13 mai 2008 2 13 /05 /mai /2008 22:00

Il y a quelque temps, Mgr Claude Dagens, Evêque d'Angoulême, déclarait à la suite de la levée des excommunications des évêques sacrés par Mgr Lefebvre :
 « Il me paraît impossible de revisiter le Concile ou de distinguer ce qui serait conforme ou non à la Tradition. Le Concile forme un tout cohérent. Il n'a pas été une trahison de la Tradition. On ne peut pas céder à sa révision ».
Ces paroles ne prouvent-elles pas que, comme la majorité des évêques de France, Mgr Dagens n'a, semble-t-il, pas compris grand chose à la vraie question ?
Car il ne s'agit en aucun cas de "revisiter le Concile", mais bien de revisiter la façon dont le Concile a été appliqué dans les diocèses et les paroisses...

 

 

…car c'est cette façon qui est erronée et non le Concile; c'est cette façon qui a conduit à une généralisation de toutes les élucubrations liturgiques abusivement attribuées à la restauration voulue par Vatican II. Cette cette façon d'appliquer le Concile qu'il faut revoir et corriger, ce que ne veulent pas faire les évêques car cela reviendrait à remettre en cause toute la pastorale liturgique mise en oeuvre depuis plus de quarante ans à grand renfort d'autosatisfaction.
Mgr Dagens a raison lorsqu'il dit que le Concile forme un tout cohérent; il a tort lorsqu'il ferme les yeux devant l'incohérence de ce qui se fait dans ses paroisses, dans SA cathédrale... sous couvert du Concile. Lui-même respecte-t-il la liturgie conciliaire ? Non. Et il n'est malheureusement pas le seul évêque à prendre ses distances avec le missel romain issu de Vatican II. Et non seulement à prendre ses distances, mais aussi à obliger les prêtres et les fidèles laïcs à prendre leurs distances... c'est-à-dire, au fond, à pratiquer sans vergogne l'herméneutique de la rupture par laquelle on aboutit nécessairement à une relecture des textes conciliaires qui est effectivement, sur le plan de la tradition, une trahison que l'on se garde bien de reconnaître.
Là est le paradoxe : Mgr Dagens, et bien d'autres avec lui, se drapent dans l'autorité d'un Concile qu'à juste titre ils ne veulent pas remettre en cause, mais qu'ils sont les derniers à vouloir appliquer. C'est d'ailleurs cette position qu'a dénoncée un autre évêque, Mgr Aillet, lorsqu'il a déclaré, en fin connaisseur de Vatican II, « des catholiques ont quitté l'Eglise pour avoir été blessés dans leur foi par la "rupture de tradition" opérée par ceux qui se réclamaient d'autant plus de "l'esprit du Concile" qu'ils en interprétaient les textes de manière arbitraire ».
Comme le dit Mgr Dagens et comme l'a plusieurs fois fait comprendre Benoît XVI, il n'est pas question de revoir ou de mettre en cause Vatican II. Par contre - et là nous ne pouvons qu'être pleinement d'accord avec le Saint-Père... et aussi avec Mgr Aillet - il est urgent de revoir les interprétations arbitraires de Vatican II qui sont devenues habituelles dans les diocèses et les paroisses et qui toutes ont conduit soit à la désertification des églises, soit - comme l'écrivait très clairement Benoît XVI dans la lettre aux évêques accompagnant le Motu proprio Summorum Pontificum - au regroupement de fidèles allant comme chercher refuge autour de la forme pré-conciliaire (ou "extraordinaire") de la liturgie romaine.

 

Pro Liturgia

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