11 avril 2009 6 11 /04 /avril /2009 14:12

En Alsace (et aussi en Moselle), le Vendredi Saint est un jour férié. Il y a une quinzaine d'années, ce jour-là, les rues des villes et des villages étaient désertes et silencieuses. Tout à coup, peu avant 15h., on voyait des groupes de personnes - familles, voisins, amis - se diriger vers les églises pour participer à la célébration de la Passion.
Les églises étaient pleines; il y régnait un silence inhabituel à peine perturbé par les bruits que faisaient les choristes à la tribune, qui se préparaient à chanter a capella. A 15h. le célébrant sortait de la sacristie, accompagné de nombreux servants de messe. Tout le monde se mettait à genoux pour un moment d'adoration silencieuse.
C'était il y a quinze ans...
Aujourd'hui, le Vendredi Saint est toujours férié en Alsace. Il est devenu l'occasion de faire du vélo, du foot et aussi des achats pour ceux qui habitent près du Territoire de Belfort où les magasins sont ouverts. A Colmar, on organise depuis deux ans un "marché de Pâques", sorte de réplique printanière des "marchés de Noël". Tout est bon pour fêter Mammon, ce dieu qui conduit au marasme économique que nous connaissons.
Et que se passe-t-il dans les églises pendant ce temps-là ? On ne s'y rend plus en famille : les assistances sont réduites de moitié et l'âge moyen des fidèles augmente. Les célébrations ne se font plus que dans une seule église par secteur paroissial; souvent même à l'église qui n'est pas la plus vaste, afin d'éviter d'avoir des assemblées trop clairsemées. 
A tel endroit, on trouvera plusieurs concélébrants alors que dans les paroisses des environs il n'y aura aucune célébration faute de prêtre. Le fidèle qui souhaite assister à la liturgie de la Passion devra résoudre au moins deux problèmes : il lui faudra trouver la paroisse où aura lieu la célébration, et trouver l'église où la liturgie sera la moins farfelue possible. En cherchant, le fidèle s'apercevra que d'année en année, de plus en plus d'églises sont fermées.
Le jour de Pâques, c'est le même constat : hormis dans quelques grands sanctuaires (cathédrale, lieux de pélerinage) les églises sont vides. Pour beaucoup, Pâques n'est plus qu'un nom qui désigne un week-end prolongé ou une fête de l'oeuf en chocolat. Quant à la vraie signification de la fête, elle est occultée : quand le boulanger ou le fleuriste souhaite "bonne fête de Pâques", il veut dire "profitez du congé pour vous reposer". Derrière ce souhait ne se trouve plus aucune connotation religieuse.
Ne nous faisons pas d'illusions : en Alsace comme ailleurs on assiste à un effritement inéluctable de la pratique religieuse. Il suit de près un délabrement liturgique qui semble avoir été souhaité et planifié pour favoriser des célébrations ternes qui n'attirent plus personne et ne suscitent plus aucune émulation chez les fidèles.

 

Pro Liturgia

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