7 février 2009 6 07 /02 /février /2009 09:42

Quels sont les évêques de France et les curés de paroisses qui savent célébrer la forme « ordinaire » du rite romain ? Ils sont nombreux à savoir la déformer, la falsifier, la trahir... mais à savoir la célébrer dignement et fidèlement, ils ne sont pas légions. Cette forme « ordinaire », existe bien... mais uniquement dans certains monastères ou dans quelques paroisses où un prêtre courageux ose refuser les excentricités qu’aimerait imposer l’équipe liturgique locale ou le vicaire épiscopal. En dehors de ces cas, très peu de clercs connaissent la forme « ordinaire » du rite romain et savent la célébrer. Pourtant, c’est bien cette « forme » que le pape Benoît XVI a qualifiée de « normale » (cf. Lettre aux évêques accompagnant le Motu proprio « Summorum Pontificum »), laissant clairement entendre que tous les fidèles devraient pouvoir la trouver dans toutes leurs paroisses. Pourquoi nos évêques et nos curés ne connaissent-ils pas cette « forme » ? Réponse : tout simplement parce qu’on ne la leur a jamais apprise. 

 

 

 

 

priestDu temps où les prêtres d’aujourd’hui étaient dans les séminaires diocésains, la forme « ordinaire » de la liturgie romaine était purement et simplement interdite et il était obligatoire de ne pas suivre le missel romain. Les directeurs de séminaires et les professeurs de théologie obligeaient ceux qui se préparaient à la prêtrise à imaginer jour après jour de nouvelles façons de célébrer la liturgie : tout était permis, du moment que ce n’était pas dans le missel romain... Le séminariste qui aurait eu l’idée de demander à un célébrant de respecter le missel était certain de ne jamais être ordonné prêtre : son amour de la liturgie de l’Eglise était le signe qu’il ferait incontestablement un très mauvais prêtre. Car pour pouvoir être diacre, puis prêtre - et éventuellement évêque par la suite - il fallait se montrer apte à proposer les liturgies les plus excentriques. Au demeurant, le séminariste jugé un peu trop « classique » sur le plan liturgique était envoyé en stage dans la paroisse réputée la plus « progressiste » du diocèse. Là, un curé en col roulé l’obligeait à participer aux célébrations eucharistiques les plus « déjantées » qui soient. Pour le séminariste, c’était (pour dire les choses de façon triviale) « marche ou crève », la seconde solution étant celle qu’espérait le supérieur du séminaire. La plupart de ceux qui sont actuellement nos prêtres, nos évêques, nos vicaires épiscopaux, nos responsables diocésains de la liturgie... n’ont donc jamais bénéficié de la moindre formation liturgique. Ils ne peuvent donc pas célébrer la forme « ordinaire » du rite romain : non seulement ils ne la connaissent pas mais, en plus, il est pour eux logique que cette forme ne doive pas être célébrée et ne puisse pas être célébrée telle qu’elle est donnée dans le missel, telle qu’elle est transmise par l’Eglise. Les fidèles laïcs ont donc actuellement affaire à des prêtres auxquels on a appris à ne concevoir la forme « ordinaire » que trafiquée, adaptée, désacralisée... C’est ainsi qu’ils ont appris à la célébrer ; c’est ainsi qu’ils imaginent qu’elle doit être pour se révéler « pastoralement efficace ». C’est aussi pour cela que très souvent, dans les paroisses, les discussions sur la liturgie entre le fidèle laïc qui y connaît quelque chose et le curé qui n’y connaît rien tournent rapidement au vinaigre. Même chose pour ce qui concerne les discussions avec le « père-évêque ».

 

La liturgie romaine restaurée à la suite de Vatican II n’a donc d’existence que dans l’imagination de nos prêtres, de nos évêques : ces derniers sont persuadés qu’ils la célèbrent alors qu’en réalité ils ne célèbrent que son image déformée et ne savent donner aux fidèles qu’une mauvaise caricature. Dès lors, quand ces mêmes prêtres autorisent que soit célébrée la forme « extraordinaire » du rite romain, c’est le plus souvent pour confiner dans des chapelles les fidèles trop attachés à la liturgie et pour ainsi se libérer de l’obligation de corriger les abus qu’eux-mêmes introduisent dans la forme « ordinaire ». Ne nous y trompons pas : leur générosité à l’égard des fidèles attachés au missel du Bx Jean XXIII procède le plus souvent d’intérêts qui n’ont rien à voir avec le respect de la liturgie et encore moins avec la « réforme de la réforme » voulue par Benoît XVI. Nous sommes bien, en France, dans une situation de totale confusion : des prêtres (pas tous, heureusement !) qui n’y connaissent rien en liturgie célèbrent la forme « extraordinaire » du rite romain en employant, par la force des choses, le latin et le grégorien qu’on leur a appris à haïr du temps où ils étaient au séminaire, et ils continuent dans le même temps à massacrer la forme « ordinaire » comme on leur a appris à le faire. Ils versent ainsi dans une totale incohérence liturgique qu’ils entretiennent et qui ne semble pas les déranger outre mesure : messe « de S. Pie V » au maître-autel à 9 heures, et messe « de l’équipe liturgique » sur une table à 10.30 heures ; chasuble « en boîte à violon » et calice en or à 9 heures et « aube Prénatal » et vaisselle en terre cuite à 10.30 heures... Où est la crédibilité du célébrant dans tout ça ?

 

Il semble désormais admis, dans le monde ecclésiastique français qui n’a aucune formation liturgique et apparemment très peu le sens de la dignité, que si la forme « extraordinaire » doit être célébrée en respectant le missel du Bx. Jean XXIII, la forme « ordinaire », elle, doit obligatoirement se pratiquer de la manière la plus diverse qui soit, en y introduisant des habitudes, des fantaisies et des formules qui n’ont jamais été voulue par le Concile et qui ne sont pas dans le missel romain actuel. On fait donc les choses totalement de travers et la forme « extraordinaire », au lieu d’aider au redressement de la forme « ordinaire », comme le souhaite Benoît XVI, se transforme en alibi employé par une majorité de célébrants pour faire perdurer les excentricités qu’on voit dans la quasi totalité des messes actuelles : « Oh ! Mais je suis encore très capable de célébrer la messe tridentine de mon enfance », clamait dans une sacristie un vicaire épiscopal qui, à l’occasion de Confirmations, se préparait à célébrer une messe avec des croûtons de pain dans une corbeille en osier. Voilà qui en dit long ! L’absence de formation liturgique du clergé français continue à faire dériver les célébrations dominicales aux antipodes des objectifs poursuivis par le Concile et par le Motu proprio « Summorum pontificum » de Benoît XVI. Lequel de nos évêques aura le courage de redresser la barre ? Peut-être Mgr Aillet qui, très conscient du problème, a déclaré en 2009 : « Il faut que nous soyons très attentifs à la formation liturgique et qu'elle nous permette de nous approprier l’esprit de la liturgie. De ce fait les futurs prêtres doivent bénéficier d’une formation très attentive et qui inclut dans le cursus lui-même la liturgie comme une discipline prioritaire. Et cela pour la simple raison qu'elle doit être « la source et le sommet de la vie de l'Eglise ». Il s'agit de former à une vie liturgique qui soit donnée au sein même du séminaire. (...) Il n'a pas été fait assez de la liturgie le lieu d'une expérience de la foi. C'est une expérience concrète du Mystère de la foi. C'est ce vaste champ qui s'ouvre devant nous. »

 

Pro Liturgia

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5 février 2009 4 05 /02 /février /2009 10:18

De temps en temps, on ne sait pas exactement pourquoi, il vient à l’idée d’un évêque de France de célébrer une messe selon la forme « extraordinaire » de la liturgie romaine. Et les fidèles attachés à cette forme - qui ne représentent qu’une très faible proportion des pratiquants, si l’on en croit Benoît XVI - de bondir de joie. On les comprend. Mais dans le même temps, il ne vient à l’idée d’aucun évêque de célébrer la messe selon la forme « ordinaire » et d’exiger des curés de paroisses qu’ils la célèbrent fidèlement. C’est un fait : la liturgie de l’Eglise n’est respectée que sous sa forme « extraordinaire ». Dès qu’il s’agit de la célébrer sous sa forme « ordinaire », c’est l’imagination et la fantaisie des célébrants qui prennent le dessus pour faire de la messe quelque chose qui s’apparente plus ou moins à la liturgie restaurée à la suite de Vatican II mais qui ne l’est jamais véritablement. La lettre que Benoît XVI a envoyée à chaque évêque pour expliquer les raisons du Motu proprio Summorum Pontificum contient des lignes éclairantes que les évêques qui acceptent de célébrer la forme « extraordinaire » s'appliquent généralement à oublier : « Beaucoup de personnes qui acceptaient clairement le caractère contraignant du Concile Vatican II, et qui étaient fidèles au Pape et aux Evêques, désiraient cependant retrouver également la forme de la sainte Liturgie qui leur était chère ; cela s’est produit avant tout parce qu’en de nombreux endroits on ne célébrait pas fidèlement selon les prescriptions du nouveau Missel ; au contraire, celui-ci finissait par être interprété comme une autorisation, voire même une obligation de créativité ; (...) Et j’ai constaté combien les déformations arbitraires de la Liturgie ont profondément blessé des personnes qui étaient totalement enracinées dans la foi de l’Eglise. (...) Dans la célébration de la Messe selon le Missel de Paul VI, pourra être manifestée de façon plus forte que cela ne l’a été souvent fait jusqu’à présent, cette sacralité qui attire de nombreuses personnes vers le rite ancien. La meilleure garantie pour que le Missel de Paul VI puisse unir les communautés paroissiales et être aimé de leur part est de célébrer avec beaucoup de révérence et en conformité avec les prescriptions ; c’est ce qui rend visible la richesse spirituelle et la profondeur théologique de ce Missel. (...) »

 

Ainsi donc, ceux qui célèbrent la forme « extraordinaire » sans chercher à corriger les erreurs régulièrement introduites dans la forme « ordinaire » détournent le Motu proprio Summorum Pontificum de ses véritables intentions et contrecarrent les efforts pastoraux du Souverain Pontife pour faire découvrir aux fidèles « la richesse spirituelle et la profondeur théologique du Missel de Paul VI ». Chez ces évêques-là, célébrer la forme « ordinaire » s’apparente à une stratégie d’évitement dont les psychologues disent qu’elle consiste à adopter des comportements de défense (célébrer selon la forme « extraordinaire ») pour ne pas se trouver confronté à une situation redoutée (devoir mettre un terme à la pagaille liturgique). Autrement dit, la célébration occasionnelle d’une une messe selon la forme « extraordinaire » devient pour nombre de pasteurs diocésains un moyen d’échapper aux vrais problèmes : « Ouf, j'ai bien fait de respecter la liturgie pour les « tradis » ; si je l’avais respectée pour ceux qui se disent « conciliaires », il aurait pu m'arriver des problèmes… » On comprend qu’avec de tels comportements, la « réforme de la réforme » de la liturgie n’est pas prête de se faire en France. La désertification des églises a encore de beaux jours devant elle. Et Benoît XVI sait qu'il ne peut rien attendre d'un épiscopat à la fois si frileux et si peu formé en liturgie.

 

Pro Liturgia

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4 février 2009 3 04 /02 /février /2009 09:17

La Liturgie reçue de la Tradition vivante authentifiée par le Magistère garde, transmet et livre beaucoup plus de choses que n’en comprennent ceux qui la pratiquent, la gardent et la transmettent. Elle est un acte sacré dès lors qu’elle est déterminée par l’Autorité de l’Eglise et à ce titre, ceux qui estiment avoir le droit de l’arranger à leur façon sont des profanateurs. Comment un catholique fervent pourrait-il respecter une liturgie qui n’a aucune garantie d’orthodoxie puisqu’elle émane d’un esprit particulier ? En effet, tous ces clercs qui croient avoir toujours le vrai sens de la liturgie et exigent pour leurs cérémonies la même admiration qu’on accorde à la liturgie authentique se trompent et conduisent les fidèles à l’erreur. Du reste, il suffit de voir comment sont aujourd’hui « fabriquées » certaines messes paroissiales pour douter de leurs qualités et être certain qu’elles n’ont aucune garantie d’être l’expression de la foi catholique. Quand on a étudié la liturgie catholique, qu’on l’a tant soit peu pratiquée et que l’on considère sa dignité et sa valeur, on ne sait plus que penser de voir tant de prêtres, d’évêques, d’animateurs liturgiques s’approprier avec enthousiasme et respect les idées d’un seul homme, parfois sectaire, et imposer comme expression de la foi catholique tout ce qui a pu lui passer par la tête. C’est à croire que tous ces gens ont la prétention de se prendre pour l’Eglise à eux seuls.

Quel est le résultat de tout ça ? Chacun se sent désormais le droit de critiquer telle ou telle liturgie proposée ou imposée par tel ou tel curé de paroisse, même et surtout quand le curé en question propose la liturgie de l’Eglise. Dans cette situation, les plus courageux, les plus fervents, mais parfois aussi les plus laxistes et les moins avertis, continuent d’assister à la messe ; mais la plupart des fidèles, après quelques expériences qui les laissent sur leur faim, désertent les églises. Et il ne faudra pas s’étonner de voir une pratique dominicale en baisse constante ! On entend souvent dire que pour qu’une messe puisse porter du fruit, il faut que les fidèles puissent voir ce qui s’y fait, puissent comprendre ce qui s’y dit. Outre que cette conception de la liturgie n’est pas vraiment catholique, cette vision des choses comporte un grand danger : à force de tout vouloir comprendre à l’aide de la seule « raison raisonnante », on risque de transformer la liturgie en « leçon de choses » et de transformer l’église en salle d’étude. Qu’arrive-t-il alors ? On parle et on écoute, on chante sans arrêt des refrains dont l’indigence est devenue comme une spécificité de la musique qu’on entend dans les églises (en dehors des concerts) ... et il n’est pas certain que l’on prie. 

 

Deux résultats malheureux sont les fruits de cette méthode pastorale largement basée sur la compréhension analytique de la Liturgie : d’une part on occupe les fidèles par de l’activisme qui n’est pas la « participatio actuosa » voulue par Vatican II et d’autre part on les dispense de prier. On oublie que la véritable compréhension des choses de la liturgie se réalise par l’ « étude du cœur » qui se fait sans bruits de paroles et qui forma autrefois les Augustin, les Bernard, les Thomas d’Aquin, les Thérèse d’Avila... 

 

Pro Liturgia

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3 février 2009 2 03 /02 /février /2009 21:13

La crise de la liturgie - et la crise de la foi qui lui est étroitement associée - vient en grande partie de ce que presque partout les messes auxquelles les fidèles sont invités à assister donnent l'impression d'être célébrées pour les fidèles eux-mêmes, pour les assemblées elles-mêmes. Il suffit d'aller à la messe dans n'importe quelle paroisse pour constater que les célébrants ne parviennent plus à imaginer la liturgie autrement qu'abaissée au niveau des fidèles, autrement que conformée au "public" qu'ils ont face à eux. Ainsi, il faut célébrer "face au peuple" pour que les fidèles puissent tout voir; il faut multiplier les micros pour que les fidèles puissent tout entendre; il faut supprimer le latin pour que les fidèles puissent tout comprendre; il faut remplacer le grégorien par des refrains primaires pour que les fidèles puissent tout chanter; il faut laisser le prêtre improviser pour que les fidèles puissent sentir, à travers sa spontanéité, son degré d'implication dans la célébration; il faut inviter des laïcs dans le choeur pour que l'assemblée puisse se faire à l'idée que la messe n'est pas que l'affaire des prêtres... etc.

 

 


messe12.jpgLes fidèles finissent donc pas être convaincus qu'une célébration liturgique n'a de sens que si leur elle est destinée, que si elle est leur permet de tout voir, de tout entendre, de tout comprendre, de tout chanter... avec un minimum d'efforts, d'attention, de volonté. La liturgie est donc devenue "démocentrique" : centrée sur le peuple, établie en fonction du peuple, destinée au peuple. D'ailleurs, dans de très nombreux cantiques repris à chaque occasion, les fidèles sont invités à proclamer cette prédominance du peuple : "Peuple de Dieu, marche joyeux..."; "Peuple chrétien qui se lève..."; "Peuple choisi..."; "Peuple de frères, peuple du partage..."; "Peuple de l'Alliance..."; "Peuple de lumière..."; "Peuples qui marchez dans la longue nuit..."; "Nous sommes le peuple de la longue marche..."... etc. (1). Il est clair que cette insistance à mettre le "peuple" à toutes les sauces liturgiques - si l'on peut s'exprimer ainsi - ne peut pas être innocente. Il semblerait qu'elle soit apparue dès les années 1960 avec un cantique bien composé pour galvaniser les assistances encore fournies en ce temps-là; il fut apprécié au point d'être partout repris à pleines voix : "Vers toi, terre promise". Il y était question du "peuple de Dieu qui se traîne" pour sortir de l'esclavage... et le mot "peuple" formait le leitmotiv de ce chant allant crescendo. "Sortir de l'esclavage" : certes le thème est biblique. Mais pour certains, il pouvait aussi signifier sortir de l'emprise... de Rome, de l'autorité magistérielle accusée de refouler les aspirations à plus de liberté du peuple des paroisses. On ne mesurera jamais assez l'impact que peut avoir un chant sur une foule; que cet impact soit positif - comme dans le cas du chant grégorien - ou qu'il soit négatif - comme dans le cas de certains cantiques "qui plaisent" -. Cette sorte de "liturgie populiste" actuelle sur fond de chants qui plaisent peut détourner les célébrations de leur unique raison d'être : Dieu. Les fidèles n'ont alors plus conscience qu'une célébration liturgique n'a de sens que si elle est capable de les introduire dans la louange de Dieu et la contemplation de sa présence. Au contraire : les fidèles "se" disent, "s'" affirment, "se" chantent... Et toute la célébration est alors conçue pour pouvoir renvoyer l'image de l'assistance - si possible conviviale - à chacun des fidèles qui la composent : la liturgie devient alors cette autocélébration dénoncée par le Cardinal Ratzinger-Benoît XVI, un happening pour les happy fews qui s'impliquent dans son élaboration. On passe alors de la liturgie comme "acte de l'Eglise universelle" - tel est le sens du mot "catholique" - à la liturgie comme "expression d'une communauté locale". Dans chaque messe, le schéma tripartite de la liturgie romaine (liturgie pénitentielle, liturgie de la Parole, liturgie eucharistique) est bien conservé, mais il est adapté, accommodé, de telle sorte que la célébration puisse d'abord refléter l'expérience religieuse des fidèles réunis à tel moment précis, en tel endroit particulier. Le célébrant n'est alors plus qu'un "homme orchestre" chargé de traduire cette expérience religieuse ponctuelle d'une communauté donnée, mais n'est plus le "prêtre" au vrai sens du mot. D'où, lorsqu'il est à l'autel, des attitudes montrant que sa préoccupation est de "faire de la com' ". D'où ces perpétuels coups d'oeil qu'il lancera sur l'assistance pour marquer cette connivence qu'il veut avoir et qui lui était interdite tant qu'il ne célébrait que versus populus et en latin, deux composantes liturgiques qui ne lui permettaient que de se focaliser sur Celui qui demeure l'unique raison d'être de la liturgie.

 

D'étapes en étapes, par l'abandon du latin, du chant grégorien, des rites correctement accomplis, de l'orientation de la liturgie... on est parvenu à persuader les fidèles que chaque messe, pour être "efficace", doit refléter l'expérience religieuse de la communauté, et que c'est la communauté qui est l'unique vrai sujet de la liturgie. Il s'agit là d'une vision des choses qui non seulement a conduit vers cette fragmentation totale de la liturgie que l'on constate partout, mais aussi vers une destruction de la liturgie comme telle. Car dès lors qu'une célébration liturgique n'est vue que comme le reflet des expériences religieuses d'un groupe de fidèles ou d'une assemblée quelconque, elle estompe la présence du mystère. Ce n'est donc plus l'Eglise en tant qu'elle est le Corps du Christ qui est le sujet de la liturgie, et ce n'est plus non plus le Christ présent qui est l'objet de la célébration, mais ce n'est qu'une communauté locale obligatoirement limitée dans le temps et l'espace qui est le sujet et le sentiment collectif qui devient l'objet. On est alors là en plein protestantisme, c'est-à-dire en pleine négation du sacré, de la Présence réelle, et du sacerdoce ministériel. On perd ainsi l'Eglise, on l'abandonne ! La juste notion de ce qu'est la liturgie ne pourra être retrouvée par les fidèles que lorsqu'on aura perdu l'habitude de ne voir chaque messe qu'en fonction de l'assemblée qui y participe et que l'on aura, en même temps, accentué à l'aide des éléments reçus de la Tradition vivante, le caractère profondément théocentrique de chaque célébration. Car « la liturgie contribue au plus haut point à ce que les fidèles, en la vivant, expriment et manifestent aux autres le mystère du Christ et la nature authentique de la véritable Eglise » (Sacrosanctum Concilium, N°2).

 

 

(1) On remarquera que dans la plupart de ces chants, ils est surtout question du peuple "qui se lève",

du peuple "qui marche", du peuple "qui avance", du peuple "libéré"... autant de thèmes qui, tels qu'ils

sont généralement exprimés et souvent chantés sur des mélodies galvanisantes, peuvent conduire

à adhérer à une théologie de la libération plus crypto-marxiste qu'incontestablement chrétienne.

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3 février 2009 2 03 /02 /février /2009 11:37

« Bien que la liturgie soit avant tout « ordre » (« Ordo » pour les latins (...)), elle se trouve aujourd’hui dans une situation d’anomie, d’absence de règles. Il faudrait d’ailleurs plutôt dire que les règles existent sur le papier, mais que leur application est pour le moins élastique. L’anarchie est tellement diffuse que des groupes de laïcs se considèrent comme émancipés des clercs, que nombre de prêtres n’écoutent pas les évêques et qu’un certain nombre d’eux se considère comme supérieurs au législateur suprême qu’est le Pontife romain. La liturgie est manipulée. Comment y mettre bon ordre ? Il faut avant tout chercher à faire de son mieux avec les normes actuelles, en s’attachant à les éclaircir. Mais il faut aussi remédier aux difficultés, en restreignant la tendance à la créativité et aux modifications qui parfois dégénèrent en délits, actes graves et abus (Redemptionis sacramentum 172-175). Il faut retrouver le sens de la Constitution sur la liturgie et de la Présentation générale du missel romain qui rappelle : « Le prêtre gardera à l’esprit qu’il est le serviteur de la sainte Liturgie et qu’il ne lui est pas licite d’ajouter, d’enlever ou de changer quoi que ce soit dans la célébration de la messe de son propre chef » (PGMR 24, cf. SC 22). (...) La nécessité de la discipline est une exigence anthropologique qui se retrouve dans l’existence d’un droit liturgique. Lorsqu’il se dégrade, l’ethos se détériore en même temps que le culte. Comme l’observe Robert Spaemann, la décadence morale accompagne celle du culte : « Toute norme originaire, toute norme archaïque de l’agir humain est rituelle. Ceci prend une double forme : en tant que ritualisation de l’agir quotidien et comme célébration autonome des rites sacrés. » (cf. préface à l’édition italienne de La liturgie et son ennemie, M. Mosebach). La désobéissance aux normes liturgiques est un acte immoral qui traduit une fausse conception de la liberté (cf. Redemptionis sacramentum). Elle s’enracine dans la culture actuelle de l’autodétermination. On préfère aujourd’hui mettre en avant la créativité et obéir à de fumeuses théories théologiques. Il devient alors contradictoire d’en appeler au célèbre axiome lex orandi, lex credendi car si la norme de la prière établit la norme de la foi, la norme, la loi impliquent discipline, humilité et obéissance : choses bien rares aujourd’hui. »

 

Cf. Mgr Nicola Bux, La foi au risque des liturgies, éd. Artège, 2011

Mgr Bux est Consulteur de la Congrégation pour le Culte divin,

Professeur de liturgie à l’Institut de théologie de Bari, Consulteur

au Bureau des célébrations liturgiques du Souverain Pontife

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29 janvier 2009 4 29 /01 /janvier /2009 22:02

Les responsables de "Pro Liturgia" souhaitent faire remarquer aux personnes qui consultent son site internet que la ligne suivie par cette Association, en matière de liturgie, a toujours été celle que certains - dont les évêques français - semblent découvrir aujourd'hui à la suite de la levée des excommunications des quatre évêques sacrés par Mgr Lefebvre. Cette ligne est simple : suivre et appliquer le concile Vatican II étudié et compris à la lumière de la Tradition; suivre et appliquer les décisions prises par le Magistère. Cette fidélité aux enseignements de l'Eglise a valu à notre Association bien des critiques. De la part de nos évêques et de bien des prêtres d'abord, qui nous reprochaient de ne pas accepter ce qui se faisait dans les paroisses au nom de l' "esprit du Concile"; de la part de groupes ou de mouvements "traditionalistes" ou "intégristes" ensuite, qui nous reprochaient d'accepter le Concile et, de ce fait, de trahir la "tradition" liturgique dont nous nous réclamions... 

 

 

La seule personne qui nous a toujours manifesté son soutien en nous remerciant pour ce que nous faisions dans le but de faire connaître et appliquer le Concile de façon authentique fut le Cardinal Ratzinger, du temps où il était Préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi. Et ce soutien à valu à notre Association de nouvelles critiques de la part de nos évêques : ce Cardinal Ratzinger, enfermé dans la Curie romaine, n'était-il pas lui-même fermé, obtus, limite "tradi" ? Quelle valeur pouvaient avoir les encouragements d'un tel personnage ? Forts des encouragements reçus et ne tenant pas compte de critiques reçues et qui paraissaient peu fondées, nous n'avons cessé de réclamer l'application du Concile à nos évêques. A chacun d'eux, nous avons envoyé un courrier demandant que partout la liturgie soit célébrée selon le strict respect du Missel romain, soit plus de 100 lettres expédiées. Nombre de réponses reçues : 8, dont deux positives et encourageantes, trois au contenu vide, et trois franchement insultantes nous faisant savoir que nous ne savions pas ce qu'était le Concile. Dans les milieux cléricaux, on appelle ça "être à l'écoute"... Nous n'étions cependant pas les seuls à demander à nos évêques l'application des directives conciliaires : certains se souviennent sûrement de la croustillante "Lettre aux évêques" écrite par le regretté André Frossard... Quoi qu'il en soit, c'est avec plaisir que nous entendons aujourd'hui nos pasteurs diocésains nous rappeler qu'il n'est pas question de remettre Vatican II en question. Voici au moins un point acquis. Mais quid de l'application des décisions conciliaires dans nos paroisses ? Quid de l'application de Sacramentum Caritatis et de Redemptionis Sacramentum, deux documents magistériels qui se situent dans le droit fil de l'enseignement conciliaire ? Quid de la mise en oeuvre de la liturgie telle qu'elle est définie dans l'Introduction générale du Missel romain ? Nos évêques qui demandent aujourd'hui aux "traditionalistes" d'accepter Vatican II ne devraient-ils pas, dans la mesure où ils souhaitent être crédibles, commencer par donner eux-mêmes l'exemple de l'acceptation du Concile et de la restauration liturgique qui en est le fruit ? Ne devraient-ils pas aussi se souvenir que la réaction lefebvriste est, pour une bonne partie, la réponse que des fidèles blessés et désemparés ont cru devoir adresser à un épiscopat qui ne les écoutait plus et préférait garder un silence complaisant devant le vandalisme liturgique (que les jeunes générations ne peuvent pas imaginer) qui conduisait à la désertifications de paroisses entières ?

Oui, aujourd'hui Pro Liturgia se félicite d'avoir su maintenir le cap malgré les bourrasques venant de tout côté. Ce n'est pas de l'orgueil : c'est simplement la joie de constater qu'en suivant l'enseignement du Siège apostolique - même s'il peut paraître parfois déroutant à première vue - on est certains d'avancer dans la bonne direction. Puissent nos évêques nous prouver par des actes concrets qu'ils en sont convaincus eux aussi !

 

Pro Liturgia

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26 janvier 2009 1 26 /01 /janvier /2009 10:57

On nous reproche parfois, lorsque nous critiquons les liturgies qui se font dans nos églises paroissiales et les évêques qui les autorisent - ne serait-ce que par leurs silences - de manquer de la plus élémentaire charité évangélique. Ainsi, lorsque nous écrivons à un prêtre, à un évêque, pour lui rappeler son devoir pastoral lui imposant de garantir aux fidèles la liturgie de l’Eglise et pas autre chose (Cf. Instruction « Redemptionis Sacramentum »), il nous est généralement répondu par un verset de S. Paul sur la charité, ce qui est à notre avis un moyen d’écarter la question en brandissant « le » bon verset biblique, un peu à la façon des Témoins de Jéhovah. Mais revenons sur la question de la charité. Dans son Encyclique « Caritas in veritate », Benoît XVI montre très clairement qu’il est toujours nécessaire de conjuguer la « charité » avec la « vérité » : on ne peut pas, sous prétexte de charité, fermer les yeux sur ce qui est faux, sur ce qui est erreur. Comment pourrait-on admettre que sous prétexte de respecter son curé, son évêque, il faille accepter que la célébration de l’Eucharistie soit systématiquement bradée, dénaturée, transformée en vecteur d’une religiosité se situant en marge de la foi catholique ? Benoît XVI explique toute l’importance que doit revêtir la recherche de la vérité : non pas d’ « une » vérité, comme on entend aujourd’hui, mais de « la » vérité, laquelle ne saurait être multiple : « Ce n’est que dans la vérité que l’amour resplendit et qu’il peut être vécu avec authenticité. La vérité est une lumière qui donne sens et valeur à l’amour. Cette lumière est, en même temps, celle de la raison et de la foi, par laquelle l’intelligence parvient à la vérité naturelle et surnaturelle de l’amour : l’intelligence en reçoit le sens de don, d’accueil et de communion. Dépourvu de vérité, l’amour bascule dans le sentimentalisme. L’amour devient une coque vide susceptible d’être arbitrairement remplie. C’est le risque mortifère qu’affronte l’amour dans une culture sans vérité. Il est la proie des émotions et de l’opinion contingente des êtres humains ; il devient un terme galvaudé et déformé, jusqu’à signifier son contraire. La vérité libère l’amour des étroitesses de l’émotivité qui le prive de contenus relationnels et sociaux, et d’un fidéisme qui le prive d’un souffle humain et universel. » (Cf. « Caritas in Veritate ».) La liturgie n’a pas à être célébrée en fonction des émotions, des goûts, des opinions, des fantaisies de tel ou tel prêtre. Est-ce vraiment manquer de charité évangélique que de rappeler ce principe essentiel reconnu de tout temps par l’Eglise ?

 

Pro Liturgia

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26 janvier 2009 1 26 /01 /janvier /2009 10:03

Il y a tout de même quelque chose de très curieux chez les évêques de France : dès que le Vatican publie un document qui ouvre la porte aux fidèles "traditionalistes", on voit nos évêques courir se réfugier derrière un Concile Vatican II qu'ils ont toujours superbement ignoré. Et la preuve qu'ils l'ont ignoré, c'est que lorsque nous leur demandons où trouver la liturgie célébrée strictement selon le missel romain actuel (forme "ordinaire"), ils sont incapables de répondre. On comprend donc très mal ce réflexe qui, chez eux, consiste à toujours rappeler aux autres qu'il est hors de question de mettre le Concile entre parenthèses alors qu'eux-mêmes ont la fâcheuse habitude de ne pas en tenir compte depuis maintenant plus de 40 ans (la "messe qui prend son temps" en est une preuve vivante… ainsi que les nombreux exemples ci-après : voir ici ou ici ou encore ici et ici)

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25 janvier 2009 7 25 /01 /janvier /2009 16:56

Des fidèles - parmi lesquels des prêtres et des évêques - qui se disent pleinement attachés au concile Vatican II, s'inquiètent de la levée, par le pape Benoît XVI, des excommunications qui frappaient les quatre évêques sacrés par Mgr Lefebvre. Des évêques de France s'étonnent de n'avoir été ni mis au courant de cette décision ni consultés. A tous ces donneurs de leçons qui se prévalent du Concile, rappelons-leur les termes du décret Christus Dominus sur la charge pastorale des évêques dans l'Eglise :

 

 

« Dans cette Eglise du Christ, le Pontife Romain, comme successeur de Pierre, à qui le Christ confia la mission de paître ses brebis et ses agneaux, jouit, par institution divine, du pouvoir suprême, plénier, immédiat, universel pour la charge des âmes. Aussi bien, en sa qualité de pasteur de tous les fidèles, envoyé pour assurer le bien commun de l'Eglise universelle et le bien de chacune des Eglises, il possède sur toutes les Eglises la primauté du pouvoir ordinaire. Les évêques (...) ont été envoyés pour assurer, en union avec le Souverain Pontife et sous son autorité, la pérennité de l'oeuvre du Christ, Pasteur éternel. (...) Cette charge épiscopale (...), les évêques (...) l'exercent (...) en communion avec le Souverain Pontife et sous son autorité ». (cf. nn.2 et 3)

 

N'est-il pas plus prudent de bien connaître les textes du Concile dont on se réclame sans arrêt ?

 

Pro Liturgia

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25 janvier 2009 7 25 /01 /janvier /2009 09:16

L’usage liturgique dit : « Le prêtre s’incline un peu sur l’autel pour prononcer les paroles du Seigneur. La consécration accomplie, il se redresse. Tenant encore la grande Hostie entre le pouce et l’index des deux mains, les autres doigts repliés en dessous, le prêtre l’élève aussi haut qu’il le peut commodément – au moins au-dessus du niveau des yeux – et, les yeux fixés sur l’Hostie, avec révérence il la présente à l’adoration de l’assistance... » (Cf. Cérémonial de la Sainte Messe suivant le Missel Romain de 2002.)

 

 

elevation-de-l-hostie.jpeg 

Dans la grande majorité des paroisses françaises, les directives

liturgiques voulues par Rome sont bien évidemment non-appliquées.

 

 

Dans l’Eglise catholique, on fait comme ça.

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22 janvier 2009 4 22 /01 /janvier /2009 23:02

« Ce que Nous avons dit fait apparaître clairement combien il est important, pour assurer une bonne réforme, aujourd'hui particulièrement, que chacun voie bien le caractère ecclésial et hiérarchique de la liturgie sacrée. Ce qui veut dire que les rites et les formules liturgiques de prière ne doivent pas être considérés comme quelque chose de privé, qui est l'affaire de tout un chacun, de telle paroisse, de tel diocèse ou de telle nation. En réalité, ces formules et ces rites sont l'affaire de l'Eglise universelle dont ils expriment la prière vivante. C'est pourquoi personne n'a le droit de changer ces formules, d'en introduire de nouvelles, de leur en substituer d'autres. Cela est exclu en raison de la dignité même de la liturgie par laquelle l'homme s'entretient avec Dieu : cela est exclu également en raison du bien des âmes et de l'efficacité de l'action pastorale qui serait alors compromise. A ce propos, il est bon de se rappeler ce principe de la Constitution sur la liturgie : « Le gouvernement de la liturgie dépend uniquement de l'autorité de l'Eglise » (Sacrosanctum Concilium n. 22, 1). En vous parlant de ces principes qui doivent guider votre activité, Nous ne pouvons pas passer sous silence certaines façons d'agir que l'on constate dans différentes parties de l'Eglise et qui sont pour Nous un grand motif de préoccupation et de souffrance. Nous voulons parler en premier lieu d'un état d'esprit existant chez beaucoup : on supporte mal tout ce qui vient de l'autorité de l'Eglise, tout ce qui est prescrit par une loi. C'est ainsi que, dans le domaine de la liturgie, il arrive parfois que, de leur propre chef, les Conférences épiscopales elles-mêmes vont plus loin qu'il ne faut. Il arrive souvent aussi que l'on fasse des expériences arbitraires et que l'on introduise des rites qui sont en opposition flagrante avec les règles données par l'Eglise. Il n'est personne qui ne voit que cette façon d'agir non seulement blesse gravement la conscience des fidèles, mais nuit à la bonne mise en œuvre du renouveau liturgique, qui demande que chacun fasse preuve de prudence, de vigilance, et surtout de discipline ». (Allocution de Paul VI au "Consilium" de liturgie, le 14 octobre 1968)

 

--> C'est très clair : la crise liturgique post-conciliaire vient en grande partie de ce que beaucoup ont désobéi et n'ont pas suivi ce qui avait été décidé par l'Eglise au moment du Concile. Et parmi ceux qui ont désobéi, à l'époque, on trouve des prêtres et des évêques, ou même des conférences épiscopales. C'est Paul VI lui-même qui le dit !

 

Pro Liturgia

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17 janvier 2009 6 17 /01 /janvier /2009 09:52

Tout le monde a entendu parler de l’ « exception française ». On l’enviait autrefois ; on s’en moque aujourd’hui tant elle est devenue synonyme de « pagaille à la française ». Cette « exception française » a aussi cours dans l’ « Eglise-qui-est-en-France » où l’on décourage toute initiative visant, dans les célébrations liturgiques, à corriger les erreurs qui ont été faites à la suite de Vatican II. Il est clair que lorsque l’ « Eglise-qui-est-en-France » se regarde dans un miroir, elle a parfois du mal à reconnaître qu’elle est encore catholique-romaine. On avait dit aux fidèles que l’ « Eglise-qui-est-en-France » était à nulle autre pareille : son histoire, sa culture, son obéissance au Magistère, ses théologiens faisaient envie à beaucoup. Or, depuis Vatican II, l’image qu’elle donne hors de nos frontières s’est nettement estompée : des églises vides, des évêques hésitants, des séminaires vides, des communautés religieuses vieillissantes, des prêtres épuisés par de la réunionnite stérile... Mais si le constat est accablant, les remèdes semblent manquer. Et paradoxalement, il arrive souvent que la guérison soit attendue de ceux qui ont engendré les problèmes. 

 

Un certain nombre de fidèles - clercs et laïcs - pense que la crise de l’Eglise vient de ce qu’on n’est pas encore allés assez loin dans les réformes, dans les expériences, dans les façons originales et audacieuses de célébrer la liturgie... Certains fidèles veulent davantage de liberté et craignent le retour à une certaine discipline liturgique qui mettrait en péril les pouvoirs et les privilèges qu’ils se sont octroyés dans les paroisses. Pour cette raison l’ « Eglise-qui-est-en-France » est comme séquestrée et condamnée à la médiocrité, à l’absence de rebond, au long sommeil dont on ne se réveille plus. Au nombre des éléments qui interdisent au catholicisme français de rebondir, il y a le manque de formation solide de bon nombre de clercs (comme l’avait souligné Mgr Gaidon), faisant carrière dans un sérail à l’abri de la vraie vie chrétienne des fidèles ; il y a les responsables de projets pastoraux obsédée par leurs marottes idéologiques stériles ; il y a des « laïcs en responsabilité » assoiffés d’ambitions et toujours à l’affût d’idées nouvelles pour ne pas louper les modes du microcosme catho-cool...

 

Muselés par des grands projets diocésains qui, au grand désespoir des fidèles, interdisent à des prêtres de défendre la liturgie de l’Eglise en la célébrant fidèlement en toute quiétude, paralysée par des bureaucraties qui surveillent la moindre paroisse demeurée étrangère aux exigences d’une pastorale dont les résultats ne sont jamais arrivés, l’ « Eglise-qui-est-en-France » se dessèche d’année en année. N’y a-t-il pas urgence, au vu de la situation actuelle, de redonner aux fidèles le goût de célébrations liturgiques paroissiales qui, pour être fidèles au Missel donné par l’Eglise, puissent échapper aux initiatives arbitraires des célébrants et des « équipes liturgique » dont les membres sont choisis en fonction de leurs aptitudes à appliquer des directives diocésaines qui n’ont rien à voir avec le Concile ? Bien sûr, un changement de climat pareil, avec des réformes décisives, serait une véritable « révolution » dans bien des paroisses. Il faudrait nager à contre-courant de ce qui se fait partout. Et alors ? Le Pape François ne demande-t-il pas aux fidèles d’ « oser » ?

 

Pro Liturgia

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15 janvier 2009 4 15 /01 /janvier /2009 08:24

 

Dans un certain nombre de paroisses, au cours de la messe les enfants sont conduits dans une salle où ils ont droit à une liturgie de la Parole adaptée. Puis, ils rejoignent l’assemblée paroissiale au moment de l’offertoire pour la suite de la célébration. Cette façon de faire, qui part probablement d’un bon sentiment, est totalement anti-liturgique. Et ce pour au moins deux raisons :

 

- premièrement, la liturgie de la Parole n’est pas une catéchèse adaptée à un groupe mais une célébration par l’Église. Séparer ce moment des lectures du reste de la liturgie est donc une pratique qui s’oppose à la pédagogie de la liturgie laquelle, comme a rappelé le Concile, est reçue à différents niveaux et de différentes manières selon les fidèles et la préparation qu’ils auront pu avoir (Sacrosanctum Concilium n.19).

 

- deuxièmement, comme l’ont rappelé les papes - notamment S. Jean-Paul II -, la liturgie de la Parole et la liturgie eucharistique proprement dite constituent un seul et même acte de culte. Il est donc essentiel, pour préserver le sens de ce culte, que la liturgie de la Parole - suivie de l’homélie qui appartient à cette liturgie - se fasse dans le sanctuaire (le chœur) de l’église, dans l’espace où apparaissent réunis l’autel et l’ambon, et non ailleurs.
 

On aurait bien tort de croire que, moyennant une liturgie soignée, les enfants ne sont pas capables de saisir - à défaut de tout comprendre - le sens profond de la liturgie de la Parole ainsi célébrée.

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