« Voulez-vous que je vous parle des voies de la pénitence ? Elles sont nombreuses, elles sont variées et différentes, mais toutes conduisent au ciel. La première est l'accusation des péchés : soyez le premier à déclarer vos fautes afin d'être justifié. (Isaïe, XLIII, 26.) C'est pourquoi le prophète s'écriait : « J'ai dit : Je proclamerai contre moi mon injustice en face de Dieu; et voilà, Seigneur, que vous avez pardonné l'impiété de mon cœur » (Psalm. XXXI, 5). Accusez donc, vous aussi, tous vos péchés : ce sera assez pour faire à Dieu votre apologie : celui qui condamne ses propres péchés devient plus lent à y retomber; éveillez donc votre conscience, cet accusateur domestique, afin de ne pas trouver un jour, au tribunal de Dieu, un accusateur public. Telle est la première voie de la pénitence, et la meilleure. La seconde, qui ne lui cède pas en mérite, consiste à oublier les injustices d'un ennemi, à dompter la colère, à pardonner les offenses de nos frères : c'est ainsi que nous recevons nous-mêmes la remise des péchés que nous avons faits contre le commun Maître; tel est donc le second moyen d'expier le péché : Si vous remettez leurs dettes à vos propres débiteurs, le Père céleste vous fera remise à vous-mêmes. (Matth. VI, 14.). Voulez-vous apprendre la troisième voie de pénitence ? C'est la prière fervente et diligente, la prière qui part du fond de l'âme. Ne savez-vous pas de quelle manière la veuve parvint à émouvoir un juge sans conscience ? Vous au contraire vous avez un Maître doux, clément, plein d'amour. Elle réclamait contre ses ennemis; vous, au lieu de plaider contre un adversaire, vous priez pour votre salut. Si vous souhaitez connaître la quatrième voie de pénitence, je nommerai l'aumône; elle possède une puissante et merveilleuse efficacité : Nabuchodonosor, qui s'était livré à des crimes de tout genre, à l'impiété complète, entendit Daniel lui dire : O roi, que mon avis trouve grâce devant vous; rachetez vos péchés par l'aumône et vos iniquités par la miséricorde envers les pauvres. (Dan. IV, 24.) Qu'y a-t-il de comparable à cette douce bonté ? Après tant de péchés, après de telles désobéissances, Dieu promet à cet homme qui l'a outragé de lui pardonner, s'il montre de la charité à ses frères. Enfin, une conduite mesurée et humble n'a pas un moindre pouvoir pour détruire le péché dans son germe : j'en prends à témoin le publicain qui, n'ayant pas de bonnes actions à déclarer, offrit à leur place son humilité et déposa de la sorte le lourd fardeau de ses péchés. (Luc, XVIII, 13.)