Je viens, mon Dieu, me prosterner aux pieds de votre Majesté, pour me donner tout à vous. Je vous offre mon cœur ; je vous le donne sans partage, je vous le consacre sans réserve avec toutes ses affections. Ne permettez pas qu’aucune créature le partage avec vous, possédez le vous seul, régnez seul dans mon cœur comme un Roi sur son trône. (...) Ôtez-en mes vices, faites-y régner vos vertus, surtout la chasteté, la pudeur, l’innocence, et la candeur, l’humilité, la modestie, la dévotion, et la ferveur. (...) Je serai, avec le secours de votre grâce que j’implore, chaste dans mes pensées, modérée dans mes désirs, pure dans mes sentiments, modeste dans mes regards, simple dans mes habits, réservée dans mes paroles, prudente dans mes démarches, réglée dans ma conduite. J’éviterai les vains divertissements du monde, les bals, les danses, et les festins. Au lieu de suivre le torrent du mauvais exemple je tâcherai d’en préserver mes compagnes. Au lieu d’aller avec le monde insensé me livrer à ses fausses joies, j’irai dans les églises me prosterner aux pieds des autels, ou dans ma chambre aux pieds du crucifix, gémir sur les désordres qui se commettent dans les assemblées profanes et tumultueuses, où le mélange indécent des deux sexes occasionne tant de désordres. Je ferai tous mes efforts pour réparer tant de crimes qui s’y commettent, en offrant à Dieu la pureté, la sainteté de Jésus et de Marie, en satisfaction de tant d’impuretés, de saletés, d’horreurs, et d’abominations qui se commettent dans ces lieux de débauche où le démon triomphe, où les âmes se corrompent et se perdent.
Je renonce aussi aux vaines parures, aux vanités du monde, comme je l’ai promis au baptême. Au lieu d’aimer à voir ce qui pourrait contenter ma curiosité, je détournerai mes regards des personnes et des objets qui pourraient être pour moi un sujet de scandale et une occasion de péché. Je fermerai mes oreilles à la médisance et à tous les discours déshonnêtes. J’aimerai la retraite et la solitude, je n’en sortirai que pour aller à l’église, au travail, et où mon devoir m’appellera. Je mortifierai mon corps par le jeûne et la pénitence pour me préserver des tentations de la chair. Je ne ferai rien par hypocrisie en vue de plaire aux hommes. Loin de vouloir être estimée de mon pasteur et de mon confesseur, j’en souffrirai patiemment le mépris. Au lieu de m’élever au-dessus des autres et de mes compagnes, je m’abaisserai au-dessous de toutes. Je ferai dans le ménage les ouvrages les plus vils, les plus abjects, et les plus difficiles. Loin d’envier et de jalouser les autres, je me réjouirai de leurs avantages et prendrai part à leurs peines. Au lieu d’acheter des habits superflus, j’achèterai de bons livres de piété. Et au lieu d’aller courir çà et là, causer, rire, et badiner, folâtrer, je m’occuperai à faire de saintes lectures et de pieuses méditations, et je mépriserai mon corps, qui n’est que cendre et poussière, et je donnerai tous mes soins pour sanctifier mon âme, qui est créée à l’image de Dieu et rachetée du Sang de Jésus-Christ. Si on profère devant moi quelques paroles déshonnêtes, je les empêcherai si je puis, du moins je les détesterai à cause de l’outrage qu’elles font à Dieu, et j’offrirai pour les réparer les paroles saintes et pures qui sont sorties de la bouche de Jésus et de Marie.
Telles sont, ô mon Dieu, les résolutions que je prends aujourd’hui en votre présence. Bénissez-les, Seigneur, ratifiez-les, confirmez-les. Faites-moi la grâce de les exécuter fidèlement dans toutes les circonstances de ma vie jusqu’à l’heure de ma mort. Vierge sainte, je me jette à vos pieds, que j’embrasse avec une humilité profonde et une tendresse filiale. J’ose vous prendre pour ma Mère, daignez me protéger comme votre enfant. Vous êtes le modèle de tous les chrétiens, surtout de notre sexe. Obtenez-moi la grâce d’imiter vos vertus, votre pureté, votre modestie, et votre humilité, votre charité et votre douceur. Je veux faire toutes mes actions pour la gloire de votre cher Fils Jésus-Christ, mon Dieu et mon Sauveur, dans les mêmes vues et les mêmes intentions que vous aviez en faisant les vôtres, pour lui plaire, pour son amour, pour sa gloire et pour la vôtre. Préservez-moi, Vierge sainte, des dangers auxquels les filles sont sujettes dans ce malheureux monde, où il y a tant de libertins, tant d’occasions de péché. Je mets ma chasteté en dépôt entre vos mains, conservez-la ; ne permettez pas que rien puisse ternir et altérer cette précieuse et aimable vertu. Obtenez-moi surtout de passer ma jeunesse dans la piété, l’innocence, sans tomber dans les pièges du démon, et d’éviter toutes les tentations et les écueils auxquels cet âge est sujet plus que tous les autres. Troupe incomparable de vierges, dont la pureté surpasse la blancheur des lys, intercédez toutes pour moi et pour toutes les personnes de mon sexe, afin que nous vous imitions sur la terre et que nous régnions avec vous dans le ciel. Ainsi soit-il.