19 août 2008 2 19 /08 /août /2008 04:24

Mesdames et Messieurs,

 

C’est avec une grande joie que je vous accueille pour cette audience spéciale que j’ai volontiers réservée à votre représentation qualifiée, à l’occasion du Congrès international convoqué pour rappeler le 20ème anniversaire de l’Encyclique Humanae Vitae. En vous adressant mon cordial salut, avec une pensée particulière pour le professeur Bausola que je remercie de son allocution, je désire exprimer ma vive satisfaction aux responsables du « centre d’études et de recherches sur la régulation naturelle de la fertilité » de l’université catholique du Sacré-Cœur qui ont pris cette initiative, qui se renouvellera dans quelques jours à Bologne. La continuité sans interruption avec laquelle l’Eglise l’a proposé naît de sa responsabilité envers le vrai bien de la personne humaine. De la personne humaine des conjoints, en tout premier lieu. En effet, l’amour conjugal est leur bien le plus précieux. La communion interpersonnelle qui s’établit entre deux baptisés en vertu de cet amour est le symbole réel de l’amour du Christ pour son Eglise. La doctrine exposée dans l’Encyclique Humanae Vitae constitue donc la nécessaire défense de la dignité et de la vérité de l’amour conjugal. Comme envers toute valeur éthique, l’homme a une grave responsabilité à l’égard de l’amour conjugal. Les conjoints sont les premiers responsables de leur amour conjugal, en ce sens qu’ils sont appelés à le vivre dans sa vérité entière. L’Eglise les aide dans cette tâche en éclairant leur conscience et en leur assurant, par les sacrements, la force qui est nécessaire à la volonté pour qu’elle choisisse le bien et évite le mal. Je ne peux cependant passer sous silence le fait que beaucoup aujourd’hui n’aident pas les conjoints en cette grave responsabilité qui est la leur, mais au contraire leur créent des obstacles notables. A cet égard, tout homme qui a perçu la beauté et la dignité de l’amour conjugal ne peut demeurer indifférent devant des tentatives qui se font jour pour assimiler, à tous les effets, le lien conjugal et la simple cohabitation de fait. C’est là une égalisation injuste, destructrice, d’une des valeurs fondamentales de toute convivialité civile – l’estime du mariage – et peu éducative pour les jeunes générations, tentées ainsi d’avoir une conception et de faire une expérience de liberté qui se révèlent déformées à leur racine même. De plus, les conjoints peuvent rencontrer de sérieux obstacles dans leurs efforts pour vivre correctement l’amour conjugal à cause d’une certaine mentalité hédoniste courante, des moyens de communication sociale, des idéologies et des pratiques contraires à l’Evangile. Mais cela peut aussi arriver, et avec des conséquences réellement graves et désagrégatrices, quand la doctrine enseignée par l’Encyclique est mise en discussion, comme cela est arrivé, même de la part de certains théologiens et pasteurs d’âmes. Cette attitude, en fait, peut insinuer le doute sur un enseignement qui, pour l’Eglise, est certain, obscurcissant ainsi la perception d’une Vérité qui ne peut-être discutée. Ce n’est pas là un signe de « compréhension pastorale » mais d’incompréhension du vrai bien des personnes. La Vérité ne peut-être mesurée d’après l’opinion de la majorité. La préoccupation qui vous avez eue dans votre Congrès, d’insérer la réflexion de caractère plus spécifiquement technique et scientifique sur le contrôle naturel de la fertilité dans le contexte de larges réflexions théologiques, philosophiques et éthiques, doit être soulignée et louée. Une autre manière d’affaiblir chez les conjoints leur sentiment qu’ils sont responsables de leur amour conjugal est, en effet, de diffuser l’information sur les méthodes naturelles sans qu’elle s’accompagne de la nécessaire formation des consciences. La technique ne résout pas les problèmes éthiques, tout simplement parce qu’elle n’est pas en mesure de rendre meilleure la personne. L’éducation à la chasteté est un moment que rien ne peut remplacer. S’aimer comme des conjoints, cela n’est possible qu’à l’homme et à la femme qui sont arrivées à une véritable harmonie au plus profond de leur personnalité.

 

Vingt ans après la publication de l’Encyclique, on peut voir clairement que la norme morale qu’elle enseigne n’est pas seulement une défense de la bonté et de la dignité de l’amour conjugal, et donc du bien de la personne des conjoints. Elle a une portée éthique encore plus vaste. En effet, la logique profonde de l’acte contraceptif, sa racine ultime, que Paul VI avait déjà identifiées de manière prophétique, sont maintenant manifestes. Quelle logique ? Quelle racine ? La logique anti-vie : au cours de ces vingt dernières années, de nombreux Etats ont renoncé à leur dignité d’être les défenseurs de la vie humaine innocente, par des législations favorables à l’avortement. UN VERITABLE MASSACRE D’INNOCENTS S’ACCOMPLIT CHAQUE JOUR DANS LE MONDE ! Quelle racine ? C’est la rébellion contre Dieu créateur, unique Seigneur de la vie et de la mort des personnes humaines ; c’est la non reconnaissance de Dieu comme Dieu ; c’est la tentative, intrinsèquement absurde, de construire un monde où Dieu soit totalement étranger. Dans l’Encyclique Humanae Vitae, Paul VI exprimait sa certitude de contribuer, en défendant la morale conjugale, à l’instauration d’une civilisation véritablement humaine (cf N°18). Vingt ans après la publication de ce doucement, les confirmations du bien-fondé de cette conviction ne font vraiment pas défaut. Et ce sont des confirmations que peuvent vérifier non seulement les croyants mais aussi tout homme soucieux du destin de l’humanité : chacun peut voir à quelles conséquences on en est arrivé en n’obéissant pas à la Sainte Loi de Dieu. Votre engagement – comme celui de tant d’autres personnes de bonne volonté – est un signe d’espérance non seulement pour l’Eglise mais pour toute l’humanité. En invitant cordialement chacun d’entre vous à persévérer avec générosité sur la route commencée, je vous accorde à tous ma bénédiction, en gage de l’aide céleste.

 

Un des nombreux discours de Jean-Paul II pour les vingt ans d’Humanae Vitae - DC 1988, p. 439

Partager cet article
Repost0

commentaires