité de la doctrine de l'Église avait à juste titre pour Paul VI une importance plus grande que celle d'un comité de soixante membres, dont le vote devait être pris en considération, mais ne pouvait pas être le dernier recours avant le poids de la tradition.
Quiconque lit sereinement l'Encyclique trouvera qu'elle n'est nullement imprégnée de naturalisme ou de biologisme, mais est uniquement préoccupée d'un authentique amour humain, un amour qui est spirituel et physique dans l'inséparabilité de l'esprit et du corps, qui caractérise l'être humain (en particulier le paragraphe 9). Puisque l'amour est humain, il a à voir avec la liberté humaine, et doit donc être amour, aimer l'autre non pour "moi", mais pour lui-même. Pour cela, fidélité, unicité et fécondité sont ancrés dans l'essence intérieure de cet amour. Paul VI a à coeur de défendre la dignité humaine de l'amour humain et conjugal. Donc, la liberté - qui, dans son essence est liberté ordonnée à la morale - est au centre de ses réflexions : le pape considère que la personne humaine est capable d'une grande chose - capable de fidélité et capable de renonciation.
Pour cette raison il ne veut pas que le problème de la fécondité responsable - le contrôle des naissances - soit régulé de façon mécanique, mais qu'il soit résolu d'une manière humaine, c'est-à-dire morale, à partir de l'esprit de l'amour et la liberté elle-même.
Si on voulait faire un reproche au pape, ce ne pourrait être celui du naturalisme, mais tout au plus d'avoir une trop grande idée de l'être humain, de la capacité de sa liberté dans la relation corps-esprit.

 

Ceux qui ont connu même de loin, la personnalité de Paul VI, savent qu'il ne lui manquait ni la sensibilité pastorale ni la connaissance des problèmes des individus. L'intention de l'Encyclique n'était pas d'imposer des fardeaux; le Pape se sentait plutôt le devoir de défendre la dignité et la liberté de l'homme contre une conception matérialiste et déterministe.
Il parle dans la perspective de l'éternité, dans sa responsabilité devant la totalité de l'histoire. De ce point de vue, il ne pouvait pas parler autrement, et c'est dans cette perspective qu'il faut lire l'Encyclique : comment une harangue en faveur de l'humanité de l'amour, et en faveur de la dignité de sa liberté morale.
Ici, se manifeste comment Paul VI, sur ce point aussi, précisément sur ce point, parle comme l'avocat de la personne humaine; comment la foi qui l'inspirait, défend la personne humaine, même là où elle la défie ».


 

S.E. le Cardinal Ratzinger - Rome, Pâques 1995

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15 mars 2010 1 15 /03 /mars /2010 19:46

Homélie du Cardinal José Saraiva Martins, à Lisieux le 13 juillet 2008, pour le 150ème anniversaire de mariage des Vénérables Serviteurs de Dieu, Louis et Zélie Martin. "Très chers frères et sœurs : j'ai voulu commencer cette réflexion avec les mots mêmes de Thérèse, décrivant l'atmosphère familiale dans laquelle elle a grandi" :



 

 

Céline… « Lève les yeux vers la Céleste Patrie,

Et tu verras sur des sièges d'honneur

Un Père aimé… Une Mère chérie…

Auxquels tu dois ton immense bonheur ! … »

 

 

 

 

La famille, du XIXe siècle à aujourd'hui

Quand le ciel se vide de Dieu, la terre se peuple d'idoles. Déjà au XIXe siècle, celui des Martin, et au début du XXe siècle, on s'est progressivement désintéressé du domaine de l'éducation au sein de la famille, au profit du champ socio-économique. Charles Péguy, né cinq jours après Sainte Thérèse, le soulignait, presque prophétiquement : « Un enfant chrétien, écrit-il en effet, dans une de ses œuvres, n'est rien d'autre qu'un enfant auquel on a mis sous les yeux des milliers de fois l'enfance de Jésus ». Dans les rythmes et dans les mots quotidiens on trouve encore des réflexes inconscients de ce peuple chrétien "qui allaient et chantaient" et qui "rempaillaient les chaises dans le même état d'esprit qu'ils sculptaient leurs cathédrales". Pourtant on ne peut pas dire que le petit Charles entre dans la description de l'enfant chrétien chère au Péguy adulte. Autour de lui, dans le milieu familial et scolaire de son enfance, personne ne vit ainsi, le regard familièrement et affectueusement tourné vers Jésus. Mais, pour la famille Martin, c'est le cas. Ce refus de la paternité se poursuit au XXe siècle de façon plus complexe, essentiellement dans l'adhésion aux modèles des grands totalitarismes, lesquels entendaient se substituer à la famille, en confiant l'éducation à l'État totalitaire, communiste ou national-socialiste. Cette abdication, cette éclipse de la figure du père, se prolonge dans la société de consommation, où le carriérisme et l'image ont pris la place à l'éducation des enfants. L'éducation est une question de témoignage. Sans longs discours, sans sermons Monsieur Martin a introduit Thérèse au sens ultime de l'existence. Louis et Zélie ont été éducateurs parce qu'ils n'avaient pas le problème d'éduquer.

 

 

La famille aujourd'hui : L'amour malade en famille

Au début de l'année, un quotidien italien ("Il Mattino di Napoli" [Le matin de Naples] du lundi 14 janvier 2008) publiait un article de Claude Risé, sous ce titre significatif : « L'amour est tombé malade dans la famille ». Est tombé malade l'amour, en particulier est tombé malade le lieu où chaque être humain expérimente pour la première fois l'amour, être aimé et aimer les autres […]. Dans la famille actuelle, les enfants, plutôt que d'être l'objet de l'amour des parents, se trouvent en concurrence avec beaucoup d'autres choses.

 

 

Une famille exceptionnelle : le témoignage des filles Martin

Voilà le témoignage des filles Martin. « Toute ma vie le bon Dieu s'est plu à m'entourer d'amour, mes premiers souvenirs sont empreints des sourires et des caresses les plus tendres ! » (Ms A, 4 v°) : voilà le portrait le plus vivant des Vénérables Serviteurs de Dieu Louis Martin et Zélie Guérin, tracé par la plus illustre de leurs filles. Sainte Thérèse de l'Enfant-Jésus de la Sainte Face, dans les premières pages d'Histoire d'une âme, décrit la douceur et la joie de sa vie familiale. Thérèse, le plus jeune Docteur de l'Église, a perçu sa famille comme la terre d'un jardin, « une terre sainte » où elle a grandi avec ses sœurs, sous la houlette habile et experte de ses incomparables parents. « Le bon Dieu - écrit-elle à l'abbé Bellière quelques mois avant sa mort - m'a donné un père et une mère plus dignes du Ciel que de la terre ». Cette conviction profonde des filles Martin de la sainteté de leurs parents était partagée par les membres de leur famille comme aussi par de simples personnes qui en parlaient comme d'un couple saint. Quatorze ans après la mort de Zélie, dans une lettre de 1891 (mille huit cent quatre-vingt onze), la tante Céline Guérin écrivait à Thérèse, déjà au Carmel : « Qu'ai-je donc fait pour que Dieu m'ait entourée de cœurs si aimants ! Je n'ai fait que répondre au dernier regard d'une mère que j'aimais beaucoup, beaucoup. J'ai cru le comprendre ce regard, que rien ne pourra me faire oublier. Il est gravé dans mon cœur. Depuis ce jour, j'ai cherché à remplacer celle que Dieu vous avait ravie, mais hélas ! rien ne remplace une Mère !...  Ah ! c'est que tes Parents, ma petite Thérèse, sont de ceux qu'on peut appeler des saints et qui méritent d'enfanter des saints ». Léonie, elle-même, qui créa tant de difficulté à ses parents, répétait à ses Sœurs de la Visitation de Caen : « Noblesse oblige ; j'appartiens à une famille de saints ; je dois être à la hauteur ». Les Martin ne sont pas saints pour avoir mis au monde une sainte, mais pour avoir aspiré à la sainteté en tant que couple. Ils étaient animés d'un désir réciproque, il y avait chez tous les deux la volonté de rechercher, dans l'état de vie qu'ils avaient embrassé, la volonté de Dieu et l'obéissance à son commandement : « Soyez saints car je suis saint ». Louis et Zélie Martin ont été l'humus, la terre féconde, où Thérèse est née et a vécu durant quinze ans, avant de devenir « la plus grande sainte des temps modernes ». (Saint Pie X).

 

 

terese-web.jpgLeur secret : une vie ordinaire "extraordinaire"

Louis et Zélie sont un exemple lumineux de vie conjugale vécue dans la fidélité, dans l'accueil de la vie et dans l'éducation des enfants. Un mariage chrétien vécu dans la confiance absolue en Dieu et qui peut être proposé aux familles d'aujourd'hui. Leur vie matrimoniale a été exemplaire, remplie des vertus chrétiennes et de sagesse humaine. Exemplaire ne signifie pas que nous devons calquer, photocopier leur vie en reproduisant tous leurs faits et gestes, mais que nous devons utiliser comme eux, les moyens surnaturels que l'Église offre à chaque chrétien pour réaliser sa vocation à la sainteté. La Providence a voulu que leur Béatification soit annoncée dans le cadre des célébrations du cent cinquantième anniversaire de leur mariage, treize Juillet mille huit cent cinquante huit. Pourquoi après tant de temps ? Une telle famille n'est-elle pas loin de notre époque ? En quoi sont-ils actuels, ces parents Martin ? Peuvent-ils aider nos familles à affronter les défis d'aujourd'hui ? Je suis sûr qu'un vaste débat va s'ouvrir autour de ce couple et lors de leur prochaine Béatification. Conférences, débats, tables rondes chercheront à déterminer l'actualité de leur expérience avec notre histoire si complexe. Une chose doit cependant être claire : l'Église n'a pas canonisé une époque, mais elle a examiné la sainteté. Avec les Martin, l'Église propose aux fidèles la sainteté et la perfection de la vie chrétienne, que ce couple d'époux a atteint de façon exemplaire et, pour utiliser le langage des Procès, jusqu'à un degré héroïque. L'Église ne s'intéresse pas à l'exceptionnel, mais a souligné comment, dans le quotidien de leur vie, ils ont été le sel de la terre et la lumière du monde (Matthieu 5.13-14). Le Serviteur de Dieu Jean-Paul II affirmait : Il est nécessaire que l'héroïque devienne quotidien et que le quotidien devienne héroïque. L'Église a établi que Louis et Zélie ont fait de leur vie quotidienne quelque chose d'héroïque, et de l'héroïsme quelque chose de quotidien. Cela est possible pour chaque chrétien quel que soit son état de vie. Il me plaît de citer ici un passage de la célèbre Lettre à Diognète sur le mariage chrétien et que les époux Martin ont su parfaitement incarner : « Les chrétiens ne se distinguent des autres hommes ni par le territoire, ni par la langue, ni par le vêtement. (…) Ils se marient comme les autres et ils ont des enfants, mais ils n'abandonnent pas les nouveau-nés. Ils vivent dans la chair, mais pas selon la chair. Ils passent leur vie sur la terre, mais ils sont citoyens du ciel. Ils obéissent aux lois établies, mais leur façon de vivre dépasse les lois ». Cette lettre trace un modèle concret de vie possible, une route que tout disciple de Jésus est appelé à parcourir, même aujourd'hui : annoncer la beauté du mariage chrétien avec ses expériences authentiques, crédibles, attrayantes. Pour réaliser ceci il faut des époux et des parents mûrs dans l'amour. Louis et Zélie ont embrassé la forme de vie conjugale pour suivre le Christ. Époux, conjoints et parents en Christ où le mariage est accueilli comme un appel et une mission donnés par Dieu. Avec leur vie, ils ont annoncé à tous la bonne nouvelle de l'amour "en Christ" : l'amour humble, l'amour qui n'épargne rien pour recommencer chaque matin, l'amour capable de confiance, de sacrifice. Cette communion émerge clairement dans les lettres échangées entre les deux époux. Dans une de ces brèves lettres, qui est presque une synthèse de l'amour matrimonial, Louis signe ainsi : « Ton mari et vrai ami, qui t'aime pour la vie ». À ces mots, lui font écho ceux de Zélie : « Je te suis en esprit toute la journée ; je me dis : "Il fait telle chose en ce moment". Il me tarde bien d'être auprès de toi, mon cher Louis ; je t'aime de tout mon cœur, et je sens encore redoubler mon affection par la privation que j'éprouve de ta présence ; il me serait impossible de vivre éloignée de toi ». Quel est le secret de cette communion ? Peut-être, le fait que, avant de se regarder réciproquement dans les yeux, ils tenaient leur regard fixé sur Celui de Jésus. Ils vivaient sacramentellement la communion réciproque, à travers la Communion que tous deux cultivaient avec Dieu. C'est là le nouveau "Cantique des Cantiques", propre aux conjoints chrétiens : non seulement ils doivent le chanter, mais eux seuls peuvent le chanter. L'amour chrétien est un "Cantique des Cantiques" que le couple chante avec Dieu.

 

 

La vocation en famille

La vocation est avant tout une initiative divine. Mais une éducation chrétienne favorise la réponse généreuse à l'appel de Dieu : C'est au sein de la famille que les parents doivent être pour leurs enfants, par leurs paroles et leur exemple, les premiers annonciateurs de la foi, et qu'ils doivent favoriser la vocation de chacun, et de façon spéciale, la vocation consacrée (CCC, 1656). Ainsi, si les parents ne vivent pas les valeurs évangéliques, les jeunes hommes et les jeunes filles pourront difficilement entendre l'appel, comprendre la nécessité des sacrifices à faire ou apprécier la beauté du but à atteindre. En effet, c'est dans la famille que les jeunes font leur première expérience des valeurs évangéliques, de l'amour qui se donne à Dieu et aux autres. Il faut même qu'ils soient formés à se rendre responsable de leur liberté, pour être prêts à vivre, selon leur vocation, les réalités spirituelles les plus élevées (Jean-Paul II : Vie consacrée). Tous les enfants Martin ont été accueillis comme un grand don de Dieu pour être ensuite rendus à Dieu. La maman, le cœur déchiré de douleur, a offert ses quatre enfants morts en bas âge. Le papa a offert ses cinq filles, à leur entrée au couvent. Pour leurs enfants, ils n'ont pas seulement souffert les douleurs de l'accouchement physique, mais aussi les douleurs d'engendrer en eux la foi jusqu'à ce que le Christ soit formé en eux (Galates 4, 19). Ils ont été vrais ministres de la vie et parents saints qui ont engendré des saints ; ils ont guidé et éduqué à la sainteté. La famille Martin, comme la famille de Nazareth, a été une école, un lieu d'apprentissage et un lieu d'entraînement à la vertu. Une famille qui d'aujourd'hui va devenir un point de repère pour chaque famille chrétienne.

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20 janvier 2010 3 20 /01 /janvier /2010 16:49

 

 

 

 

 

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5 janvier 2010 2 05 /01 /janvier /2010 09:37

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Seigneur, Dieu de bonté et de miséricorde, qui, dans le monde du mal et du péché, avez offert la Sainte-Famille de Nazareth à la société des âmes rachetées, comme un très pur exemple de piété, de justice et d'amour, voyez combien la Famille est aujourd'hui attaquée de toutes parts, et combien tout conspire à la profaner, en lui arrachant la foi, la religion et les bonnes mœurs. Secourez, Seigneur, l'œuvre de vos mains. Protégez dans nos foyers les vertus domestiques, elles sont l'unique garantie de concorde et de paix. Venez et suscitez les défenseurs de la famille. Suscitez les apôtres des temps nouveaux qui, en votre nom, grâce au message de Jésus-Christ et à la sainteté de leur vie, rappellent les époux à la fidélité, les parents à l'exercice de l'autorité, les enfants à l'obéissance, les jeunes filles à la modestie, les esprits et les cœurs de tous à l'estime et à l'amour de la maison bénie par vous.

 

Que la famille chrétienne restaurée, en Jésus-Christ, suivant les exemples du divin Modèle de Nazareth, retrouve son visage ; que tout nid familial redevienne un sanctuaire : que dans tout foyer se rallume la flamme de la foi qui aide à supporter les adversités avec patience et la prospérité avec modération, en même temps qu'elle dispose toutes choses dans l'ordre et dans la paix. Sous votre regard paternel, ô Seigneur, sous la garde de votre Providence et sous l'heureux patronage de Jésus, Marie et de Joseph, la famille sera un asile de vertus, une école de sagesse, elle sera un repos dans les rudes fatigues de la vie, un témoignage des promesses du Christ. A la face du monde, elle vous rendra gloire, à vous, Père, et à votre Fils Jésus, jusqu'au jour où, avec tous ses membres, elle chantera vos louanges dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.

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5 janvier 2010 2 05 /01 /janvier /2010 04:08
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29 décembre 2009 2 29 /12 /décembre /2009 02:08

Nous publions ci-dessous l’homélie quasi-intégrale de Mgr Jean-Pierre Ricard, Archevêque de Bordeaux, prononcée le dimanche 6 décembre 2009 à l'occasion de l'élévation de l'église Notre-Dame d'Alençon au rang de "basilique". Une homélie qui est centrée sur la sainte vie des Bienheureux Louis et Zélie Martin, béatifiés par l'Eglise en juillet 2008 :

 

 

 

Chers frères et sœurs dans le Christ,

 

zelieetlouismartin.jpg« […] [Chez] les Bienheureux Louis et Zélie Martin, […] la première chose qui me frappe en découvrant leur vie, c'est l'appel qu'ils nous lancent à vivre la sainteté dans le quotidien le plus ordinaire des jours. […] La sainteté fait partie de leur projet de vie. Un jour, Zélie Martin écrira à ses filles Marie et Pauline : « Je veux devenir une sainte, ce ne sera pas facile il y a bien à bûcher et le bois est dur comme une pierre. Il eût mieux valu m'y prendre plus tôt, pendant que c'était moins difficile, mais enfin « mieux vaut tard que jamais ». Louis et Zélie ont compris que la sainteté n'était pas autre chose que la vie chrétienne prise au sérieux, que l'expérience croyante qu'on laisse se déployer dans toute son existence. Le secret de leur vie chrétienne a tenu en trois mots : « Dieu premier servi ». Ils sont pour nous aujourd'hui un appel : la recherche et la découverte de l'amour du Seigneur sont-elles vraiment la boussole de notre vie ? La vie des époux Martin ressemble à la nôtre. Certes, nous la voyons aujourd'hui marquée par leur époque, par la mentalité du temps et la culture de leur milieu. Mais, fondamentalement leur existence ressemble à celle de millions d'autres : une vie de couple où les tempéraments de Louis et de Zélie, si différents par certains côtés, apprennent à s'ajuster, une vie de famille nombreuse, une petite entreprise qui est source de revenus mais aussi de bien des soucis, des joies familiales, le souci des vieux parents, des épreuves de santé, des deuils, une pratique religieuse fidèle qui devait être semblable à celle d'un certain nombre de pratiquants pieux de cette paroisse Notre-Dame au 19° siècle. Pourtant, chez eux, cette vie quotidienne qui n'a rien d'extraordinaire ni d'héroïque va être habitée par cette perception profonde de la présence mystérieuse de Dieu, par cette conviction que nous sommes sous sa Providence, c'est-à-dire que tout concourt au bien de ceux qui aiment Dieu. Cette foi qui les guide s'exprime en une confiance profonde dans cet amour que Dieu a pour nous. Si le Seigneur est là, s'il nous aime, s'il veille sur nous et nous guide, pourquoi avoir peur ? Laissons-nous conduire par lui. Zélie dit : « Quand je pense à ce que le bon Dieu, en qui j'ai mis toute ma confiance et entre les mains de qui j'ai remis le soin de mes affaires, a fait pour moi et mon mari, je ne puis douter que sa divine Providence ne veille avec un soin particulier sur ses enfants  ». Qu'en est-il pour nous ? Vivons-nous dans cet accueil de la présence de Dieu en nous ? Demeurons-nous en Dieu comme Lui en nous ? Laissons-nous le Seigneur nous établir dans la confiance et dans la paix ?

 

Louis et Zélie cherchent à découvrir ce que Dieu attend d'eux et à faire sa volonté. C'est cette recherche qui guide les décisions qu'ils sont amenés à prendre ou leurs actions quotidiennes, dans les grandes comme dans les petites choses. Inviter à faire la volonté de Dieu est également au cœur de l'éducation qu'ils donnent à leurs filles. Ils cherchent à déchiffrer à travers les événements de leur vie ce que Dieu veut leur faire comprendre, pour qu'ils puissent dire « oui », comme la Vierge Marie à l'ange de Dieu. Ils cherchent à faire la volonté de Dieu dans leur vie de couple, dans l'éducation de leurs filles, dans leur vie de famille, dans leur travail professionnel, dans leur vie de paroisse ou d'association. Ils ne font pas de séparation entre une sphère religieuse de leur existence et une sphère profane. Ils savent que c'est toute leur vie qui doit être sanctifiée, qui doit être vécue sous le regard de Dieu. Qu'en est-il pour nous ? Notre vie est-elle toute éclairée par l'Evangile ? A-t-elle ses zones d'ombre ? Ses résistances à l'Esprit ? […] Zélie et Louis cherchent, chacun à leur manière et chacun aux différentes étapes de leur existence, à discerner l'attitude de foi que Dieu attend d'eux. Devant le danger de mort qui guette tel ou tel de leur nouveau-né, devant l'apparition du cancer pour Zélie, celle de la maladie cérébrale pour Louis, ils prient, ils demandent au Père, comme le Christ aux Jardin des oliviers, d'éloigner cette coupe d'eux-mêmes mais ils ajoutent aussitôt comme lui : « que ta volonté soit faite et non la mienne ». Zélie dit à ses filles : « Nous devons nous mettre dans la disposition d'accepter généreusement la volonté du bon Dieu, quelle qu'elle soit, car ce sera toujours ce qu'il peut y avoir de mieux pour nous ». Ne voyons pas dans ces expressions un quelconque masochisme ou une complaisance sacrificielle morbide. Louis et Zélie cherchent l'attitude juste pour se donner à Dieu et se donner aux autres. Dans sa dernière lettre, adressée à son frère, quelques jours avant sa mort, Zélie écrit : « Que voulez-vous ? Si la Sainte Vierge ne me guérit pas, c'est que mon temps est fait et que le bon Dieu veut que je me repose ailleurs que sur la terre... ». Louis, de son côté, voit partir chacune de ses filles vers la vie religieuse. Il risque de se retrouver seul mais il ne veut pas les garder pour lui. Il vit la situation d'Abraham à qui Dieu demande son fils. Lors de l'entrée de Thérèse au Carmel, à quelqu'un qui lui dit qu'il n'a rien à envier à Abraham, il répond vivement : « Oui, mais, je l'avoue, j'aurais levé lentement mon glaive, espérant l'ange et le bélier ». Oui, Louis et Zélie Martin veulent suivre le Christ qui prend cette route du don total de soi-même et ils savent dans la foi quelle fécondité contient un tel don. En contemplant leur vie, nous voyons que c'est bien dans la prière, dans l'Eucharistie, dans une vie ecclésiale régulière et dans une attention très réaliste aux autres, qu'ils puisent, au jour le jour, le dynamisme de leur don de soi. Ils sont ainsi les témoins de la joie, de la vraie joie, celle de croire et de vivre dans le Christ […].

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28 décembre 2009 1 28 /12 /décembre /2009 12:01
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27 décembre 2009 7 27 /12 /décembre /2009 22:44

« La conception de l'enfant s'inscrit dans la fécondité spirituelle et sacramentelle d'un couple , mais celle-ci ne se réduit pas à la présence des enfants », rappelle le Père Matteuuws. A l'occasion du 40ème anniversaire de la promulgation de l'encyclique de Paul VI, « Humanæ vitæ » (25 juillet 1968), le Père Alain Mattheeuws, jésuite belge, revient en effet sur l'importance de ce document du Magistère. Après avoir défendu sa thèse en théologie morale à l'Institut Catholique de Toulouse, le Père Mattheeuws est devenu professeur ordinaire de théologie morale et sacramentaire à la Faculté de Théologie de la Compagnie de Jésus à Bruxelles (Institut d'Etudes théologiques). Sa première étude publiée concernait la genèse de la doctrine du mariage concernant l'acte conjugal : « Union et Procréation. Développements de la doctrine des fins du mariage » (Cerf, 2006). Le livre est préfacé par le cardinal G. Danneels. Publié en français, il a été traduit dans d'autres langues.

 

 

 

 

 

Carine Brochier - La question de la contraception est-elle si importante ?

P. Mattheeuws - Certains acceptent encore d'en parler, d'autres nient que ce soit encore une question éthique. Que ce soit sous forme de déni ou de refus, d'acceptation paisible ou douloureuse, la réalité d'une possible dissociation des significations unitive et procréative de l'acte conjugal, reste bien présente dans la vie et la conscience des hommes et des femmes de notre temps. L'enjeu n'est pas celui des slogans ou des statistiques : « l'Eglise est contre la pilule » ou bien « la plupart des couples chrétiens ont une contraception chimique ». Signalons au passage que le mot « contraception » n'apparaît pas dans l'encyclique ! L'enjeu est celui d'une bonne ou meilleure compréhension de la grandeur de l'acte conjugal et de la signification des corps sexués. L'homme et la femme ont une grande responsabilité lorsqu'ils posent cet acte qui les unit aussi au Créateur. Quelle est la vérité de cette union intime et personnelle ? Est-il possible de faire le bien en se donnant charnellement et ainsi de grandir en sainteté dans la relation conjugale et parentale ?

 

 

C. Brochier - Pourriez-vous nous rappeler-nous les affirmations décisives de l'encyclique ?

P. Mattheeuws - Du point de vue doctrinal, Humanae vitae affirme que « chaque acte conjugal doit rester ouvert à la transmission de la vie humaine » (HV n°11). Il s'agit de respecter « le lien indissoluble que Dieu a voulu et que l'homme ne peut rompre de son initiative, entre les deux significations de l'acte conjugal : union et procréation » (HV n°12). Du point de vue doctrinal et pastoral, les implications morales sont les suivantes : que « le couple ne se pose pas en maître de la vie humaine mais plutôt en ministre du dessein établi par le Créateur » (HV n°13). Poser l'acte conjugal en période infertile reste une expression de l'amour car il est « ordonné à exprimer et consolider l'union des conjoints » (HV n°11). Les deux significations « unitive et procréative » ne sont pas des fonctions biologiques mais des traits essentiels de l'acte à respecter. Cette présence simultanée des deux significations authentifie la vérité du don conjugal. C'est pourquoi il faut éviter « toute action qui, soit en prévision de l'acte conjugal, soit dans son déroulement, soit dans le développement de ses conséquences naturelles, se proposerait comme but ou comme moyen de rendre impossible la procréation » (HV n°14, repris par Familiaris consortio n°32). Ce qui dissocie les significations de l'acte conjugal n'est jamais un « bien ». La responsabilité du ou des époux est toujours engagée mais de manières très diverses : disons-le clairement.

 

 

C. Brochier - N'est-ce pas une question d'ordre privé, intime, personnel ?

P. Mattheeuws - Certainement, et il faut veiller à en parler avec tact, discrétion et pudeur dans les échanges pastoraux entre couples et aussi avec des célibataires, conseillers conjugaux ou spirituels. Il y a divers langages pour parler de la même question et il est bon de les respecter. Pour la même vérité, le langage est différent dans l'enseignement, la recherche, le dialogue personnel ou le sacrement de réconciliation. N'oublions pas que la question spirituelle ou morale n'est pas seulement celle d'un conjoint. Elle dépasse déjà le cadre strictement privé et individuel pour les époux. Bien sûr, il est bon et indispensable qu'ils puissent parler ensemble de la manière dont ils exercent leur parenté responsable, ou pour mieux dire, parler de la manière dont ils sont « responsables de la paternité » de Dieu. Car la régulation des naissances dans l'acte conjugal concerne le Créateur. La plupart du temps, dans les débats, les témoignages et les arguments utilisés, le grand absent, c'est Dieu. La plupart d'entre nous, peinons à « voir » combien l'acte conjugal est un « signe » de l'amour divin dans l'histoire humaine et qu'il y est présent. Sa présence discrète, mais ultimement décisive pour l'union et la procréation, est à respecter. Dans la manière de poser l'acte conjugal, l'homme et la femme accueillent ou refusent une présence divine dans l'histoire. Personne ne vient à l'existence sans avoir été voulu par Dieu. Toute procréation humaine suppose une intervention créatrice de Dieu. Nos actes humains correspondent-ils à la grandeur de l'acte Créateur ? Telle est la question : elle atteint une profondeur infinie dans cette intimité des corps et dépasse ainsi l'ordre des sphères du privé et du public. Les époux sont les coopérateurs de l'amour de Dieu dans l'histoire humaine.

 

 

C. Brochier - Pourquoi tant de difficultés à comprendre le message ?

P. Mattheeuws - Les causes sont multiples, mais il faut éviter de juger les personnes. Ces difficultés peuvent aussi varier suivant les générations et les couples. Il est instructif de relire les principaux documents des conférences épiscopales au moment de la publication de l'encyclique. Ne faisons pas cependant d'anachronisme : nous ne sommes plus en 1968 ! Aujourd'hui, je soulignerais trois points : une ignorance et une méconnaissance des enseignements de l'Eglise, un appauvrissement de la compréhension des expressions de l'amour conjugal souvent réduites à l'acte sexuel, une peur réelle de donner la vie car elle n'a plus toujours une signification éternelle. Pour rendre compte de l'ampleur de la difficulté à travers le temps, j'ajouterais deux points. Il me semble qu'Humanae vitae en 1968, ainsi que d'autres textes de Jean-Paul II par la suite, commencent à expliciter un enseignement renouvelé de la beauté et de la grandeur de l'acte conjugal. Qui dit grandeur, dit exigence spirituelle. Cette « nouveauté » est dans la tradition, mais elle s'est révélée comme « neuve » à notre époque. Je dirais même qu'on a assisté à une continuité évolutive qui concerne non pas le dogme mais un point précis de la doctrine morale concernant l'amour conjugal. Il est normal qu'il faille du temps à l'Eglise comme corps pour intégrer ce « nouvel » apport de la Révélation. Par ailleurs, les aspects techniques ou les argumentations qui entourent l'intuition d'Humanae vitæ cachent parfois un point central : s'il s'agit vraiment d'un enjeu vital, d'une manière décisive d'aimer Dieu et le conjoint, il est clair que les difficultés à vivre ce qui est proposé et à l'intégrer en profondeur sont signes d'un combat spirituel et non pas d'un malentendu, d'une argumentation défaillante ou d'une incompréhension des situations historiques. L'horizon de la civilisation de l'amour et du respect de la vie éclaire pour chacun de nous l'enjeu de ce combat spirituel.

 

 

C. Brochier - Est-ce une affaire de conscience pour les chrétiens ?

P. Mattheeuws - La conscience d'un chrétien n'est ni une île ni une caverne : elle s'éclaire d'un enseignement qui vient toujours d'au-delà d'elle-même. La conscience chrétienne est toujours « dépassée » par une révélation qui vient d'ailleurs : elle s'appartient dans l'abandon d'elle-même et dans la libre démaîtrise. C'est le sens profond du baptême, où nous ne revêtons pas le Christ de manière superficielle et extérieure. [...] La conscience tend à rester en communion avec l'enseignement ecclésial. Cette lumière est dès lors décisive. Chacun de nous ne peut pas - sans erreur et sans dommage pour lui et pour les autres - juger juste et bon ce que l'Eglise déclare contraire au bien commun et à l'économie sacramentelle. Le « mal » moral non perçu comme mal reste un mal et « fait mal ». Le Concile Vatican II a affirmé que la conscience est un « sanctuaire » personnel. Cette expression souligne l'intimité du jugement ultime de chacun. Elle dit aussi comment Dieu est intime à ce jugement. Ce sanctuaire où s'élabore un jugement et où se prend une décision, appartient à Dieu : il est le lieu d'une prière qui peut lui être adressée, que ce soit dans le jugement, la réflexion, la décision. Il y est présent. Il l'habite. Dieu est proche de celui qui se décide. Il le fait avec discrétion et amour. A nous d'observer comment l'Esprit saint illumine notre esprit pour nous donner de comprendre toute l'amplitude de l'amour dont nous pouvons vivre.

 

 

C. Brochier - Ne faudrait-il pas une nouvelle encyclique sur cette question ?

P. Mattheeuws - La question est posée par certains chercheurs et par des pasteurs. On me la pose régulièrement. Je ne crois pas que ce soit nécessaire en ce moment. Nous n'avons pas encore intégré, en région francophone et occidentale, tous les apports réflexifs du Pontificat de Jean-Paul II. Nous découvrons à peine, surtout dans les nouvelles générations, la beauté de sa théologie du corps et les intuitions personnalistes de sa pensée. Nous ne mesurons pas assez la profondeur de sa vision trinitaire de la Création ni les conséquences de sa vision du « don » dans l'acte libre de celui qui cherche à faire le bien. J'invite pour ma part ceux et celles qui sont de bonne volonté à suivre le chemin tracé par les catéchèses de Jean-Paul II. Ensuite, je les convie à réfléchir à partir de la présentation « unifiante » de l'amour faite par Benoît XVI dans son encyclique Deus caritas est. L'amour est « un » et ses dimensions diverses, particulièrement l'éros, acquièrent leur statut dans la personne unifiée et dans une relation conjugale qui respecte cette unité de la personne et du couple.

 

 

C. Brochier - Que pensez-vous des méthodes naturelles pour une paternité et une maternité responsables ?

P. Mattheeuws - En quelques années, les recherches se sont fort bien développées dans ce domaine. La plupart de ces méthodes sont reconnues scientifiquement fiables, mais elles sont peu connues du grand public et peu enseignées. C'est vraiment dommage. Par ailleurs, j'attirerais l'attention sur trois points en ce qui concerne les méthodes. Ce n'est pas leur caractère « naturel » qui les rend catholiques. Il vaut mieux parler de méthodes d'auto-observation. Elles comportent d'ailleurs toutes un aspect « artificiel ». La nature pure est un mirage et l'adjectif « naturel » n'est pas à soi seul un argument. Par ailleurs, du point de vue moral, ce n'est pas la méthode (l'objet matériel) qui rend un acte « bon » ou mauvais. Il n'y a pas de méthode « catho ». Il y a des méthodes qui permettent de respecter le « lien indissoluble des deux significations de l'acte » et que les époux peuvent utiliser à bon escient. Un dernier point : mon expérience pastorale et de nombreux témoignages montrent que parmi les méthodes « naturelles », certaines conviennent mieux à tel couple, à telle épouse, et pas à d'autres. Il s'agit donc de chercher celle qui s'adapte au mieux. Il ne faut pas « absolutiser » l'usage d'une méthode ni surtout, dans la vie pastorale, se disputer entre chrétiens sur l'efficacité d'une méthode. La sagesse et la prudence doivent s'exercer également dans ce domaine.

 

 

C. Brochier - Le point difficile, n'est-ce pas la continence périodique que supposent toutes les méthodes « naturelles » ?

P. Mattheeuws - Oui, c'est le plus souvent une difficulté de la vie conjugale puisqu'il faut dialoguer et prévoir, si on a le désir de postposer une naissance, de ne pas s'unir durant les périodes fécondes. Le défi premier est la maîtrise du désir et la libre décision à prendre. Mais plus profondément (en morale fondamentale), ce qui est en jeu, ce n'est pas une « pratique » ni une « vertu », mais la bonté d'un acte. La continence périodique n'est pas « négative » : elle est positive. L'abstention d'une relation conjugale est aussi une manière d'exprimer son amour. L'acte conjugal est un signe privilégié de l'amour dans le mariage, mais son abstention peut également, dans certaines circonstances, être un signe d'amour. L'abstention est un comportement bon, choisi pour un temps. Il vise à dire l'amour pour autrui. Il vise la vérité de l'amour mutuel. La continence périodique n'introduit pas de division dans la personne et dans l'amour qui s'offre. Dans la continence périodique, les époux ne s'aiment pas moins : ils continuent à dire en leur corps ce qu'ils veulent se dire : leur amour. L'abstention de relations sexuelles comporte en raison la décision de ne pas générer d'enfants et de rester dans la vérité du langage de l'amour.

 

 

C. Brochier - Selon vous, quels sont les point délicats, peut-être encore à approfondir ?

P. Mattheeuws - Ils sont nombreux, tant du point de vue doctrinal que pastoral. S'ils sont à approfondir, cela ne signifie pas que la doctrine enseignée est fausse ! Au contraire, c'est la richesse de l'intuition et des affirmations de Paul VI qui poussent à réfléchir et à vivre. Comment tout d'abord ne pas identifier la fécondité d'un couple ou d'une famille à la seule procréation des enfants ? Il convient de montrer l'ampleur de la fécondité spirituelle et sacramentelle d'un couple : la conception de l'enfant s'inscrit dans cette fécondité, mais celle-ci ne se réduit pas à la présence des enfants. L'acte conjugal, posé dans le mariage est un acte commun aux époux, mais leur conscience n'épouse pas de la même manière la décision d'unir ou de dissocier les significations « unitives et procréatives ». Il n'y a jamais fusion des consciences des époux : le vade-mecum sur le sacrement de réconciliation l'explique très bien. Les méthodes dites « naturelles » ne qualifient pas ultimement ce que font les époux : ils peuvent être respectueux de la méthode avec une réelle intention contraceptive. Comment appliquer avec justesse la fameuse « loi de gradualité » dont parle Familiaris consortio n°34 à cette situation conjugale ? Dans ce contexte, quelle est la valeur visée dans la continence périodique ? Quelle est la place de Dieu dans l'union conjugale ? L'ouverture à la vie est-elle toujours possible ? Quels liens tisser historiquement entre le refus de la doctrine d'Humanae vitae et l'anti-life mentality ? Comment cette « nouvelle » exigence éthique de l'encyclique (en 1968) montre-t-elle encore son actualité à l'intérieur des nouveaux débats bioéthiques ?

 

 

C. Brochier - Un dernier souhait ?

P. Mattheeuws - Que la conscience chrétienne visite à nouveau cette période difficile de l'Eglise et découvre la richesse de la personnalité de Paul VI. Ce pape courageux, d'une grande intelligence et délicatesse de cœur mérite qu'on le connaisse mieux. Qu'on puisse voir tout ce qu'il a fait sans réduire toute son action à la promulgation d'Humanae vitæ et aux critiques qu'on lui a faites. On percevra ainsi son souci des pauvres et du respect de leur dignité personnelle, en lien avec Populorum progressio. Les questions sont d'ailleurs liées entre elles. Et pour ceux et celle qui le peuvent, qu'ils lisent le discours de Paul VI aux Equipes Notre Dame (1970) : ils y trouveront un commentaire personnel que le pape fait de son encyclique Humanae vitæ. Il témoigne de sa bienveillante bonté.

 

Zenit

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27 décembre 2009 7 27 /12 /décembre /2009 11:57
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