17 janvier 2007 3 17 /01 /janvier /2007 17:16

Il serait grand temps de reconnaître que le « traditionalisme lefebvriste » est en quelque sorte l’enfant naturel des évêques, en tout premier lieu ceux de France, qui se sont employés et s’emploient aujourd’hui encore à ignorer et déformer systématiquement les enseignements du concile Vatican II. Au lendemain du Concile, beaucoup de fidèles qui avaient accepté le concile Vatican II et la liturgie restaurée qu’il avait initié sont allés grossir les rangs du « mouvement lefebvriste » parce qu’on leur imposait des déformations de la messe à la limite du supportable (Cf. Benoît XVI, Lettre aux évêques accompagnant le Motu proprio Summorum pontificum.) Il faut avoir vécu à cette période pour savoir ce que les fidèles qui voulaient que les enseignements de Vatican II soient appliqués sans déformations arbitraires ont dû subir et essuyer comme sarcasmes de la part d’un clergé qui n’avait que le mot « Concile » à la bouche, ou plutôt qui n’avait aux lèvres que l’expression « esprit du Concile » ! Des évêques, des prêtres, ont carrément évincé les fidèles qui demandaient que, au cours des messes paroissiales, la liturgie voulue par le Concile ne soit pas remplacée par les fantaisies des curés ou de leurs vicaires. De tous les diocèses de France, des centaines de lettres ont alors été envoyés aux évêques pour leur signaler ce qui se passait dans les paroisses : pas un seul d’entre eux n’a répondu. Pas un seul ! Au contraire : celui qui écrivait à son évêque était fiché avant d’être présumé... « lefebvriste ». C’est ainsi que des organistes, des maîtres de chœurs, des séminaristes, des prêtres mêmes... ont été proprement marginalisés, puis éliminés pour être remplacés par des fidèles déjà gagnés aux idées les plus progressistes ("Signes d'Aujourd'hui", ACO, CCFD, "Témoignage Chrétien", "La vie"... etc.) et souvent même les moins catholiques. Et il ne faudrait surtout pas imaginer qu’il s’agit là de faits qui remontent au passé : ils sont encore d’actualité, et plus souvent qu’on ne le croit ! Nul ne peut aujourd’hui nier que c’est bien la pastorale mise en place par nos évêques aussitôt après Vatican II qui venue conforter le mouvement lancé par Mgr Lefebvre qui, initialement n’avait pas pour objet de s’opposer au Concile mais de s’opposer à ceux qui en brandissaient les textes pour s’opposer à son enseignement.

 

Voilà un aspect de l’histoire post-conciliaire qu’il faut connaître si l’on veut mieux juger du « lefebvrisme » et des problèmes qu’il pose aujourd’hui. Mais cette histoire est bien connue du pape Benoît XVI : non seulement il l’a vécue lui-même - il l’a dit - mais en plus, du temps où il était Préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, il a été tenu très régulièrement informé de ce que les fidèles subissaient dans leurs diocèses, dans leurs paroisses. C’est probablement ce qui l’a poussé à reconnaître qu’en France la crise, qui n’est pas que « lefebvriste », était profonde et qu’elle mettrait beaucoup de temps à se résorber.

 

Pro Liturgia

Partager cet article
Repost0

commentaires