En ce Dimanche de Pâques, Solennité des Solennités pour l'Église ! ...car voici maintenant près de 2000 ans, Jésus-Christ a historiquement jailli d'un tombeau. Avec notre Sauveur, nous avons maintenant la certitude intérieure que la mort - qui nous attend tous - n'aura pas le dernier mot. En effet, depuis notre Baptême, ce jour « où nous avons été ensevelis avec le Christ dans sa mort, (...) nous vivons nous aussi dans une vie nouvelle » (Epître de Saint Paul aux Romains 6, 4). Introït de la Messe : « Resurréxi, et adhuc tecum sum, allelúia : posuísti super me manum tuam, allelúia : mirábilis facta est sciéntia tua, allelúia, allelúia. Ps. Dómine, probásti me et cognovísti me : tu cognovísti sessiónem meam et resurrectiónem meam. Glória Patri… Resurréxi… » (« Je suis ressuscité, et je suis encore avec vous, Alléluia : Vous avez posé votre main sur Moi, alléluia ; Votre sagesse a fait des merveilles, alléluia, alléluia. Ps. Seigneur, Vous m’avez éprouvé et vous me connaissez : vous avez été témoin de ma mort et de ma résurrection. Gloire au Père… Je suis ressuscité… »)Vidi aquam + Kyriale I (Lux et origo) + Credo III
A Pâques, la Liturgie de l'Église célèbre avec joie la Résurrection de Notre Seigneur Jésus-Christ. C'est un fait historique que les saintes femmes, les apôtres et les disciples ont constaté, touché et vu (cf : 1 Corinthiens 15, 3-8 ; Jean 20, 1-29 ; Matthieu 28, 9-10) ...mais surtout témoigné aux païens et aux juifs ! La magnifique séquence liturgique que nous chantons en ce jour nous rappelle cette importance historique. Marie-Magdeleine a vraiment vu les témoins angéliques, le suaire mais aussi les vêtements du Christ-Ressuscité. Avec la grâce de notre foi, nous devons à notre tour témoigner avec conviction cette joie pascale ...car par sa propre mort, le Christ a changé la nature même de la mort ; Il a fait de cet "instant" funeste un "passage", une pâque dans le Royaume de Dieu ; Il a transformé en une victoire ce qui est et reste une tragédie humaine.Un jour que Dieu seul connait, la mort viendra aussi nous prendremais dans cette Résurrection Pascale réside toute notre foi et notre espérance carla mort, le mal et autres souffrances aussi insoutenables soient-elles de ce monde enténébré NE GAGNERONT PAS LE COMBAT ! (cf : Séquence : "mors et vita duello conflixere mirando, dux vitae mortuus regnat vivus"). Prenons toujours plus conscience de cette Vérité de Foi. La Liturgie de l'Église nous le rappelle chaque Dimanche dans le Credo : "et expécto resurrectionem mortuorum".Si nous voulons gagner ce combat, prenons notre vie au sérieux car la résurrection des morts se conjuguera avec la séparation des boucs et des brebis (Matthieu 25, 31-46). Ceux et celles qui auront vécu ici-bas dans le péché volontaire et conscient ressusciteront aussi mais avec une forte probabilité de sombrer - à cause de leur refus personnel de s'ouvrir à l'Amour-Miséricordieux du Christ qui s'offre pourtant gratuitement à eux - en enfer éternel. A l'inverse, les nombreux baptisés qui auront choisi, avec l'Église pour Mère et Éducatrice (Mater et Magistra), le difficile chemin (Matthieu 7, 13-14) de la sainteté pourront s'entendre dire : "Venez, les bénis de mon Père ; recevez en héritage le Royaume préparé pour vous depuis la Création du monde" (Matthieu 25, 34). Grande et éternelle sera alors notre joie !
• TEXTES LITURGIQUES (Dominica Paschæ in Resurrectione Domini - Ad Missam in Die)
- Actes 10, 37-43 : Les Apôtres témoins de la Résurrection
- Psaume 118, 1 : Ce jour que fit le Seigneur est un jour de joie
- Colossiens 3, 1-4 ou 1 Colossiens 5, 6-8 : Vivre avec le Christ ressuscité ou La Pâque, exigence de renouvellement
- Jean 20, 1-9 :Le tombeau vide et la foi des Apôtres ou L'Évangile de la Vigile Pascale selon l'année liturgique
Introït de la Messe : "Resurrexi"
(Cathédrale de Cologne, 27/03/2016)
Séquence de la Messe : "Victimæ paschali laudes"
(Grandes Orgues de la Cathédrale de Cologne, 2012)
Communion de la Messe : "Pascha nostrum"
(Cathédrale de Cologne, 27/03/2016)
La Liturgie de la Vigile Pascale est pour l'Église la plus haute et la plus noble des solennités de l'Année Liturgique. Depuis les temps les plus reculés, cette nuit est « une veille en l'honneur du Seigneur » (Exode XII, 42) et la veillée célébrée au cours de cette nuit, en commémorant la nuit sainte où le Seigneur est ressuscité, est tenue pour « la mère de toutes les saintes veillées » (Saint Augustin). Car en cette nuit, l'Église veille dans l'attente de la Résurrection du Seigneur-Jésus et la célèbre par les sacrements de l'initiation chrétienne (baptême, confirmation). La Vigile Pascale se déroule entièrement de nuit : elle ne peut commencer qu'après la tombée de la nuit et doit s'achever avant l'aube : elle est unique en chaque église et tient lieu des matines du jour de Pâques. Les abus qui font célébrer la Vigile Pascale aux heures où l'on célébre habituellement les messes anticipées sont strictement réprouvés (cf : Lettre circulaire "De festis paschalibus" §78, Congrégation pour le Culte Divin, 16/01/1988).
RÉSUMÉ LITURGIQUE DE LA VIGILE PASCALE
(SELON LE MISSALE ROMANUM 2002)
POUR PLUS DE PRÉCISIONS LITURGIQUES, LIRE ET ÉTUDIER
Le Samedi Saint, l'Église demeure en prière auprès du tombeau de Notre Seigneur, méditant Sa Sainte Passion et Sa Sainte Mort, ainsi que Sa descente aux enfers. Le silence, le jeûne et l'abstinence sont conseillés pour que l'on parvienne, avec un cœur élevé et libéré, aux joies de Sa Sainte Résurrection(cf : Sacrosanctum Concilium N°110). En ce Samedi Saint, « la Tradition enseigne que Marie réunit en quelque sorte en Sa personne le Corps de l’Église tout entière : elle est la "credentium collectio universa". Ainsi, la Vierge Marie qui se tient près du Sépulcre de Son Filsest l’icône de l’Église-Vierge, qui veille près du tombeau de Son Époux, dans l’attente de la célébration de la Résurrection. Cette intuition d’une telle relation étroite entre Marie et l’Église provient du pieux exercice appelé "l’Heure de la Mère" : tandis que le Corps du Fils repose dans le Sépulcre et que Son Âme est descendue aux enferspour annoncer aux ancêtres dans la foi, qui vivent encore dans l’ombre de la mort, leur libération imminente, la Vierge, anticipant et personnifiant l’Église, attend la victoire de Son Fils sur la mort en faisant preuve d’une foi inaltérable » (cf : Directoire de piété populaire N°146-147)
« Marie, Mère d’Espérance et de Consolation, je veux passer ces dernières heures d’attentede la Résurrection
de Votre Fils avec vous. Quand les doutes m’assaillent, quand ceux qui m’entourent me méprisent,
soyez ma consolation,ma force et mon soutien. Vous avez été un appui pour les apôtres désemparés
et apeurés : comment ne le seriez-vous pas maintenant pour moi ? Mère d’Espérance et d’Amour,
apprenez-moi à souffrir à vos côtés, afin de jouir plus tard de la joiede la Résurrection de Jésus-Christ. Amen »
Immédiatement après sa sainte mort, l'âme de Jésus-Christ, par elle-même (Denzinger N°738), est « descendu aux enfers ». Le mot "enfer" vient du latin "infernus", c'est-à-dire "d'en-bas". Dans la conception juive, il correspond à ce que la Sainte Écriture appelle "Shéol" (Psaume 49, 16 ; L'Écclésiastique de Ben Sira 21, 9-10 ; etc.), c'est-à-dire le lieu du Royaume des Morts (l'Hadès) où les âmes d'avant la RÉCAPITULATION du Christ (Éphésiens 1, 23) "attendaient" Sa Victoire définitive sur le Diable par Son Saint-Sacrifice Rédempteur. Il ne faut pas confondre "les enfers" de "l'Enfer des damnés". Lors de sa descente aux enfers, l'âme de Jésus-Christ ne descend pas dans le gouffre abyssal de l’Enfer éternel des damnés, ce « puit de l'abîme » (Apocalypse IX, 1). Elle s'arrête juste à ses portes pour y libérer exclusivement les âmes des justes qui l’avaient précédé... car depuis la faute d'Adam (dogme du péché originel), les portes du Paradis étaient fermées (Genèse 3, 24) :
Avec cet article du Credo, nous contemplons Notre Seigneur Jésus-Christ dans la dernière étape de sa"kénose".En descendant aux enfers(dans les "Limbus Patrum" dira Saint Thomas d'Aquin),Jésus-Christ descend encore plus bas que la mort ! Pour notre Salut Eternel, Il poursuit son chemin d’humiliation jusqu’au plus bas. Lui, le Messie, le Fils Eternel de Dieu, dans l’obéissance à Son Divin Père, rejoint l’homme jusque dans ses enfers pendant trois jours et trois nuits (Matthieu 12, 39-40). C’est ainsi que nous Le contemplons. En affirmant dans le Credo que Jésus-Christ est descendu aux enfers(dans le "sein d'Abraham" ; Luc 16, 22), notre Sauveur va jusqu’au bout de Son Amour, jusque dans le détestable et le haïssable de la mort. Telle est la toute puissance de Dieu. Il remplit tout. En descendant aux enfers, le Fils de Dieu va briser les verrous de la solitude absolue qu’est la mort. Il vient personnellement tirer les esprits emprisonnés (1 Pierre 3, 19) de leurs ténèbres en les entraînant ainsi dans la lumière éternelle ! (Psaume 86, 13). A son contact substantiel, toutes les âmes des justes qui l'avaient précédé sont illuminées et entraînées vers le Paradis qui n'est autre que le règne infini de l'Amour. « Par cette lumière, ils virent clairement l'essence divine, ils connurent la majesté infinie de leur Libérateur, et tous furent glorifiés. En ce moment, les Limbes devinrent le Ciel même, et changèrent le nom de prison en celui de séjour des bienheureux » (Saint Jean Chrysostome).
A cet instant, l'Enfer des damnés éternels (= anges déchus + hommes et femmes refusant l'Amour de Dieu) perçoit cet événement comme une véritable catastrophe. Hurlements suprême de haine en Enfer ! Il subit de plein fouet le choc de l'Amour qu'il a lui-même rejetééternellement.En Enfer, il y a une opposition radicale, mystérieuse mais pourtant irréductibleà la Divine et inépuisable Miséricorde. Par sa descente aux enfers,notre Roi et Dieu Jésus-Christimpose donc à l'Enfer éternel des damnés, sur son propre terrain balisé par la mort, la pression glorieuse de l'éternel Amour ! « Oui, l'Amour est si fort qu'il résiste à la mort,son ardeur inflexible a son ombre aux enfers ses éclairs, ses flambées, fusent en traits de feu,flamme et fulguration, c'est l'incendie de Dieu. Toutes les grandes eaux des fleuves et des mersne pourront submerger ni éteindre l'Amour ». (Cantique des Cantiques 8, 6-7).
Le Vendredi Saint, la Liturgie de l'Église, entrée depuis hier dans le Temps Sacré du Triduum Pascal, nous invite à célébrer la Sainte Passion du Christ-Seigneur. Ce grand mystère sacrificiel, propitiatoire, expiatoire, impétratoire, satisfactoire, eucharistique et latreutique du Saint Agneau immolé sur le Calvaire réalise pleinement notre Salut. En regardant la Croix de Son Seigneur et Époux, l'Église-Épouse se souvient qu'elle est née du côté du Christ endormi sur la Croix. « De même qu'Eve a été formée du côté d'Adam endormi, ainsi l'Église est née du Cœur transpercé du Christ mort sur la Croix » (Saint Ambroise). Vers 15H00, l'Église universelle célèbre la Sainte Passion du Christ (traditionnellement, nous commençons avec le Chemin de Croix que l'on méditera dans l'église de 14H00 à 15H00 + Office des Présanctifiés de 15H00 à 16H00). L’Église nous invite à partager pleinement les sentiments de Jésus et à contempler toutes ses souffrances volontairement subies en sa nature humaine à cause de nos péchés. Les fidèles catholiques sont bien évidemment invités à l'abstinence et au jeûne (pas de viande en particulier).
« Il n'avait ni beauté ni éclat pour attirer nos regards. Objet de mépris, abandonné des hommes,
homme de douleur, familier de la souffrance, comme quelqu'un devant qui on se voile la face,
méprisé, nous n'en faisions aucun cas. Or ce sont nos souffrances qu'il portait et nos douleurs
dont il était chargé. Et nous, nous le considérions comme puni, frappé par Dieu et humilié.
Mais lui, il a été transpercé à cause de nos crimes, écrasé à cause de nos fautes.
Le châtiment qui nous rend la paix est sur lui, et dans ses blessures nous trouvons la guérison.
Tous, comme des moutons, nous étions errants, chacun suivant son propre chemin, et le Seigneur
a fait retomber sur lui nos fautes à tous » (Prophète Isaïe, chapitre 53, 2-7)
SERMON DE SAINT JEAN CHRYSOSTOME,
PRONONCÉ LE VENDREDI SAINT
À ANTIOCHE (28 MARS 392)
EXTRAIT :« (…) Vous avez vu la victoire admirable, vous avez vu les exploits et les bienfaits de la croix ? (…) Jésus-Christ a triomphé du démon par les moyens mêmes avec lesquels le démon avait vaincu le monde, il a combattu avec ses propres armes. Ecoutez comment. Une vierge, le bois, la mort, avaient été les moyens et les instruments de notre défaite. La vierge était Eve qui n'avait pas encore connu Adam; le bois était l'arbre, et la mort la peine imposée au premier homme. Une vierge, le bois et la mort, qui avaient été les moyens et les instruments de notre défaite, sont devenus les moyens et les instruments de notre victoire. Marie a remplacé Eve ; le bois de la croix, le bois de la science du bien et du mal; la mort de Jésus-Christ, la mort d'Adam. Vous voyez que le démon a été vaincu par les mêmes moyens avec lesquels il avait triomphé. Le démon avait renversé Adam avec le bois de l'arbre, Jésus-Christ a terrassé le démon avec le bois de la croix. Le bois de l'arbre a jeté les hommes dans l’abîme, le bois de la croix les en a retirés. Le bois de l’arbre a dépouillé l'homme de ses privilèges, et l’a enfermé dans l'obscurité d'une prison; le bois de la croix a dépouillé de ses armes le vainqueur de l’homme, et l'a montré vaincu à toute la terre. La mort d'Adam s'est étendue sur ceux qui sont venus après lui; la mort de Jésus-Christ a rappelé à la vie ceux qui étaient nés avant lui. « Qui racontera les merveilles du Seigneur et les prodiges de son bras puissant ? » (Ps. CV, 2.) Nous avons passé de la mort à l'immortalité tels sont les exploits et les bienfaits de la croix. Vous avez appris la victoire, vous avez appris la manière dont elle a été remportée; apprenez comment nous avons vaincu sans combattre. Nous n'avons pas ensanglanté d'armes, nous ne nous sommes pas rangés en bataille, nous n'avons pas reçu de blessures, nous n'avons pas soutenu de guerre; et nous avons remporté la victoire : c'est le Seigneur qui a combattu, et c'est nous qui avons obtenu la couronne.Puis donc que la victoire nous est propre, faisons éclater notre joie comme les soldats, chantons tous aujourd'hui l'hymne de la victoire; écrions-nous en louant le Seigneur : « La mort a été absorbée dans la victoire. O mort, où est ta victoire ? enfer, où est ton aiguillon ? » (I Cor. XV, 54 et 55.). Tels sont les avantages que nous a procurés la croix; la croix qui est un trophée érigé contre les démons, une arme contre le péché, le glaive avec lequel Jésus-Christ a percé le serpent infernal. La croix est la volonté du Père, la gloire du Fils unique, le triomphe de l'Esprit divin, l'honneur des anges, la sûreté de l'Eglise, le rempart des saints, l'objet dont se glorifiait Paul, la lumière du monde entier. En effet, comme pour dissiper les ténèbres d'une maison obscure, on allume et on élève un flambeau; de même Jésus-Christ, allumant et élevant la croix comme un flambeau, a dissipé les ténèbres épaisses dans lesquelles toute la terre était plongée. Et comme un flambeau est surmonté de la lumière qui le rend lumineux, ainsi la croix était surmontée du Soleil de justice qui la rendait brillante. Le monde voyant le Fils de Dieu crucifié, a frémi, la terre a été ébranlée, les pierres se sont fendues; mais les coeurs des Juifs, plus durs que la pierre sont restés insensibles. Le voile du temple s'est déchiré; et leurs complots criminels ne se sont pas rompus. Pourquoi le voile du Temple s'est-il déchiré ? C'est que le Temple voyait avec peine le Seigneur immolé hors de son enceinte sur l'autel de la croix; et par le déchirement de son voile, il semblait dire à tous les hommes : Que celui qui le voudra foule désormais aux pieds le Saint des saints. A quoi me servent les objets que je renferme, puisqu'une telle victime est immolée hors de mon enceinte ? à quoi me sert le testament ? à quoi me sert la loi ? C'est en vain que j'ai instruit les Juifs depuis plusieurs siècles. Le Prophète s'écriait à ce sujet : « Pourquoi les nations ont-elles frémi ? pourquoi les peuples ont-ils fait des réflexions inutiles ? » (Ps. II, 1.) Les Juifs avaient entendu cette prophétie : « Il a été conduit à la mort comme une brebis timide, il s'est tu comme un agneau devant celui qui le tond » (Is. LIII, 7) ; ils y avaient réfléchi longtemps; et lorsqu'ils l'ont vue s'accomplir, ils ont refusé d'y croire. Vous voyez comme ils ont fait des réflexions inutiles. Le voile du Temple s'est déchiré pour annoncer combien le Temple allait devenir pour toujours désert et abandonné.Puis donc qu'en ce jour nous devons nous-mêmes voir celui qui a été attaché à la croix, approchons, mes très chers frères, approchons avec tremblement et avec un recueillement respectueux, comme vers l'Agneau sacrifié et immolé pour nous. Ne savez-vous pas comment les anges se tenaient près du tombeau où il n'y avait plus de corps ? ils rendaient hommage au tombeau vide, comme à un monument qui avait renfermé le corps du Seigneur. Les anges, qui sont d'une nature supérieure à la nôtre, se tenaient près du tombeau, recueillis et pénétrés d'une vénération profonde; et nous, qui ne devons pas approcher d'un tombeau vide, mais de la table même où repose l'Agneau sans tache, nous approchons en faisant du bruit, en excitant du tumulte ! Pourrons-nous jamais excuser notre irrévérence ? Je ne parle pas au hasard et sans raison ; mais comme j'en vois plusieurs ce soir faire du bruit, crier, se précipiter, se presser les uns les autres , se charger d'injures, encourir des peines par une telle conduite plutôt que mériter le salut, voilà pourquoi je vous donne ces avertissements. Eh quoi ! mon frère, lorsque le prêtre est à l'autel, en silence, dans le plus profond recueillement, levant les mains au ciel, invoquant l'Esprit-Saint pour qu'il vienne sanctifier les offrandes ; lorsque l'Esprit-Saint accorde la grâce qui lui est demandée, qu'il descend sur les oblations; lorsque vous voyez l'Agneau sans tache immolé, divisé en plusieurs parties, vous faites alors du bruit, vous excitez du tumulte, alors vous cherchez des querelles, alors vous recourez aux injures ! Et comment pourrez-vous profiter du sacrifice, si vous apportez à l'autel un pareil esprit de contention ? (…)
« Jésus-Christ, dit Saint Paul, a désarmé les puissances ; il les a menées en triomphe à la face de l'univers, après les avoir vaincues par sa croix » (Coloss. II, 15.). Le trophée qu'il a érigé est décoré des marques de sa victoire, et les dépouilles de ses ennemis sont suspendues au haut de sa croix. Comme un prince généreux, après avoir terminé une guerre difficile, suspend au haut d'un trophée les cuirasses, les boucliers, les armes du tyran et de ses satellites, qu'il a vaincus : de même Jésus-Christ, après avoir terminé la guerre contre le démon, a suspendu au haut de la croix les armes de son ennemi, la malédiction et la mort; il en a fait un trophée éclatant, propre à être aperçu par tous les êtres, par les puissances d'en-haut qui sont dans les cieux, par les hommes qui habitent la terre, par les démons mêmes, dont il a triomphé. Puis donc que nous jouissons d'une si grande faveur, rendons-nous dignes des bienfaits que nous avons reçus, afin que nous obtenions le royaume céleste par la grâce et la bonté de Notre-Seigneur Jésus-Christ, à qui soient avec le Père et l'Esprit-Saint, la gloire, l'honneur et l'empire, dans tous les siècles des siècles. Ainsi soit-il ».
Illustration 1 : Extrait du film de Mel Gibson, La Passion du Christ
Illustration 2 :Morgan Weistling (artiste américain), The Crucifixion
Gethsémani (en araméen : גת שמנא : "pressoir à huile"), désigné aussi comme le Jardin des Oliviers, est une oliveraie située au pied du Mont des Oliviers et séparée de Jérusalem par le torrent du Cédron. Après la Sainte Cène au Cénacle, Jésus et ses disciples s'y rendirent. Ce fut pour Jésus une nuit de souffrance et de lutte contre Satan et ses anges, afin de nous offrir par Sa pleine Volonté à Son Père Sa Sainte Passion Rédemptrice. Le Rocher de l'Agonie est toujours conservé dans la Basilique de Toutes les Nations. A côté de cette basilique se trouvent des oliviers millénaires, qui ont probablement vu la scène de l'arrestation du Christ par les autorités religieuses de l'époque…
A Gethsémani, la souffrance de notre Dieu-Incarné, en sa nature humaine, est particulièrement angoissante. Notre Seigneur se trouve agenouillé « dans un jardin, non de délice comme le premier Adam, où il se perdit avec tout le genre humain, mais de supplices, où Il se sauvera avec le genre humain » (Blaise Pascal). L'angoisse Le fait redouter d’aller jusqu’au bout. Il est comme "paralysé" devant le châtiment à venir. Satan, en habile pharisien, le nargue par des rires infernaux et des visions horribles. Jésus en est effrayé. Tout tremblant et chancelant, Il hurle le Nom de Son Père, Il crie vers Lui et Lui demande la force d’aller jusqu’au bout, de ne pas succomber aux tentations du Malin. La cause de ses horribles souffrances ? C'est la Colère Divine visant à rétablir la Justice. Par Sa volonté humaine — intrinsèquement unie à la Volonté de Son Père Éternel — Jésus se donne entièrement, gratuitement et en toute liberté à cette Justice Divine pour notre salut car —étant Lui-même Dieu le Fils — Il est l'Unique Victime expiatoire et propitiatoire (cf : 1 Jean 2, 2) qui puisse satisfaire à Dieu le Père.
Entré dans le monde par compassion pour le genre humain, Il prend volontairement sur Lui toutes nos passiones avant d'être crucifié. Satan lui fait voir tous les péchés du monde (passés, présents et futurs) avec toutes leurs laideurs dans d'affreuses visions. Cela Lui a causé une telle angoisse, une telle torture et une telle douleur spirituelle qu'Il en a sué du sang ! (Luc 22, 44). Devant cette quantité incroyable de péchés, de violences, de mensonges, d'impuretés et de haines qui infectent le monde, face à la toute-puissance du Mal, seul un Amour infini pour les hommes, seule une expiation infiniment bien plus puissante que le Mal pouvait faire "contrepoids".
À cette heure de la nuit naissante, le Christ bataille contre les ténèbres sataniques. Jamais lutte ne fut aussi intense, mais, étant Dieu Incarné, jamais victoire ne fut aussi décisive ! « Jésus sera en agonie jusqu’à la fin du monde : il ne faut pas dormir pendant ce temps-là. Je pensais à toi dans mon agonie, j’ai versé telles gouttes de sang pour toi. (...) Je te suis plus ami que tel et tel ; car j’ai fait pour toi plus qu’eux, et ils ne souffriraient pas ce que j’ai souffert de toi et ne mourraient pas pour toi dans le temps de tes infidélités et cruautés » (Blaise Pascal, Pensées, BVII, 553)
Par la Liturgie du Jeudi Saint, l'Église célèbre l'institution par Notre Seigneur Jésus-Christ du Saint-Sacrifice Eucharistique, pour perpétuer Sa Présence Réelle parmi nous. Cette Messe est la dernière qui soit célébrée avant la Veillée Pascale du Samedi Saint. C'est aussi la dernière fois que retentissent les cloches, pendant le Gloria, avant leur "retour de Rome" pendant le Gloria de la Nuit Pascale. Après cette Messe vespérale, on dépouille dans le plus grand silence les autels, on enlève les fleurs et les cierges votifs pour annoncer le deuil de l'Église. C'est le début du Triduum Pascal, célébrant la Passion et la Résurrection de Notre Seigneur-Jésus. Introït de la Messe : « Nos autem gloriári opórtet in cruce Dómini nostri Iesu Christi, in quo est salus, vita et resurréctio nostra, per quem salváti et liberáti sumus. Ps. Deus misereátur nostri, et benedícat nobis : illúminet vultum suum super nos, et misereátur nostri. Nos autem… » (« Glorifions-nous dans la Croix de Jésus-Christ notre Seigneur ; c'est lui qui est notre salut, notre vie et notre résurrection, lui par qui nous sommes sauvés et délivrés. Ps. Que Dieu ait pitié de nous, et qu'il nous bénisse ; qu'il fasse luire sur nous la lumière de son visage, et qu'il ait pitié de nous. Glorifions-nous… »)Confiteor + Kyriale XII (Pater cuncta)
"Accipite et manducate ex hoc omnes : hoc est enim
Corpus meum, quod pro vobis tradetur"
ACTE DE RÉPARATION A JÉSUS-HOSTIE :O Jésus-Hostie, que vingt siècles de froideur, d'indifférence, de mépris et de sacrilège, où les hommes ingrats vous délaissent dans vos tabernacles ! Nous venons aujourd'hui offrir à votre Coeur adorable, une solennelle réparation pour toutes les indignités que vous avez à subir dans le Sacrement de votre amour. Cœur de Jésus, daigner agréer nos désirs de réparation et entendre les accents de notre amour et de notre douleur. Cœur de Jésus, affligé par la communion sacrilège de Judas, Pardon et amende honorable ! Cœur de Jésus, affligé par toutes les communions indignes de tant de mauvais chrétiens, Pardon et amende honorable ! Cœur de Jésus, affligé par les froideurs criminelles et l'indifférence des cœurs qui devraient le plus vous aimer, Pardon et amende honorable ! Cœur de Jésus, affligé par les communions tièdes, sans préparation, sans foi et sans amour, Pardon et amende honorable ! Cœur de Jésus, affligé par les communions faites par routine, par ostentation ou hypocrisie, Pardon et amende honorable ! Cœur de Jésus, affligé par les actions de grâces négligées ou faites sans amour et remplies de distractions, Pardon et amende honorable ! Cœur de Jésus, affligé par toutesles messes mal-célébrées et mal entendues, Pardon et amende honorable ! Cœur de Jésus, affligé par toutes les messes, communions ou visites omises par paresse et tiédeur, Pardon et amende honorable ! Cœur de Jésus, affligé par les entrées bruyantes dans les églises, par les sorties brusques et précipités et avant la fin des divins offices, Pardon et amende honorable ! Cœur de Jésus, affligé par les allées et venues,les tenues sans respect et le sans-gêne de nos manières en votre sainte présence, Pardon et amende honorable ! Cœur de Jésus, affligé par le peu de retenue de nos regards, les égarements de notre esprit et notre tiédeur pendant les saints mystères, Pardon et amende honorable ! Cœur de Jésus, affligé par tous les péchés commis dans les maisons que vous sanctifiez par votre présence réelle, Pardon et amende honorable ! Cœur de Jésus, affligé par l'abandon où l'on vous laisse dans tant d'églises, Pardon et amende honorable ! Cœur de Jésus, affligé par les blasphèmes des juifs, des hérétiques et des impies qui nientvotre présence réelle, Pardon et amende honorable ! Cœur de Jésus, affligé par les profanations sans nombre de tant d'hostie foulées aux pieds et livrées aux plus vils usages, Pardon et amende honorable ! Cœur de Jésus, affligé par la violation de vos tabernacles et le vol horrible des saints ciboires, Pardon et amende honorable ! Cœur Sacré de notre aimable Sauveur, nous voudrions pouvoir embrasser dans un acte d'amour réparateur, tous les instants de votre vie sacramentelle, et couvrir de nos amendes honorables tous les endroits du monde où vous avez été outragé. Pour suppléer à notre impuissance, agréez divin Jésus, l'offrande que nous vous faisons de tous les actes d'amour de votre Mère Immaculée, et en sa considération, ô Cœur de Jésus, faites-vous de plus en plus connaître et aimer. Ainsi soit-il.
RÉSUMÉ LITURGIQUE POUR LA MESSE VESPÉRALE
DU JEUDI SAINT(MISSALE ROMANUM 2002)
AD MISSAM VESPERTINAM(FERIA V IN CENA DOMINI)
POUR PLUS DE PRÉCISIONS, LIRE LES COMMENTAIRES DU CÉRÉMONIAIRE
•I. AD LITURGIAM VERBI
Dès le début de l'Introït, la procession s'avance dignement vers le Maître-Autel,napé de blancet orné de fleurs
(traditionnellement, selon "Memoriale Rituum" de Benoît XIII, le Crucifix du Maître-Autel est voilé en blanc tandis
que la croix de procession reste voilée en violet). Le Tabernacle est vide avant la Messe(pas de conopée, lampe
En ce Mercredi Saint, la Liturgie de l'Eglise nous invite - avec l'Introït - a glorifier le Saint Nom de Jésus, si outragé aujourd'hui par les hommes infâmes qui le prononcent avec tant de haine et de mépris (Introït de la Messe : « Qu'au Nom de Jésus tout genou fléchisse, au ciel, sur la terre, et dans les enfers ; parce que le Seigneur s'est fait obéissant jusqu'à la mort, et jusqu'à la mort de la Croix ; c'est pour cela que le Seigneur Jésus-Christ est dans la gloire de Dieu le Père »). Ce Nom béni signifie « Dieu Sauve » (יהושע). Nous voici en effet dans les jours où ce Nom doit recevoir toute sa signification…
• TEXTES LITURGIQUES (FERIA IV HEBDOMADæ SANCTæ)
- Isaïe 50, 4-9 :Je n'ai pas protégé mon visage des outrages et des crachats
- Psaume 69, 8 :Quand j'avais soif, ils m'ont donné du vinaigre
- Matthieu 26, 14-25 :Malheureux l'homme par qui le Fils de l'Homme est livré